L’OSM conviait jeudi le grand public à une première rencontre avec le chef Rafael Payare, nouveau directeur musical de l’orchestre. Au programme : l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Piotr Illich Tchaïkovski, la suite 1919 de l’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky ainsi que des œuvres de Manuel de Falla et d’Alberto Ginastera, sans compter au rappel une composition du compositeur vénézuélien Aldemaro Romero, compatriote de notre nouveau maestro.
On ne trébuchera pas dans les fleurs du tapis, c’est-à-dire analyser les moindres nuances de l’exécution des oeuvres au programme dans un contexte événementiel où la facture générale l’emporte largement sur les menus détails de l’interprétation – on pourra, par exemple, se questionner sur l’alternance du rôle de premier violon (Andrew Wan et Richard Roberts) dans un même programme.
Puisque la sonorisation n’était certes pas idéale sur l’Esplanade du Parc olympique, les conditions acoustiques n’en permettaient pas l’appréciation des nuances, surtout dans les moments de calme et de subtilité, il vaut mieux garder notre jugement pour la suite des choses, soit lorsque Rafael Payare dialoguera avec l’OSM à la Maison symphonique au cours des semaines, mois et années qui viennent.
Néanmoins, on a déjà constaté jeudi une signature Payare, fort différente de celle de son prédécesseur.
Avec son nouvel orchestre, le maestro vénézuélien présente une approche fervente, serrée, sanguine, intense, aux frontières de l’exubérance. Les musiciens ont répondu bellement aux consignes de Rafael Payare, reste à savoir si cette approche pourra se fondre dans la subtilité dans tous les contextes orchestraux qui l’exigent, mais tous les espoirs sont permis à l’aube de cette nouvelle direction. L’intensité était à l’ordre du jour avec l’Ouverture-Fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski, une des oeuvres les mieux connues au programme, la plus ancienne. Ainsi, le répertoire comptait des pièces composées de 1869 (Tchaïkovski), 1917 (Lili Boulanger), 1919 (Manuel de Falla), 1952 (Alberto Ginastera) et 1919 (Stravinsky qui a écrit 4 suites de l’Oiseau de feu, imaginé d’abord en 1909).
Avec un programme qui démarre dans le romantisme russe et qui se conclut avec l’Oiseau de feu, le choix de la modernité était clair! Et l’identité latine de Payare a aussi été affirmée dès sa première rencontre avec le public, on retiendra d’abord la Suite Estancia de Ginastera, un des plus grands compositeurs de la modernité tous continents confondus.
Sous la direction de Payare, il est permis de prévoir un accent particulier sur les créateurs issus des trois Amériques, ce qui pourrait conférer une identité spéciale à l’OSM, au-delà de ce qu’on en connaît jusqu’à ce jour.
Chose certaine, ce nouveau cycle s’annonce des plus excitants.