Toujours dans leur série 40e anniversaire, les Violons du Roy nous ont proposé jeudi au Palais Montcalm leur concert Jonathan Cohen, Mozart et l’Amitié. Tel que son titre l’indique, le programme nous offrait un répertoire issu à la fois de l’œuvre de Mozart, mais aussi de celles d’amis proches de ce dernier.
La soirée s’est ouverte sur la Sinfonia pour cordes en Fa Majeur, Fk. 67, de Wilhelm Friedemann Bach, fils aîné de son fameux père Johann Sebastian. Cette œuvre est un choix très intéressant, avec des couleurs avant-gardistes pour l’époque, en pleine transition entre le baroque et le classique. On y retrouve des tensions harmoniques osées, dès l’ouverture du Vivace, parfaitement soulignées par les Violons du Roy, qui nous donnent à entendre une superbe version de l’œuvre. L’occasion pour chaque pupitre de briller, notamment dans l’Allegro, lors duquel le jeu en question-réponse du thème est exécuté à merveille, véritable vague sonore qui se déplace d’une partie à l’autre de l’orchestre de chambre.
Le concert se poursuit avec deux invité·e·s : Mélisande McNabney au piano-forte et Isaac Chalk à l’alto, pour un concert en Do Majeur de Michael Haydn, frère aîné du plus célèbre Joseph Haydn, et, comme le veut l’intitulé du concert, lui aussi proche de Mozart. La pièce met tour à tour en valeur chacun·e des des deux solistes, malgré leur jeu assez différent : d’un côté la touche précise et subtile de la pianiste, et de l’autre les envolées plus rocambolesques et baroques de l’altiste. Si l’on ne doute pas de la qualité individuelle de chacun de ces deux interprètes, on peut toutefois questionner leur jeu commun. En effet, si chacun·e brille dans ses parties solistes, les parties effectuées en duo manquent parfois de synchronisme, de jeu d’ensemble, surtout pour les effets d’ornementation ou les rallentando et accelerando, propres au style de l’époque. La mise en scène y est peut-être pour quelque chose : Melisandre au piano-forte est dos à Isaac Chalk.
Après un court entracte, les Violons du Roy sont de retour sur scène, avec cette fois-ci deux flûtes, deux cors naturels et un basson. La section des vents vient gonfler les rangs pour la Symphonie en Mi bémol Majeur de Carl Philipp Emanuel Bach, lui aussi le fils de Johann Sebastian, et ami de Mozart. Au début de la pièce, il semble qu’un des cors peine à se réchauffer, l’instrument étant réputé pour sa difficulté technique. La pièce se déroule bien, bien que l’on peine à entendre les flûtes, souvent dans leurs registres graves, qui se tiennent pourtant debout au milieu de la scène, donnant un impact visuel supérieur à l’impact auditif.
Pour clore ce concert, c’est le Concerto pour clarinette en la majeur de Mozart qui nous est présenté. Stéphane Fontaine, professeur de clarinette au Conservatoire de Québec et clarinette solo de l’Orchestre Symphonique de Québec, interprète brillamment la partie de soliste avec un son très rond, travaillé, maîtrisé du grave au suraigu, avec des nuances douces absolument remarquables. Sa performance tout à fait réussie laisse une marque forte sur le public pour clore le concert, accompagnée par toute la subtilité des Violons du Roy, décidément maîtres dans l’art du dosage, de la finesse et de la précision.