J’ai longtemps trouvé le Jazz-pop très vulnérable à la quétainisation. Ce temps n’est pas révolu dans ma tête. Mais à travers la pléthore de jeunes musiciens qui ne connaissent pas mieux et qui se plongent dans le genre en partie parce que le mot ‘’jazz’’ tout seul fait peur et impressionne, il y a quand même quelques offres intéressantes. Des groupes comme Manhattan Transfer et Spyro Gyra, et des solistes comme George Benson (parfois excellent) ou David Sanborn (beaucoup moins) ont marqué l’école. Ne parlons pas de Kenny G, je ne veux pas recevoir du ‘’Hate Mail’’, même s’il en fait objectivement partie. Bref, on peut y trouver son compte. Et si c’est votre cas, je recommande chaudement ce collectif torontois mené par Don Breithaupt, auteur-compositeur primé aux Emmy. Toutes des compositions originales (sauf une), les pièces de ce Crashbox bien tourné reçoivent le soutien d’un aréopage important de la scène de Toronto et de quelques visiteurs comme le guitariste Drew Zingg (Boz Scaggs) et le trompettiste Michael Leonhart (Steely Dan).
On replace d’ailleurs assez promptement leurs influences dans la trame de l’album. La funky attitude et la groovyness, les quelques élans rock ici et là, la clarté des lignes instrumentales, l’attractivité des mélodies et le côté solaire des atmosphères créées sont toutes à mettre au crédit du genre lui-même, trempé dans l’optimisme, mais aussi de la palette personnelle de Monkey House. Et puis, cet optimisme n’est pas pour déplaire entièrement. Ce n’est pas comme si cette denrée nous saturait par les temps qui courent. Monkey House existe depuis 1992, et offre un supplément d’âme assez agréable à la discipline, tellement qu’il devrait finalement être aussi spontanément identifiable que les autres représentants du genre mentionnés précédemment. En passant, j’adore l’illustration de couverture. On dirait un hommage à Miyazaki.
Même moi, qui n’a généralement pas de patience pour ce style, j’ai eu du plaisir à écouter Crashbox. C’est dire.