Écrivain, parolier, compositeur, interprète du Nouveau matériel sorti en décembre dernier, David Goudreault doit être pris très au sérieux pour les années voire les décennies à venir. Vraiment. Le milieu littéraire le connaît et le reconnaît, ce n’est pas exactement le cas du milieu de la musique. À ce titre, son rayonnement est demeuré relativement confidentiel malgré des albums de belle facture dont celui-ci, déclencheur tardif. Voilà un artiste d’Amérique francophone ayant acquis sa pleine maturité, voilà un créateur ayant construit des ponts entre une pop actualisée et une approche chansonnière de tradition locale et de haute volée, approche qui consiste essentiellement à élever la langue familière à un niveau littéraire supérieur de par ses propriétés poétiques, de par ce « souffle profond en apnée du monde ». David Goudreault sait garder son monde à l’aise en évitant le français normatif et en y insérant des éléments poétiques qui transcendent la langue familière. Il est loin d’être le premier à le faire, mais peu de paroliers québécois francophones parviennent à un tel niveau d’écriture, à une telle cohabitation entre l’effort littéraire et l’expression populaire. David Goudreault couvre le spectre des émotions vécues aujourd’hui, il incarne autant le lyrisme que l’extrême détresse psychologique , il est un chaînon manquant entre la poésie contemporaine, la pop de création keb franco, la synth-pop ou même le hip hop. Il choisit de réunir d’illustres représentants de notre scène nationale, soit Louis-Jean Cormier, Florence K, Ariane Moffatt, Luce Dufault , à titre d’artistes invités. Goudreault recrute le rappeur Manu Militari à titre de coréalisateur et d’invité, le tandem offre une belle diversité de propositions et une diversité de genres et d’ambiances, surtout de bonnes chansons, quelques très bonnes. Le nouveau matériel ne disparaîtra pas dans les craques du plancher.
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