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Entre agriculture et culture, il y a forcément un lien à rétablir en cette époque où ce lien intrinsèque dans les sociétés traditionnelles a été rompu depuis belle lurette. Sur la Rive-Sud de Montréal, des artistes et des agriculteurs ont songé à restaurer ce lien et même à en faire un art de vivre. À la barre du pôle artistique de ce projet, le violoniste virtuose Emmanuel Vukovich et ses partenaires agriculteurs de la ferme Cadet Roussel ont mis sur pied une programmation de concerts présentés à la ferme, dans une salle parfaitement aménagée pour mener à bien cette initiative. En pleine campagne de sociofinancement, le Festival Concerts de Saint-Grégoire se déploie une première fois cet été, après la présentation de moult événement « agri-culturels ». Emmanuel Vukovich en explique ici la programmation et raconte cette aventure holistique.
PAN M 360 : Quels sont les artistes impliqués dans cette série de concerts ?
Emmanuel Vukovich: La première saison de Festival Concerts de Saint-Grégoire réunit un groupe remarquable d’artistes du Québec, du Canada et du monde entier, choisis non seulement pour leur excellence artistique, mais aussi pour la cohérence de leur démarche avec les thèmes fondamentaux du festival que sont la terre, la communauté et le dialogue culturel.
Tambuco – Cet ensemble de percussions mexicain de renommée mondiale, quatre fois nominé aux Grammy Awards et figurant sur la bande originale de James Bond : Spectre, se produira dans le cadre de notre festival d’échanges interculturels latino-américains. Leur présence rend hommage aux profondes contributions culturelles des travailleurs agricoles latino-américains au Québec, tout en offrant une voix artistique riche sur le plan sonore et pertinente à l’échelle mondiale.
Gabriela Ortiz – Compositrice mexicaine lauréate d’un Grammy Award en 2024, Ortiz représente une voix contemporaine puissante dans le domaine de la musique latino-américaine. Ses œuvres de chambre apportent urgence et profondeur au dialogue interculturel qui est au cœur du programme du mois d’août du festival.
Chloé Sainte-Marie – Célèbre chanteuse, actrice, et militante québécoise, Sainte-Marie apporte une présence puissante au festival grâce à son dévouement de longue date aux communautés autochtones et rurales. Sa voix incarne les dimensions émotionnelles et sociales de la mission principale du festival.
Layale Chaker – Violoniste et compositrice libano-américaine, l’œuvre de Mme Chaker mêle les traditions classiques à l’improvisation moyen-orientale. Sa participation témoigne de l’ouverture du festival à l’expression transculturelle et aux perspectives diasporiques.
Kinan Azmeh – Clarinetist syrien-américaine connue comme soliste, compositeur et improvisateur, la fascinante fusion de traditions musicales multiples de M Azmeh reflète l’esprit de dialogue créatif que le festival cherche à nourrir.
Aldo Mazza – Percussionniste cubano-italien établi à Montréal et fondateur de KoSA Music, M Mazza apporte des décennies d’expérience en matière de liens entre la musique, l’éducation et la justice sociale. Sa participation reflète l’engagement du festival en faveur de l’excellence musicale ancrée dans l’engagement civique.
Dominic Desautels – est l’un des instrumentistes à vent les plus recherchés au Canada et mène une carrière florissante en tant que soliste, chambriste, clarinettiste d’orchestre et pédagogue.
Jean-Philippe Sylvestre – En 2008, Jean-Philippe Sylvestre a reçu le prestigieux Prix Virginia Parker, la plus haute distinction décernée par le Conseil des Arts du Canada.
Chef John Winter Russell – Fondateur et propriétaire du célèbre restaurant Candide de Montréal.
Chef Mariana Martin – Fondatrice du restaurant Alma et de la Boulangerie Carlotta, Mme Martin renforce l’intégration par le festival de l’agriculture, de la culture et de l’hospitalité en tant qu’expressions interconnectées de l’attention portée à la communauté.
Parcival Project Ensemble – Ce collectif (que je dirige), constitue le cœur artistique du festival. La première mondiale de Parzival & Feirefiz – un nouveau conte de Graal pour la diversité, en collaboration avec Tambuco, illustre la mission du festival, qui est de favoriser le renouveau et la réconciliation par le biais des arts.
Ensemble, ces artistes incarnent les valeurs du Festival Concerts de Saint-Grégoire : l’excellence artistique, l’inclusion culturelle, la sensibilisation à l’environnement et la conviction que la musique peut être un pont vivant entre les gens, les lieux et les traditions.
PAN M : D’où vient l’inspiration pour « Agri-Culture » ?
Emmanuel Vukovich: L’inspiration pour ce projet découle de la quête de toute une vie pour réconcilier les contrastes apparents, pour construire des ponts entre des mondes qui sont souvent considérés comme déconnectés. Au cœur de ce projet se trouve une quête personnelle et artistique : réunir la musique et l’agriculture, la science et l’art, l’humanité et la nature. À l’instar de Bach, Goethe et Bartók, des artistes qui considéraient la recherche scientifique et la création artistique comme également vitales, je pense que l’acte créatif est plus puissant lorsqu’il s’appuie sur de multiples façons de penser et d’être.
Agri-Culture : Concerts de Saint-Grégoire est une réponse à une époque marquée par les clivages – entre les individus, entre les communautés et entre les humains et la terre. Elle est fondée sur la conviction que la musique et l’agriculture, comme le corps et l’esprit, soutiennent des parties différentes mais également essentielles de notre humanité. Comme l’a écrit Shakespeare, « si la musique est la nourriture de l’amour, jouez » ; ce lien caché entre la nourriture artistique et agricole est au cœur de la vision du festival.
Situé sur la Ferme Cadet Roussel, pionnière en agriculture biologique et biodynamique, au pied du Mont-Saint-Grégoire, le festival cultive des liens profonds entre l’artistique et agricole, en résonance avec les rythmes de la terre. Enraciné dans des traditions d’excellence agri-culturelle, Agri-Culture est un espace de renouveau et de réconciliation où la musique, la terre et les gens s’unissent pour construire des communautés résilientes. C’est aussi un catalyseur pour la vitalité économique locale et de la conscience écologique globale, offrant une nouvelle façon de s’engager avec la terre et avec les autres par la créativité, l’hospitalité et la présence partagée.
PAN M 360 : D’où vient ton engagement à la ferme Cadet-Roussel et sa propension à l’« Agri-Culture » ?
Emmanuel Vukovich: Mon lien avec la Ferme Cadet Roussel remonte à plus de vingt ans. J’y suis arrivé pour la première fois en 2004, alors que j’étudiais la musique ainsi que l’environnement et les études agricoles à l’Université McGill. Ce qui a commencé comme un été formateur à travailler sur la ferme s’est rapidement transformé en une amitié et une collaboration de longue date avec Anne Roussel et Arnaud Mayet, les cofondateurs de la ferme. Au fil des ans, nous avons adopté une vision commune : les sphères artistiques et agricoles – souvent considérées comme non liées – peuvent en fait se compléter et se renforcer l’une l’autre.
L’idée d’intégrer des concerts aux activités de la ferme a mûri au fil du temps et s’est cristallisée pendant la pandémie. Lorsque tous les rassemblements culturels ont été interrompus et les espaces musicaux fermés, les fermes comme Cadet Roussel ont continué à fonctionner comme des services essentiels. Ce moment a rendu visible ce que j’avais depuis longtemps perçu de manière intuitive : la musique et l’agriculture nous soutiennent de manière parallèle et profondément complémentaire. C’est alors que l’idée d’un festival – un dialogue vivant entre l’art et la terre – a véritablement pris racine.
Tirant parti de mes expériences à la Churchtown Dairy Farm de New York (un projet de la famille Rockefeller) et de ma participation à la codirection de Symphony in the Barn en Ontario, j’ai eu envie d’imaginer un festival où la musique de calibre international pourrait se dérouler non pas dans un cadre isolé, mais au rythme des cycles de la terre. Située au pied du Mont-Saint-Grégoire, la Ferme Cadet Roussel – avec ses pratiques biodynamiques pionnières – offrait le cadre idéal.
Les Concerts de Saint-Grégoire ne consistent pas seulement à donner des concerts dans un contexte rural. Il s’agit de cultiver l’interconnexion profonde, souvent cachée, entre la vie culturelle et la vie écologique. Le projet invite le public à s’engager simultanément avec la musique et la terre, et vise à encourager une communauté artistique internationale qui est à la fois enracinée dans ce lieu et consciente de sa responsabilité écologique et sociale à l’échelle mondiale.
À une époque de polarisation croissante, où les filtres des médias sociaux ont fracturé notre sens de l’espace et de l’objectif partagés, ce festival aspire à être un pont. À travers la musique, l’agriculture et l’hospitalité, nous espérons créer un espace de dialogue inclusif et socialement engagé – un espace qui reconnecte les gens non seulement les uns aux autres, mais aussi à la terre qui nous nourrit tous.
PAN M 360 : Quel est le modèle d’affaires en lien avec les valeurs de votre communauté ?
Emmanuel Vukovich: Le modèle d’affaires des Concerts de Saint-Grégoire est ancré dans les mêmes principes qui guident l’approche écologique et communautaire de la Ferme Cadet Russel, la ferme qui accueille le festival. Cette ferme biodynamique pionnière fonctionne selon le modèle de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC) : les membres s’engagent à soutenir la ferme tout au long de la saison de production et reçoivent en retour une part hebdomadaire de produits biologiques frais, selon leurs besoins.
Plutôt que de fonctionner comme une transaction commerciale classique entre producteur et consommateur, ce modèle crée une relation de responsabilité partagée. La communauté aide à soutenir la ferme, et la ferme, à son tour, nourrit la communauté, non seulement avec de la nourriture, mais aussi avec un sentiment d’appartenance, de continuité et d’attention à la terre.
Les Concerts de Saint-Grégoire appliquent cette même philosophie aux arts. Au lieu de proposer des événements culturels isolés et ponctuels, le festival est conçu comme une expérience saisonnière qui se développe en harmonie avec les rythmes agricoles de la ferme. Il intègre la musique et les rassemblements publics tout au long de l’année, créant ainsi des occasions pour la communauté de se réunir, tout comme elle le fait pour célébrer les plantations du printemps ou les grandes récoltes des légumes d’automne.
En ce sens, le festival n’est pas un ajout externe à la ferme, c’est une extension naturelle de sa mission. Il transforme l’expérience culturelle en quelque chose de participatif et d’ancré localement. En proposant des concerts, des soirées culinaires et des événements interculturels qui reflètent les valeurs de la coopération, de la durabilité et de l’entraide, le festival devient un autre moyen pour les gens de se connecter, non seulement à la terre, mais aussi les uns aux autres.
En fin de compte, le modèle reflète une vision plus vaste de la durabilité culturelle, où la vie artistique est nourrie et soutenue de la même manière que l’agriculture écologique : par des relations à long terme, un objectif commun et un profond respect pour les systèmes vivants – humains et naturels – qui nous soutiennent.
PAN M 360 : Quel est votre historique de production de concerts ?
Emmanuel Vukovich: Entre 2001 et 2003, j’ai été co-directeur artistique de Symphony in the Barn, un festival international de musique d’été organisé à Glencolton Farms, une ferme laitière biodynamique en l’Ontario, où j’ai également eu le privilège de diriger l’orchestre du festival en tant que violon solo, sous la direction artistique d’Ernst Dunshirn, directeur de l’Orchestre philharmonique et de la chorale de l’Opéra de Vienne.
Entre 2007 et 2009, alors que je vivais et travaillais à la ferme Cadet Roussel, j’ai produit une série de récitals de violon solo dans plusieurs fermes communautaires au Québec, en Ontario et dans l’État de New York. En collaboration avec un producteur de Radio Canada, j’ai enregistré et produit une vidéo documentaire de ces concerts intitulée Bach à la ferme. Ce projet a été repris pendant la pandémie pour la série CBC Digital Originals du Conseil des Arts du Canada. En 2019, la Grande Salle Agri-Culturelle de la Ferme Cadet Roussel a été officiellement inaugurée avec un concert interprété par les bénéficiaires de la Banque d’instruments du Conseil des Arts du Canada.
Entre 2017-21, j’ai été invité à jouer et à assurer la direction artistique d’une Odyssée Bach à la Chapelle Historique du Bon Pasteur de Montréal, et j’ai répété le cycle intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul de Bach à l’église St Andrew & St Paul pendant la pandémie (saison 2020-21).
Le Projet Parcival a donné ses premiers concerts en 2011 et a été enregistré comme organisme à but non lucratif en 2012, recevant le statut d’organisme de bienfaisance en 2017 après une tournée internationale de concerts au Chili, en Argentine et au Brésil en 2014.
PAN M 360 : Vous avez construit une salle. Quelles sont les caractéristiques de cette salle? Capacité d’accueil, etc. ?
Emmanuel Vukovich: La Grande Salle Agri-Culturelle de la Ferme Cadet Roussel est l’ancien grenier de la grange où l’on entreposait traditionnellement le foin pour les vaches pendant l’hiver. Elle a été officiellement inaugurée en tant que salle de spectacle en août 2019 et rénovée pendant la pandémie avec du bois provenant d’arbres cultivés et coupés à la ferme. Il s’agit d’une salle de concert artisanale fabriquée localement, et l’acoustique de l’espace témoigne de cette qualité unique qui peut accueillir environ 80 à 100 spectateurs. Isolé, chauffé et climatisé, l’espace abrite un piano à queue permanent Boston-Steinway.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a incités à présenter une saison complète des Concerts de Saint-Grégoire ?
Emmanuel Vukovich: La décision de présenter une saison complète des Concerts de Saint-Grégoire est née du désir d’aligner la musique sur les rythmes naturels de la terre. Plutôt que de concentrer l’activité autour d’un seul week-end ou d’une seule date de concert, nous voulions créer un calendrier culturel vivant qui suive le flux saisonnier d’une année agraire – qui reflète les cycles de plantation, de croissance et de récolte au cœur de la vie à la ferme.
Cette vision s’inspire profondément des fêtes agricoles traditionnelles qui marquent les communautés rurales depuis des siècles : célébration des semailles au printemps, de la fenaison au début de l’été et de l’abondance des récoltes à l’automne. Ces rituels aidaient autrefois les communautés à se rassembler dans des moments de partage d’objectifs, de transition et de gratitude. Dans le monde rapide et souvent fragmenté d’aujourd’hui, je pense que revisiter et honorer ces modèles intemporels à travers la musique peut offrir un moyen significatif de se reconnecter aux saisons, à la terre et à l’autre.
En présentant des concerts tout au long de l’année, chacun en résonance avec une période particulière du cycle agricole, nous invitons le public à vivre une expérience culturelle plus enracinée, basée sur le lieu. C’est l’occasion de se rassembler non seulement autour de la création artistique, mais aussi autour des rythmes qui soutiennent la vie : la croissance, le changement, le renouvellement.
Ce faisant, les Concerts de Saint-Grégoire deviennent plus qu’une série de spectacles. Ils deviennent un dialogue saisonnier entre la musique, la terre et la communauté, une façon de rassembler les gens dans la célébration, la réflexion et la présence partagée tout au long de l’année. Ce rythme continu permet également une meilleure intégration à la vie quotidienne de la ferme et une programmation plus inclusive, en collaboration avec des artistes locaux et internationaux.
En fin de compte, la présentation d’une saison complète est un moyen d’enraciner le festival dans la continuité et la connexion vivante – des qualités que nous croyons essentielles non seulement pour la vitalité culturelle, mais aussi pour la construction de communautés plus résilientes et plus attentives.
PAN M 360 : Quelle est l’orientation de votre direction artistique ?
Emmanuel Vukovich: L’excellence artistique, l’échange interculturel et la promotion de l’écologie de la forme artistique. Je me suis beaucoup intéressé à l’héritage de la recherche sur les traditions orales laissé par Béla Bartók, qui relie l’ethnomusicologie, l’écologie et l’exploration du timbre musical dans la pratique de l’interprétation et la composition de musique nouvelle.
La direction artistique des Concerts de Saint-Grégoire est guidée par trois principes fondamentaux : l’excellence artistique, l’échange et la collaboration interculturel et un engagement profond à faire progresser l’écologie de la forme artistique elle-même.
Pour moi, l’excellence artistique n’est pas simplement une question de virtuosité ou de réputation, mais de profondeur d’expression, d’honnêteté sonore et de capacité de la musique à résonner de manière authentique avec un moment, un lieu et une communauté spécifiques. Je cherche à sélectionner des artistes et des programmes qui portent ce sens de l’intégrité – des interprètes dont le travail découle à la fois de la maîtrise et de la signifiance.
L’engagement en faveur de la collaboration interculturelle est également au cœur de ma vision. Je crois que la musique, dans toute sa puissance, existe dans le dialogue et l’innovation – entre les traditions et les autres cultures. C’est pourquoi le festival invite des artistes de toutes disciplines et de tous horizons culturels à se réunir et à co-créer quelque chose de nouveau, souvent par le biais de collaboration et d’échange. Ces rencontres enrichissent non seulement l’offre artistique, mais reflètent également un engagement social plus large : modéliser le type d’engagement respectueux et dynamique que nous espérons voir dans le monde.
Le troisième axe de ma direction artistique est un intérêt croissant pour l’écologie musicale – au sens littéral et métaphorique – et pour l’avancement de la forme artistique de la musique classique. Inspirée par la recherche de Béla Bartók sur les traditions orales et l’ethnomusicologie, je suis fasciné par la manière dont la musique peut refléter son environnement et interagir avec lui. Ces recherches de Bartók sur les mélodies folkloriques et paysannes d’Europe de l’Est, de Turquie et d’Afrique du Nord nous offrent aujourd’hui un modèle de la manière dont la musique peut être à la fois enracinée dans la tradition tout en offrant de nouvelles possibilités pour l’avenir. De la même manière que l’agriculture écologique fonctionne en relation avec le système vivant de la vie, je vois la collaboration et le leadership musical et artistique comme un système vivant – qui prospère grâce à la diversité, à l’attention et à la régénération.
Grâce aux Concerts de Saint-Grégoire, j’espère cultiver une communauté artistique internationale et une culture où ces valeurs convergent : où les spectacles de classe mondiale se développent en harmonie avec le contexte local ; où l’échange interculturel n’est pas seulement un geste, mais un processus ; et où l’écologie de la musique – en tant que force culturelle, émotionnelle et communautaire – est nourrie au fil du temps.
PAN M 360 : Quels sont vos plans d’avenir?
Emmanuel Vukovich: Mes projets d’avenir sont ancrés dans un engagement à long terme visant à contribuer de manière significative à la poursuite et à l’évolution de la musique classique, non seulement en tant qu’interprète ou curateur, mais aussi en tant que personne profondément engagée dans le façonnement des écosystèmes culturels qui la soutiennent.
Je crois que la musique classique a une pertinence durable, mais sa survie et sa vitalité dépendent de notre capacité à honorer ses traditions tout en élargissant et en définissant continuellement sa pertinence. Mon objectif est de créer des expériences artistiques qui sont à la fois enracinées dans les héritages du passé et ouvertes aux réalités et aux urgences du présent. Il s’agit notamment de repenser comment et où la musique classique est partagée, à qui elle s’adresse et comment elle pourrait évoluer en dialogue avec d’autres traditions musicales et artistiques, d’autres cultures, d’autres disciplines et d’autres modes de vie.
Pour l’avenir, j’ai l’intention de faire des Concerts de Saint-Grégoire un laboratoire vivant pour l’innovation artistique – un lieu où les interprètes, les compositeurs et le public s’engagent dans la musique classique en étant immergés dans la nature, façonnés par la communauté et à l’écoute des rythmes de la terre. Cette vision va au-delà de la salle de concert. Je suis particulièrement inspirée par l’idée que la musique est une forme d’écoute écologique, un moyen d’approfondir notre conscience non seulement du son, mais aussi de notre place dans le monde.
En ce sens, mon futur travail continuera à explorer la manière dont la musique peut refléter les liens entre la vie humaine, le monde naturel et le cosmos. Je m’intéresse aux projets qui intègrent la conscience environnementale, l’intuition scientifique et la recherche spirituelle – chacun informant la manière dont nous composons, interprétons et vivons la musique. Qu’il s’agisse de collaborations interdisciplinaires, de nouvelles commandes ou de performances spécifiques à un site, je vois cela comme une voie vers une forme d’art qui n’est pas seulement préservée, mais continuellement renouvelée.
En fin de compte, mon objectif est de participer à un avenir où la musique classique reste une force vitale – vivante, évolutive et en profonde résonance avec la beauté et la sagesse de l’imagination humaine et du monde naturel qui la soutient.
PAN M 360: : Quelle est l’équipe qui travaille avec vous à la réalisation de ce projet ?
Ferme Cadet Roussel
Le Projet Parcival
Latitude 45 Arts
Ensembl’Arts
La Ruche
Donna Williams
Noémie Raymond
Boulangerie Carlota
Restaurant Candide
Montreal Museum of Fine Art
Consulate du Mexique à Montréal
PAN M 360 : Comment réussissez-vous à financer une saison de concert ?
Emmanuel Vukovich: Bien que notre objectif à long terme soit de construire un modèle de financement inspiré de l’approche coopérative de l’agriculture écologique pratiquée à la Ferme Cadet Roussel, notre première saison est actuellement financée par une structure plus traditionnelle. Cela comprend un mélange de financement public des arts, de dons privés et de subventions de projet ciblées qui soutiennent les honoraires des artistes, les coûts de production et l’infrastructure essentielle.
La pierre angulaire du financement de cette année est notre campagne de financement participatif sur La Ruche, soutenue par une subvention de contrepartie du programme Horizons d’ici du ministère du Tourisme du Québec. Chaque dollar versé par le public est jumelé, mais seulement si nous atteignons notre objectif de 61 876 $ d’ici le 15 juin 2025. Cette campagne n’est pas seulement un outil financier ; elle reflète l’esprit de responsabilité partagée et de participation populaire qui, nous l’espérons, définit l’avenir du festival.
À terme, nous envisageons un modèle qui reflète le système d’agriculture soutenue par la communauté (ASC) utilisé par la Ferme Cadet Roussel, où les membres s’engagent à soutenir toute la saison de croissance et, en retour, sont nourris tout au long de l’année.
De la même manière, nous visons à développer un écosystème culturel durable soutenu par une communauté d’auditeurs, de partenaires et de créateurs. Mais pour y parvenir, nous devons d’abord poser les fondations.
Pour l’instant, atteindre notre objectif de crowdfunding est essentiel pour rendre possible cette saison inaugurale. Il s’agit d’une invitation à devenir co-créateur du projet dès le début, en nous aidant à semer les graines d’un festival enraciné dans les rythmes de la terre, le pouvoir de la musique et la force de l’engagement collectif.
PAN M 360 : Quel est votre objectif de socio-financement avec La Ruche ?
Emmanuel Vukovich: La campagne de crowdfunding entre le 15 mai et le 15 juin 2025, organisée par la plateforme de crowdfunding québécoise La Ruche avec une subvention de contrepartie du Ministère du Tourisme du Québec – Fonds Horizons d’ici. Un minimum de 61 876 $ doit être recueilli avant le 15 juin pour que les fonds de contrepartie soient accordés. Nous invitons tous ceux qui souhaitent soutenir le projet à faire un don et à acheter des billets pour notre festival avant le 15 juin !
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