Le style « slacker rap » de MIKE est l’un des éléments qui définissent sa voix – discrète, sans précipitation et émotionnellement brute d’une manière qui est plus profonde à mesure que l’on s’y attarde. Contrairement à la précision rapide des rappeurs techniques ou à la bravade charismatique du hip-hop grand public, MIKE prononce ses paroles dans un quasi-murmure, souvent en léger décalage avec le rythme, comme s’il réfléchissait à chaque ligne en temps réel. Sur Pinball II, ce style relâché est projeté dans un environnement plus énergique, mais l’essence reste la même. Même sur les rythmes chaotiques et arcade de Tony Seltzer, les couplets de MIKE traînent légèrement derrière le rythme, comme s’il laissait les chansons le poursuivre.
Il y a dans son débit une désinvolture qui peut passer pour de la paresse, mais c’est bien là l’astuce. Ce qui semble décousu est soigneusement élaboré, vous entraînant dans un monde qui semble vécu et vulnérable. MIKE rappe comme quelqu’un qui n’a pas le temps de faire semblant. Ses couplets sont chargés d’un poids émotionnel dense sur « WYC4 », mais la livraison est dépourvue d’ornementation. Pas de punchlines pour le plaisir de la punchline, pas de polissage en studio sur des morceaux chaotiques comme « Prezzy ». Il n’y a que du cœur et de la mémoire, filtrés par une voix qui semble fatiguée mais résolue.
Ce qui rend ce style si convaincant, c’est en partie la façon dont il reflète les thèmes sur lesquels MIKE revient encore et encore : le deuil, la santé mentale et la survie. Il rappe comme s’il travaillait sur ces choses pendant qu’il enregistre, ne les interprétant pas mais les traitant sur un morceau comme « Angsty ».
J’ai découvert MIKE par l’intermédiaire de son contemporain Earl Sweatshirt, et maintenant les deux sont réunis sur le morceau « Jumanji », qui est facilement un favori. C’est un album assez volumineux, avec 17 chansons, et je me suis retrouvé à devoir y revenir pour vraiment le terminer, mais Pinball II est un excellent ajout à l’univers de MIKE/Tony Seltzer.