OSM : La majestueuse symphonie «Jupiter» de Mozart
par Rédaction PAN M 360
Le Concerto pour piano no 27 est l’aboutissement d’une forme développée par Mozart tout au long de sa carrière de pianiste et de compositeur, à travers laquelle il a exprimé ses sentiments et ses aspirations les plus intimes. Quant à la symphonie « Jupiter », elle brille par son caractère majestueux et ses proportions harmonieuses. Dans les deux œuvres, le rôle accordé aux instruments à vent enrichit les couleurs de l’orchestre en y apportant une teinte satinée.
Mozart’s Piano Concerto no. 27 marks the apex of a form the composer cultivated throughout his entire career and through which he expressed his innermost feelings and aspirations, while the Jupiter Symphony radiates majesty and great harmonic breadth. In both works, the prominence of wind instruments enhances the orchestral colours, lending them a characteristic shine.
Originaire de Shigawake en Gaspésie, Shaina Hayes a grandi en écoutant des autrices-compositrices-interprètes comme Feist, Joni Mitchell et Regina Spektor, des artistes de country traditionnel tels que Hank Williams et Dolly Parton, ou plus modernes, comme Shania Twain et The Chicks. Après ses études en sciences agricoles à l’Université McGill, elle retourne dans son village natal et enregistre et co-réalise son premier opus, to coax a waltz, qui paraît en avril 2022. Peu de temps après, elle commence à enregistrer de nouvelles chansons. Au même moment, les concerts occupent une place de plus en plus grande dans son quotidien, alors qu’elle tourne à travers la province et assure la première partie de groupes tels que The War on Drugs et The Barr Brothers. Bien qu’elle continue son implication à des activités agricoles, Shaina Hayes décide de se consacrer entièrement à la musique, en amont de la sortie de son deuxième album, Kindergarten Heart, lancé sous Bonsound en février 2024.
Originally from Shigawake in Gaspésie, Shaina Hayes grew up listening to singer-songwriters like Feist, Joni Mitchell, and Regina Spektor, as well as traditional country artists such as Hank Williams and Dolly Parton, and more modern acts like Shania Twain and The Chicks. After studying agricultural sciences at McGill University, she returned to her hometown, where she recorded and co-produced her debut album, to coax a waltz, released in April 2022. Shortly after, she began recording new songs. At the same time, live performances started taking up more space in her life as she toured across the province and opened for bands like The War on Drugs and The Barr Brothers. While she remains involved in agricultural activities, Shaina Hayes decided to fully dedicate herself to music ahead of the release of her second album, Kindergarten Heart, launched under Bonsound in February 2024.
OSM : Così fan tutte de Mozart: le dangereux jeu de l’amour
par Rédaction PAN M 360
Fruit d’une étroite collaboration entre un compositeur de génie, Mozart, et un librettiste perspicace, da Ponte, Così fan tutte est une étude sur la nature humaine et les conventions sociales menée avec un humour souvent acéré. L’intrigue, riche en rebondissements, est soutenue par une musique radieuse et raffinée. Spécialiste de Mozart, le célèbre baryton Thomas Hampson prêtera sa voix somptueuse à Don Alfonso et assurera la mise en espace de ce magnifique opéra.
Così fan tutte results from the close collaboration between Mozart the compositional mastermind, and da Ponte the shrewd librettist. The opera is a study of human nature and social conventions that often embraces caustic humour. Its somewhat manic plot is heightened by the composer’s captivating and sophisticated score. Mozart specialist and renowned baritone Thomas Hampson will lend his sumptuous voice to the role of Don Alfonso, as well as direct the staging for this magnificent opera.
Big Band de l’Université de Montréal et Marcus Printup : de la grande visite et du très bon jazz
par Michel Labrecque
De la grande visite hier à la Salle Claude Champagne de l’Université de Montréal: le trompettiste Marcus Printup, membre depuis trente ans du Jazz at Lincoln Center Jazz Orchestra, dirigé par Wynton Marsalis. Printup a accompagné Betty Carter, Madeline Peyroux et Dianne Reeves entre autres. Et il a réalisé une dizaine d’albums en solo durant sa longue carrière.
Inutile de le dire: c’était un privilège pour les étudiant-e-s du Big Band de jazz de l’université de recevoir ce trompettiste renommé pour une classe de maître et par la suite, pour un concert. C’était peut-être aussi un petit brin intimidant.
Sauf que Marcus Printup semble éprouver un plaisir fou à transmettre ses connaissances et à partager la scène avec des apprentis. Le trompettiste est très gestuel sur scène, claque des mains, fait parfois des « high five »aux solistes du Big Band.
Sous la direction d’un autre trompettiste, le Brésilien João Lenhari, l’ensemble universitaire a démarré sur Airagin, du saxophoniste Sonny Rollins, pour se dégeler les doigts, suivi d’une pièce de Marcus Printup, Jojo’s Mojo. J’ai déjà l’impression que le groupe a gagné en concision depuis son concert du 13 mars.
C’est véritablement avec Tutu, écrite par le bassiste Marcus Miller pour un album fétiche de Miles Davis de 1986, que le concert a pris son envol. Avec des arrangements complexes, qui métamorphosent la pièce originale, Marcus Printup s’est livré à de longues envolées de trompette, avec ou sans sourdine, qui ont démontré sa technique fluide, mais aussi sa capacité d’émotion.
Printup ne le cache pas: il est un émule de Miles Davis, de qui il a parfois un peu de mal à se distinguer. En plus de Tutu, nous avons eu droit à Eighty One, du Contrebassiste Ron Carter, et Armageddon, du saxophoniste Wayne Shorter, tous des grands qui ont côtoyé Miles. Sur des arrangements pour big band de Marcus Printup.
Nous avons eu également droit à un extrait d’une suite écrite par Marcus Printup, qui, incidemment, s’inspire de son parcours d’étudiant à l’Université de North Florida. Et, puisque le Big Band a un directeur musical brésilien, il fallait une pièce originaire de ce pays. João Lenhari nous a présenté un arrangement très innovateur de Look To The Sky (Ola pro céu) du grand Tom Jobim.
Les étudiant.e.s du Big Band ont eu à travailler fort sur ces arrangements pas toujours simples. Mais on les sent de plus en plus confortables. Celles et ceux à qui Lenhari a confié des solos ont disposé de plus de temps pour improviser et s’en sont bien tirés. La trompettiste Alice Julliard a eu l’opportunité de dialoguer en solo avec le maître Marcus Printup, ce qui a dû provoquer quelques frissons.
Je retiens aussi le visage souriant de la saxophoniste Maude Gauthier, qui, tout au long du concert, semblait sur un nuage, ce qui ne l’empêchait jamais d’être concentrée et prête à jouer au bon moment.
La Salle Claude Champagne était presque pleine, en partie de donateurs du programme, qui ont été même de constater que leur argent était bien investi. Un concert très agréable et prometteur.
Duo de production électronique composé d’Andrew Taggart et Alex Pall, The Chainsmokers mélangent indie, dance et pop dans un son accrocheur qui les a propulsés au sommet des classements avec de nombreux singles multi-platine. Ils se font connaître en 2014 avec #Selfie, un hit dance numéro un qui parodie le narcissisme des années 2010. En 2016, ils enchaînent avec Roses et Don’t Let Me Down (avec Daya), tous deux certifiés au moins cinq fois platine, ce dernier leur valant un Grammy. Leur plus grand succès, Closer avec Halsey, reste en tête des classements pendant 12 semaines et est certifié 12 fois platine. En 2017, ils adoucissent leur EDM pour y intégrer des touches de pop et de rock indie, tout en maintenant leur succès avec Something Just Like This en collaboration avec Coldplay, figurant sur leur premier album Memories: Do Not Open, numéro un au Billboard 200. Dès 2018, ils adoptent un format de sortie mensuelle, compilé sur les albums Sick Boy (2018) et World War Joy (2019). Après avoir composé pour le film Words on Bathroom Walls en 2020, ils reviennent dans le Top 40 avec High (2022), extrait de So Far So Good. Ils poursuivent avec des collaborations avec Cheyenne Giles, Shenseea, Bludnymph et d’autres sur Summertime Friends (2023), puis avec Fridayy sur Friday, extrait de l’EP No Hard Feelings (2024), et enfin avec Beau Nox sur White Wine & Adderall en 2025.
An electronic production duo featuring Andrew Taggart and Alex Pall, the Chainsmokers mix indie, dance, and pop into a chart-topping sound that’s spawned multiple multi-platinum singles. The pair released their official debut single in 2014, a number one dance hit called « #Selfie » that both celebrated and skewered 2010s narcissism. Two Top Ten pop hits, « Roses, » and the Grammy-winning « Don’t Let Me Down, » followed in 2016, each of them certified at least five-times platinum. « Closer, » featuring Halsey on vocals, also began climbing to the top during the summer of 2016, remaining there for 12 weeks and eventually earning 12-times platinum status. In 2017, Taggart and Pall switched up their aggressive EDM approach to include more pop and indie rock touches, but they remained a platinum act with singles including 2017’s « Something Just Like This » featuring Coldplay. That song was included on their full-length debut, Memories: Do Not Open, which debuted at number one on the Billboard 200. Starting in 2018, the Chainsmokers released a single each month, later collected on Sick Boy (2018) and World War Joy (2019). Following the duo’s soundtrack work on 2020’s Words on Bathroom Walls, they again hit the Top 40 with 2022’s « High » from fourth set So Far So Good, before collaborating on tracks with Cheyenne Giles, Shenseea, Bludnymph, and others, some of which were featured on 2023’s Summertime Friends. They also joined forces with Fridayy for « Friday, » off the 2024 No Hard Feelings EP and paired with Beau Nox for 2025’s « White Wine & Adderall. »
La chanteuse et autrice-compositrice Gracie Abrams s’illustre dans une pop moderne stylisée et mélancolique, au son évolutif subtilement influencé par Lorde. Elle se fait d’abord connaître en ligne à la fin des années 2010 grâce à une série régulière de singles, avant de percer en 2020 avec les titres 21 et I Miss You, I’m Sorry, extraits de son EP Minor. Elle collabore ensuite avec Benny Blanco sur le titre très médiatisé Unlearn en 2021, avant de sortir un second EP, This Is What It Feels Like. Son premier album, Good Riddance, coécrit avec Aaron Dessner (du groupe The National), paraît début 2023 et lui vaut une nomination au Grammy Award de la Révélation de l’année. Bien que cet album ait rencontré un bon succès au Royaume-Uni et en Irlande, c’est avec son deuxième album, The Secret of Us, qu’Abrams atteint de nouveaux sommets deux ans plus tard : numéro deux aux États-Unis, numéro un au Royaume-Uni et en Australie. Également coécrit avec Dessner, l’album comprend une collaboration remarquée avec Taylor Swift sur le morceau us..
Singer/songwriter Gracie Abrams specializes in a stylized, moody modern pop with a subtly shifting sound partially indebted to Lorde. Abrams cultivated an online following through a steady series of single releases appearing at the end of the 2010s, experiencing a breakthrough in 2020 with the singles « 21 » and « I Miss You, I’m Sorry » from her EP Minor. She also worked with Benny Blanco on the high-profile 2021 track « Unlearn » before releasing her sophomore EP, This Is What It Feels Like. Abrams’ debut album, the Aaron Dessner co-penned Good Riddance, arrived in early 2023, and she was later nominated for a Best New Artist Grammy Award. While that album had charted well in the U.K. and Ireland, two years later she landed in the Top Two in the U.S. (number two), U.K. (number one), and Australia (number one) with her sophomore album, The Secret of Us. Again co-written with Dessner, it featured a collaboration with Taylor Swift (« us. »).
Stéphanie Boulay au Centre culturel et communautaire Henri Lemieux
par Rédaction PAN M 360
C’est avec le cœur léger et plus de confiance en ses propres moyens que jamais que Stéphanie Boulay remontera sur scène, en solo oui, mais entourée de ses ami.es précieux (Charles Blondeau à la batterie, Camille Gélinas aux claviers et Alexandre Martel à la guitare et à la basse) pour défendre son deuxième album solo, Est-ce que quelqu’un me voit?. Elle a une envie insatiable d’agentivité, de liberté et de tracer son chemin à elle toute seule – quitte à repartir à zéro s’il le faut – pour aller à la rencontre de ce public qui ne la connaît probablement pas encore, ou, du moins, pas comme ça. Habile à créer chaque soir des moments qui n’existaient pas encore et qui n’existeront plus jamais dans la même forme, à faire rire et à se livrer avec autodérision et impudeur, Stéphanie présentera ses chansons toutes neuves, qu’elle a travaillé deux ans durant à extirper d’elle-même, avec l’aide du réalisateur Alexandre Martel. Elles sont crues, ces chansons, elles sont intimes et franches, mais elles sont aussi libres, baveuses, éclatantes et dansantes.
It’s with a lighter heart and more confidence in her own abilities than ever that Stéphanie Boulay will be back on stage, solo yes, but surrounded by her precious friends (Charles Blondeau on drums, Camille Gélinas on keyboards and Alexandre Martel on guitar and bass) to defend her second solo album, Est-ce que quelqu’un me voit? She’s got an insatiable appetite for agentivity, for freedom, and for blazing her own trail – even if it means starting from scratch if need be – to meet audiences who probably don’t know her yet, or at least not like this. Skilled at creating moments each evening that never existed before and will never exist again in the same form, at making people laugh and at revealing herself with self-deprecation and shamelessness, Stéphanie will present her brand-new songs, which she worked for two years to extract from herself, with the help of producer Alexandre Martel. These songs are raw, intimate and frank, but they’re also free, slobbery, bright and danceable.
Des chansons délicatement déshabillées, détricotées, qui se déploient dans leurs apparats originels. Vives, chargées d’histoires, et toutes pleines d’immenses. Dans ce spectacle solo, Ingrid St-Pierre est portée par l’envie d’exister sur scène librement, en laissant toute la place au cinéma des mots, aux silences, aux détails, aux histoires, aux paysages.
Songs delicately undressed, unravelled, unfurled in their original finery. Lively, full of stories, and all full of immensity. In this solo show, Ingrid St-Pierre is driven by the desire to exist freely on stage, leaving plenty of room for the cinema of words, silences, details, stories and landscapes.
Chanteur et auteur-compositeur, Mark Ambor se distingue par ses chansons romantiques pleines d’entrain, souvent porteuses de messages réconfortants et optimistes. Il se fait connaître à la fin des années 2010 grâce à sa présence sur les réseaux sociaux, puis sort la compilation de singles Hello World en 2022. C’est toutefois avec Belong Together, un hymne entraînant et rythmé figurant sur son album Rockwood (2024) et classé au Billboard Hot 100, qu’il accède à une plus large reconnaissance.
Singer and songwriter Mark Ambor’s ebullient relationship songs tend to favor uplifting, reassuring messages. He emerged in the late 2010s, finding support on social media, and releasing the singles collection Hello World in 2022. However, it was his bouncy, foot-stomping, Hot 100 anthem « Belong Together, » off 2024’s Rockwood, that garnered him wider attention.
L’intensité dramatique et la sincérité des sentiments exprimés par Mozart dans son Requiem contribuent à la fascination que cette œuvre continue d’exercer plus de 200 ans après sa composition. La thématique de la mort est également abordée par Bach avec humanité, et le climat contemplatif du motet Jesu, meine Freude offre une vision sereine de l’au-delà. Le génie de Bach et de Mozart sera magnifié par l’Orchestre et le Chœur de l’OSM.
The dramatic intensity and emotional candour expressed in Mozart’s Requiem contribute to the fascination this work continues to arouse more than 200 years after it was written. Bach similarly approaches the theme of death through an aura of contemplative humanism in the motet Jesu, meine Freude, in which a serene vision of the afterlife is offered. The genius of both Bach and Mozart will be celebrated by the Orchestra and the OSM Chorus.
Avec son chant dramatique teinté de new wave et son sens aigu de la mélodie, Marina compose des morceaux pop aux claviers omniprésents, oscillant entre ballades mélancoliques, électro-pop scintillante et glam théâtral. Connue d’abord sous le nom Marina and the Diamonds, elle sort trois albums classés au Royaume-Uni et au Billboard 200 dans les années 2010, avant de se recentrer sur une esthétique plus épurée avec Love + Fear (2019), sous le simple nom de Marina. En 2021, elle renoue avec le son qui avait séduit ses premiers fans grâce à Ancient Dreams in a Modern Land, porté par le hit Man’s World, nommé aux Igor Novello Awards. Après la publication du recueil de poésie Eat the World en 2024, elle fait paraître en 2025 son sixième album studio, Princess of Power.
With a distinctively dramatic, new wave-influenced vocal delivery and melodic style, Marina’s keyboard-driven pop songs vary from melancholic ballads to shimmering electro-pop and theatrical glam. The singer and songwriter released three U.K.- and Billboard 200-charting albums as Marina and the Diamonds during the 2010s before rebranding as simply Marina with 2019’s stripped-back Love + Fear. In 2021, she returned to a sound familiar to fans of her early work on Ancient Dreams in a Modern Land, which featured the Igor Novello-nominated hit « Man’s World. » After publishing 2024’s Eat the World: A Collection of Poems, she issued her sixth full-length, 2025’s Princess of Power.
Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles
par Frédéric Cardin
Samedi soir, le 12 avril, avait lieu le concert des Étoiles montantes de l’Université de Montréal. Des finissants en direction d’orchestre, en composition et interprétation (flûtes) ont présenté le résultat d’années d’apprentissage. Celui-ci est inspirant.
La cheffe Marie-France Mathieu a commencé par présenter les trois premières pièces au programme, des créations de trois étudiants en composition, Gabriel José Melim Schwarz, Amichai Ben Shalev et Charles-Vincent Lemelin. Schwarz a offert une pièce néo-romantique tonale et plutôt solaire, ironiquement intitulée Folle. Vibrante d’énergie inspirée du Brésil natal de Schwarz, il s’agit d’une œuvre agréable à écouter, peu exigeante pour l’auditeur.
Suivait A Groyse Metzieh de Ben Shalev, musicien que l’on connaît également pour faire partie de l’ensemble Les Arrivants. Le titre signifie ‘’une belle trouvaille’’, qui est en vérité une formule sarcastique typique de l’humour juif et qui veut dire ‘’pas grand-chose’’. J’ai beaucoup aimé cette pièce post-moderne qui mélange tonalité et avant-gardisme bruitiste, grâce à une large palette de techniques instrumentales liées à l’expérimentation. Ça commence dans une atmosphère sombre avec un thème chaleureux aux cordes, vite parcouru de saillies colorées que n’aurait pas déplues à Messiaen. Le reste avance lentement mais sûrement vers une saturation ponctuée de stridences tonitruantes avant de se terminer dans un retour à la consonance, mais avec le chœur des cuivres. Superbe.
Finalement, la Passacaille de Lemelin m’a fait le plus grand effet. Dans cette pièce qui traite l’orchestre comme une masse vivante, sombre mais néanmoins parcourue de nombreuses stries lumineuses, et qui se gonfle graduellement jusqu’à sa densité sonore et harmonique maximales, j’ai perçu des échos de Saariaho, de Rautavaaraa, mais aussi d’un certain monumentalisme Straussien et de l’expressionnisme musclé de l’ex-Hollywoodien Goldenthal. Passacaille est une démonstration de puissance tranquille, parfaitement calibrée et construite. Votre humble chroniqueur a grandement apprécié.
Le reste du programme faisait place à du répertoire Romantique, à commencer par un charmant Concerto pour deux flûtes de Franz Doppler, le roi de la flûte (avec son frère) au 19e siècle. C’était l’occasion de voir et entendre à l’oeuvre deux jeunes interprètes lauréats du 3e prix au Concours de Concerto de l’OUM 2024, Gabriel Lapointe Guay et Sarah Billet. Les deux artistes ont insufflé toute la pétillance voulue dans cette musique souriante et bienfaisante.
La deuxième partie était consacrée à l’Ouverture Manfred de Schumann et à la Suite (1919) de l’Oiseau de feu de Stravinsky. C’était surtout l’occasion de juger du travail de direction de Marie-France Mathieu et de Paul Karekezi. C’est ce dernier qui nous a donné une Manfred pleine de drame, habitée par une nécessaire décharge d’émotions conflictuelles. Peut-être un peu tempérée, mais bellement incarnée.
L’Oiseau de feu a été animé de très belles couleurs et de détails cristallins soulignés avec force par la cheffe Mathieu.
Puisque les deux jeunes artistes en direction ont également mené l’OUM (Orchestre de l’Université de Montréal) dans les créations citées précédemment, j’ai pu remarquer deux personnalités de battue et de contrôle différentes mais complémentaires.
Paul Karekazi, qui dirigeait la Passacaille de Lemelin (et comme je viens de le dire, Manfred), a témoigné d’une direction claire, certes, mais surtout imprégnée d’intensité émotionnelle et de force intérieure. Celles-ci favorisent des nuances appuyées et un legato empreint de lyrisme senti.
Marie-France Mathieu quant à elle, plus sobre dans ses épanchements, sait toutefois faire habilement ressortir les coloris détaillés et les contrastes texturaux de manière limpide grâce à une battue chirurgicale qui ne laisse planer aucun doute. Elle a très bien mené les pièces de Schwarz et ben Shalev, le Doppler (et bien sûr le Stravinsky).
Soulignons que Karekazi et Mathieu sont des étudiants de Paolo Bellomia, les deux flûtistes proviennent de la classe de Denis Bluteau, et les trois compositeurs profitent du savoir de Jimmie Leblanc, Ana Sokolovic, François-Hugues Leclair et Olivier Alary.
Ce fut une très belle soirée pour l’avenir de la musique à Montréal, au Québec et au Canada.
crédit photo: Tiago Curado
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