S’agissant de l’origine d’une chanson, il y a de ces histoires qui ne s’inventent pas : à l’été 2019, Gabriel Tur s’était rendu à Tahiti pour passer un peu de temps avec son copain Aurélien Esgonnière du Thibeuf. En plus de jouer de la guitare et d’avoir fait partie du premier groupe de Gabriel Tur, Aurélien est anthropologue de profession, s’intéressant notamment aux populations de la Polynésie française. Lors de cette visite, donc, les compères ont enregistré leur interprétation de Buckets Of Rain, chanson douce-amère de Dylan figurant sur le magistral Blood on the Tracks. Gabriel voulut ensuite intégrer cette reprise au microalbum Ville en feu. Or, au printemps 2021, alors qu’Aurélien était à Paris, Gabriel et lui ont composé la pièce qui donne son nom au titre du microalbum, en s’inspirant du gabarit guitare-voix imaginé par Dylan 46 ans plus tôt. Gabriel en a écrit les paroles sous forme de récit de rupture, sans en avoir trop conscience. Cette courte fiction allait malheureusement s’avérer, pour lui, par la suite. Outre cette chanson acoustique au ton et au propos crève-cœur – qui nous rappelle néanmoins la noblesse de l’amitié –, Ville en feu compte quatre chansons : Toi, Chat chocolat, Ricco et Petits démons, fresque de presque neuf minutes sur la rupture (bis) et la parentalité. Gabriel Tur, qui nous avait proposé en 2020 un premier microalbum fort goûteux, Papillon blanc, actualise agilement les patrons synth- et électro-pop tracés par ses devanciers britiches durant la décennie 80; c’est fort réussi et les textes sont à l’avenant. Une bande de collaborateurs doués l’ont épaulé, dont le chevronné multi-instrumentiste et expert ès son Étienne Jaumet. Bien joué, Monsieur Tur.
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