OSM & Thomas Le Duc Moreau

Agenda 360

Agenda 360 complet
  • Aucun résultat

L’OSM brise la glace (très mince) avec Barber, Still et le soliste Kerson Leong

jeu 08 Avr 2021 • 19:00 / mar 20 Avr 2021 • 19:00 / mar 04 Mai 2021 • 23:59 classique moderne
Maison symphonique - Montréal 20$
· par Alain Brunet

crédit photo : Antoine Saito

Les variants de la COVID 19 n’ayant pas encore fait trop de ravages sur le territoire québécois, les premiers concerts en salle de l’OSM ont lieu les 7 et 8 avril. Et, vu que l’habitude est prise, la webdiffusion de ce concert est prévue du mardi 20 avril au 4 mai.

Chef assistant de l’OSM, Thomas Le Duc-Moreau dirige l’exécution de la Symphonie no 2 Song of a New Race du William Grant Still (1895-1978), pionnier afro-américain de la composition moderne, éduqué dans les grandes écoles (Oberlin, New England Conservatory), aussi tributaire des enseignements de son compatriote afro-américain W.C. Handy et du visionnaire français Edgar Varèse. Cette symphonie se veut une représentation sonore de l’homme de couleur moderne en Amérique dans les années 30, très souvent métissé (africain, autochtone, caucasien)… et vraiment pas au bout de ses peines. Voilà une fusion des genres comparables à celle de George Gershwin mais cette fois écrite dans une perspective afro-américaine.

En première partie de programme, ont été prévues deux œuvres pleines de lyrisme de Samuel Barber, autre compositeur américain… qui eut certes la vie plus facile que son collègue William Grant Still pour des raisons évidentes, et dont le travail est aujourd’hui connu de tous les mélomanes enclins à la musique classique moderne. L’OSM exécutera donc son Adagio pour cordes, et son Concerto pour violon avec pour soliste le jeune virtuose montréalais Kerson Leon, promis à une brillante carrière internationale.

PROGRAMME

Orchestre symphonique de Montréal

Thomas Le Duc-Moreau, chef d’orchestre

Kerson Leong, violon

Barber, Adagio pour cordes, op. 11 (8 min)

Barber, Concerto pour violon, op. 14 (25 min)

NOTRE COMPTE-RENDU

Peut-on vraiment parler d’un grand retour de l’OSM avec son public? Probablement pas mais… Oui, le nouveau maestro de l’orchestre et son meilleur premier violon brillaient par leur absence, il apparaissait clair que l’organisation avait dû réagir très rapidement à l’allégement des mesures annoncées il y a quelques jours par le gouvernement québécois. Par voie de conséquence, on mettait de l’avant un programme dirigé par le jeune chef adjoint de l’orchestre, Thomas Le Duc-Moreau.

Dans un sobre préambule, la directrice générale Madeleine Carreau nous fera éloge de la résilience des musiciens et du public et ne cachera pas sa perplexité face à la conjoncture et la relance pérenne des arts de la scène… « Qui peut parler d’avenir maintenant? » Effectivement, la troisième vague de la COVID est déjà en train d’éteindre bien des étincelles mais il s’en trouvait encore mercredi à nous allumer dans une Maison symphonique peuplée selon les règles de distanciation nécessaires dans le contexte.

À l’origine conçu par Samuel Barber (1910-1981) comme un mouvement de son premier quatuor à cordes, cet Adagio pour cordes op. 11 s’avère une œuvre-clé du siècle précédent. On s’y laisse emporter dans spirale ascendante du discours mélodique, superbe jeu de timbres, harmonisations post-romantiques et modernes. On aime ce flot lent, à la fois violent et sage du discours orchestral, on en apprécie les magnifiques variations qui suivent une trajectoire arquée, qui nous mènent à un superbe pic fortissimo-forte et qui nous ramènent ensuite au calme méditatif. Voilà sans conteste des sons fondateurs de la musique moderne et aussi de la culture populaire audiovisuelle – l’Adagio pour cordes de Barber fut cité dans une vingtaine de films et une quinzaine de séries de télévision grand public. De manière générale, la direction sobre et rigoureuse du jeune maestro québécois aura bien servi cette œuvre exécutée par une quarantaine d’interprètes.

Ce programme nord-américain incluait une autre œuvre-clé du compositeur américain, son Concerto pour violon op. 14, composé en Europe en 1939-40 et terminé peu après son rapatriement aux USA. Pour servir l’oeuvre, le jeune virtuose montréalais Kerson Leong fera preuve d’un jeu remarquable, sans conteste d’un niveau international. La maîtrise des timbres, la projection et l’articulation du soliste lui sont propres. Les deux premiers mouvements de l’oeuvre, allegro et andante, sont l’occasion pour Leong de faire valoir sa recherche timbrale, et le troisième, presto in moto perpetuo, révèlent ses formidables capacités d’interprètes vu les exigences techniques prévues par le compositeur dans ce mouvement caractérisé par un flux continu de notes exécutées sur un tempo rapide. La clarté de l’articulation est ici celle des meilleurs. Sans être flamboyant dans sa gestuelle, Kerson Leong s’affirme désormais comme l’un des plus brillants violonistes canadiens. Quant à l’accompagnement de l’orchestre, on s’en tiendra aux qualificatifs bon ou correct.

En dernier lieu, le public aura eu droit à un juste retour du balancier, soit la reconnaissance d’un des premiers compositeurs afro-américains de l’histoire moderne, William Grant Still (1895-1978). Son œuvre ne fut pas très connue du public, on imagine que le racisme systémique n’a certes pas joué en la faveur de son rayonnement, alors que ses œuvres étaient comparables à celles d’un George Gershwin, pour citer l’exemple le plus évident. Still était clairement influencé par le romantisme et l’impressionnisme européens mais aussi soucieux de mettre ces enseignements au service du blues et du gospel, fondements africains de sa culture noire d’Amérique. Il nous faut donc rattraper notre retard et admettre les qualités probantes d’une œuvre échelonnée sur un demi-siècle, soit des années 20 aux années 70. Et aussi admettre que la culture noire américaine peut depuis longtemps s’émanciper à travers la musique écrite de haut niveau. Composée en 1937, sa Symphonie no.2 en sol mineur, Songs of a New Race, évoque l’émergence de ces métis modernes d’Amérique, population de couleur aux origines multiples qui n’ont cessé depuis de gagner en importance dans la société états-unienne. Encore là, Thomas Le Duc-Moreau et l’OSM servent l’ œuvre avec la rigueur nécessaire. Du bon travail dirigé par un jeune chef dont la personnalité pourra s’affirmer davantage avec le temps.

Tout le contenu 360

M/NM | Mystery of Clock : À la recherche du temps perdu

M/NM | Mystery of Clock : À la recherche du temps perdu

Soccer Mommy : fleurs et cohérence

Soccer Mommy : fleurs et cohérence

28e Gala des prix Opus | 32 trophées pour l’écosystème des concerts

28e Gala des prix Opus | 32 trophées pour l’écosystème des concerts

Racine commune, en parfaite harmonie

Racine commune, en parfaite harmonie

M/NM | Mystère de l’horloge : Plongée musicale, théâtrale et symboliste au coeur de la vie

M/NM | Mystère de l’horloge : Plongée musicale, théâtrale et symboliste au coeur de la vie

Visionnez le 28e Gala des Prix Opus en direct, 15h, dimanche 2 février

Visionnez le 28e Gala des Prix Opus en direct, 15h, dimanche 2 février

Mois de l’histoire des Noirs | Lerie Sankofa nous présente son Afro-Light

Mois de l’histoire des Noirs | Lerie Sankofa nous présente son Afro-Light

Festival classique hivernal de l’OSL | Voyage baroque convivial 

Festival classique hivernal de l’OSL | Voyage baroque convivial 

28e Prix Opus / Michel Levasseur, Prix Hommage, revient sur l’ensemble de son œuvre: le FIMAV

28e Prix Opus / Michel Levasseur, Prix Hommage, revient sur l’ensemble de son œuvre: le FIMAV

28e Prix Opus / Le directeur général du Conseil québécois de la musique explique

28e Prix Opus / Le directeur général du Conseil québécois de la musique explique

28e Prix Opus / La coordonnatrice des Prix nous sert un tutoriel  !

28e Prix Opus / La coordonnatrice des Prix nous sert un tutoriel !

L’Afrique en musique classique : si proche, mais si lointaine

L’Afrique en musique classique : si proche, mais si lointaine

Mois de l’histoire des Noirs / Dalie Dandala aux multiples facettes

Mois de l’histoire des Noirs / Dalie Dandala aux multiples facettes

Le Festival Classique hivernal de l’OSL : l’Harmonie Laval et l’OSL, des racines communes à célébrer

Le Festival Classique hivernal de l’OSL : l’Harmonie Laval et l’OSL, des racines communes à célébrer

Opera McGill | The Light at the Piazza : le maestro Jonathan Monro fait la lumière sur le musical

Opera McGill | The Light at the Piazza : le maestro Jonathan Monro fait la lumière sur le musical

La magie des contes millénaires à la Maison symphonique

La magie des contes millénaires à la Maison symphonique

Le Festival classique hivernal de l’OSL : à la mode baroque avec Mathieu Lussier

Le Festival classique hivernal de l’OSL : à la mode baroque avec Mathieu Lussier

Le Festival classique hivernal de l’OSL : Mosaïque nordique dirigée par Jean-Marie Zeitouni

Le Festival classique hivernal de l’OSL : Mosaïque nordique dirigée par Jean-Marie Zeitouni

Le Festival classique hivernal de l’OSL : la programmation racontée par Simon Ouellette

Le Festival classique hivernal de l’OSL : la programmation racontée par Simon Ouellette

Laura Cahen – De l’autre côté

Laura Cahen – De l’autre côté

Lou-Adriane Cassidy – Journal d’un Loup-Garou

Lou-Adriane Cassidy – Journal d’un Loup-Garou

Marlaena Moore s’envole lors de la sortie de son album Because You Love Everything

Marlaena Moore s’envole lors de la sortie de son album Because You Love Everything

Montréal / Nouvelles Musiques : autour de Kafka, images et sons à 360°

Montréal / Nouvelles Musiques : autour de Kafka, images et sons à 360°

Le Vivier InterUniversitaire | Interpréter l’éclipse

Le Vivier InterUniversitaire | Interpréter l’éclipse

Inscrivez-vous à l'infolettre