Afrique / bikutsi / makossa / pop-rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Valérie Ékoumè : un party afro-rock multiculturel

par Michel Labrecque

Ce 18 juillet, un grand ventilateur naturel a mis fin à la canicule montréalaise en quelques heures. Mais il faisait très chaud au concert de la franco-camerounaise Valérie Ékoumè, parce la dame sait comment faire monter la température lors de sa prestation. Et pas à peu près !

La chanteuse l’a dit en entrevue à mon collègue Frédéric Cardin : elle aime bien l’accueil que Montréal et d’autres endroits au Canada lui font. Et elle nous le rend bien. Après quinze minutes, elle avait la foule dans sa poche et pouvait nous faire danser et chanter à sa guise. L’ancienne collaboratrice de Manu Dibango et de Youssou Ndour vole maintenant de ses propres ailes et les déploie vers les plus hauts sommets. 

La chanteuse, parfois claviériste et batteuse, est entourée de deux musiciens en costumes rouge avec des masques de têtes d’éléphants, un guitariste et un batteur décomplexés, utilisant autant les techniques pop-rock que les rythmes Makossa, Bikutsi et Esséwé. Nous sommes immergés dans l’Afro-pop trépidante, comme en témoigne son dernier disque de 2022 Monè.

Mais c’est Valérie Ékoumè, avec sa voix puissante mais capable de nuances et sa présence scénique, qui règne sur la foule, comme une reine. Mais une souveraine bienveillante et engagée, notamment contre les inégalités en Afrique. 

Elle a chanté une magnifique balade, qu’elle nous a ensuite traduite en français. Ça raconte l’histoire d’une famille de migrants africains qui a perdu une enfant lors de leur périple d’immigration illégale. Une Italienne, qui a accueilli la petite fille, est parvenue à retrouver la famille pour leur redonner l’enfant. « C’est une belle histoire, non ? », nous a dit Valérie. 

Sur scène, les arrangements musicaux sont moins subtils que sur disque. Mais ce manque est compensé par l’énergie incroyable du trio. Je suis allé devant la foule pour constater que le party était solidement pris. Encore une fois, une foule multiraciale et multigénérationnelle qui dansait à fond.

Certains politiciens nationalistes québécois auraient intérêt à venir faire un tour aux Nuits d’Afrique. Il y avait là une foule, très majoritairement francophone, qui parlait peut-être une autre langue à la maison.

Lors d’une pause, une Québécoise d’origine haïtienne m’a confié que, suite à certaines déclarations récentes de politiciens québécois, un espace raciste s’est libéré. Que, parfois, elle entend des gens cracher quand elle se déplace; elle ne pense pas que c’est un hasard.

Les Nuits d’Afrique sont un antidote à tout cela. Valérie Ékoumè aussi. 

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salsa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | La salsa de feu d’Andy Rrrrrrubal

par Frédéric Cardin

Andy Rubal fait carrière depuis à peine 10 ans, mais a déjà titillé les oreilles des amoureux de la salsa. Ce gradué de l’Instituto Superior de Arte de La Havane en 2013 a récolté une nomination pour son premier album aux Cuba Disco Awards en 2017, dans la catégorie Meilleur album de salsa. Il s’est installé peu après à Montréal et a immédiatement intégré l’écosystème musical québécois en réalisant un duo avec Florence K. La salsa de Rubal entendue hier au Club Balattou est classique, voire prévisible, mais bon sang qu’elle allume la scène et le public. Rubal (Rrrrrrrrubal!) maîtrise l’énergie et la direction de son scénario artistico-musical avec une remarquable assurance. On comprend aussi pourquoi il a si rapidement trouvé des amis dans la communauté artistique de la métropole : il déborde de charisme, mais aussi de sincérité. Il s’est récemment produit dans la revue Les nuits de La Havane au Casino de Montréal. Peu de doute que le Québec au complet le reconnaîtra dans la rue d’ici peu. Excellence des musiciens de son ensemble, même en format réduit par rapport à son offre habituelle. Aye aye aye!

Afrique / afro-rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Jimmy Belah : bel afro-folk qui manque parfois de panache

par Frédéric Cardin

Jimmy Belah est le leader du BIM (Bénin International Musical), spectaculaire assemblage de traditions béninoises, de pop, rock, hip hop, qu’on pourra entendre le 19 juillet sur la scène du Parterre du Quartier des spectacles. Ne manquez pas ça. Mais ce n’est pas pour ça que je vous parle de Jimmy ici. L’excellent multi instrumentiste (guitare, batterie, harmonica) et très bon chanteur poursuit également une carrière en formation épurée, le Jimmy Belah Trio. C’est cet avatar qu’on a entendu hier soir au Balattou. Avec sa proposition toute simple en réduction de trois guitares (Belah switche parfois à la batterie, ou s’ajoute un harmonica), l’artiste offre une séductrice afro-folk, en général douce et aérienne. Disons dans un rapport des deux tiers de la perfo divisée en deux sets. Pour peut-être un quart, il allume un peu la mèche avec un afro-rock teinté de blues et de funk, puis pour quelques numéros égrenés ici et là, il met le feu grâce à un rock pesant et bien lancé. Une pièce, pour ma part, s’est détachée de l’ensemble : une généreuse expression de musique traditionnelle, voix et percus that’s it, qui a transporté le public dans une fête de village authentique. On y était, subjugués. J’en aurais pris plus. Rien à dire sur la qualité musicale : Belah possède une très belle voix, juste, posée, agréable. Il joue bien de la guitare acoustique, encore mieux de la batterie. Yaovi Atcho à la guitare électrique et Babatoundé Boni Obinti à la basse : convaincants. Je noterai, cela dit, un bémol de présence scénique. La présentation manquait souvent de conviction, comme si on n’avait pas vraiment envie d’être là. Dans sa relation avec le public, Jimmy était fade, comme en retrait. Plusieurs transitions semblaient approximatives et manquaient de coordination. Au début, je pensais assister au sound check. Dommage, car il s’agit de belle et bonne musique. J’ose présumer que le BIM aura une tout autre attitude vendredi. 

latino / salsa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Athenea, la femme aux multiples racines

par Sandra Gasana

« Je suis née à Cuba, mais en fait je suis un quart Éthiopienne, un quart Haïtienne, un quart Chilienne et un quart Espagnole », nous apprend-elle en plein milieu de son spectacle. En effet, la Lady in Red de la tête au pied (je n’exagère pas, même ses cheveux étaient rouges) nous a charmés lors de son passage au Festival Nuits d’Afrique, en extérieur.

Débarquant avec une panoplie de musiciens sur scène, incluant son mari Ricardo aux claviers, directeur musical du groupe et un excellent pianiste, elle nous en a mis plein la vue dès son entrée sur scène. Elle est accompagnée d’un percussionniste, d’un batteur, d’un saxophoniste et deux trompettistes et un guitariste. Elle décide d’ailleurs d’ouvrir avec une reprise de Gloria Estefan, Mi Tierra mais heureusement, elle enchaine avec une de ses compositions. Et c’est là qu’on découvre ses talents de percussionniste et de danseuse, en plus de jouer des maracasses.

« La prochaine est une composition à moi, Amarga Gloria, et ça parle de la contradiction qui existe avec l’immigration. On pense que tous nos problèmes seront résolus mais on va rencontrer d’autres problèmes ici. 

Elle alterne entre salsa, cumbia, et change parfois de rythme dans la même chanson, ce qui rajoute de la richesse et du relief au morceau. Elle a une belle présence sur scène, s’approprie de l’espace et se dévoile complètement, en interagissant avec son audience. On ne peut pas nier son talent en termes de mise en scène avec des finales parfois dramatiques ! Mais bon, fallait jouer le jeu !

Elle nous a surpris avec sa reprise de Papaoutai qu’elle a très bien interprétée et qui a permis de découvrir qu’elle chante en français. Mon coup de cœur sera son interprétation en espagnol de la chanson des Jacksons, Blame It On The Boogie, que j’ai bien appréciée. Elle lui a redonné une autre vie, avec la sauce latine qu’elle a bien su doser.Elle a terminé avec quelques classiques du répertoire salsa avant de nous faire faire des pas de danse, et permettre à chacun de ses musiciens de faire leur solo.

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Afrique / musique traditionnelle ouest-africaine / reggae

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Décollage vers Dakar avec Omar Mbaye

par Sandra Gasana

« Vous êtes prêts à décoller direction Dakar ? » Voici les premières paroles d’Omar Mbaye, qui arrive sur scène vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise africaine à motif. Muni de sa guitare, il est accompagné de deux choristes, dont une qui se prénomme Amina, d’un claviériste, d’un batteur, d’un bassiste et d’un percussionniste qui fait office d’animateur par moments. À peine monté sur scène qu’il nous demande de chanter dès les premières notes.
La scène Loto Québec n’étant pas très achalandée au début du spectacle du Sénégalais nouvellement installé à Montréal, cela n’était pas le cas à la fin du spectacle. Alors qu’ils étaient quelque peu timides en début de concert, les festivaliers se sont décoincés au fur et à mesure.
« Cette chanson parle de protection et d’éducation des enfants. Je suis ambassadeur pour cette cause », annonce-t-il d’emblée.
Il met sa guitare de côté pour son deuxième morceau qu’il dédie à toutes les mamans du monde. La chanson est douce et on peut déjà entendre des balbutiements de Mbalax mais légers. Il en profite pour nous faire danser en nous demandant de suivre ses pas.

C’est au troisième morceau qu’il nous dévoile son penchant pour le reggae et le dancehall, ce qui ne manque pas de faire bouger le public. Le percussionniste réussit à mettre l’ambiance, et se sert d’une baguette pour taper sur son djembe, ce qui accentue le son et lui donne des allures sénégalaises.

Nous avons eu droit à une parfaite température pour cette deuxième journée à l’extérieur du festival Nuits d’Afrique, et on pouvait y voir quelques sénégalais venus encourager leur compatriote. Plusieurs bancs et chaises étaient à la disposition de certains festivaliers moins jeunes qui voulaient savourer le spectacle sans devoir rester debout tout le long.Mon coup de cœur restera le morceau qu’il chante avec Amina, la choriste, qui elle chante ses parties en anglais. Peut-être une traduction des paroles d’Omar Mbaye, qui lui chante en wolof ? Toujours est-il qu’il choisit de terminer le spectacle en faisant un retour vers le Mbalax, ce style musical dont on a longuement parlé avec Def Mama Def, lors de mon entrevue avec elles. À la fin du spectacle, nous avions bel et bien atterri à Dakar grâce à Omar Mbaye.

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Afrique / afrobeat / vaudou haïtien

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Afrovibes ouvre le bal

par Michel Labrecque

En ce mardi après-midi, très chaud mais nuageux, l’espace public du Festival Nuits d’Afrique était encore en gestation. Le village africain achevait de remplir ses étalages, une brésilienne donnait des cours de danse à un très petit public, toutefois très attentif.

Sur l’Esplanade Tranquille, une centaine de personnes étaient assises, dans la moiteur ambiante. Pas facile d’être le premier groupe à lancer la programmation musicale gratuite.

Cette tâche ingrate était celle d’Afrovibes, l’ensemble vaudou-afrobeat de Montréal, menée par le percussionniste Emmanuel Delly. Huit musiciens, une chanteuse, devant un parterre largement désert, au départ. Ingrat, vous ai-je dit. 

Mais ça s’est mis très rapidement à groover; le groupe est tissé serré. Un trio de percussionnistes, face à une batterie de trois guitares, un claviériste et un bassiste sans faille. Et la chanteuse qui enrobe tout cela de façon sensible.

Je n’attendais rien de ce groupe. C’était une affectation de couverture, autrement dit PAN M 360 m’avait demandé d’y aller. J’ai été agréablement surpris. Non pas qu’Afrovibes réinvente la musique, mais il livre une performance solide et hyper dansante. Les trois guitaristes, un Noir, une Blanche et un Blanc, sont hyper complémentaires entre les solos et les riffs. Le mélange entre les influences haïtiennes et africaines est richement intégré, avec un zeste d’Amérique. 

J’ai éprouvé du plaisir à écouter. 

Petit à petit, les gens sont venus danser. Un public de tous âges et toutes couleurs, fascinant à observer pour un journaliste. 

Afrovibes aurait mérité un meilleur créneau. Mais il faut bien que quelqu’un commence les festivités. Le groupe va tourner passablement au Québec cet été. À surveiller.

Je pose en terminant une petite question : pourquoi ce genre de groupe, québécois, est si peu présent dans les émissions de variétés de notre télé francophone ? 

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Électronique / musique traditionnelle mexicaine

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Pahua : Une véritable tornade latine

par Michel Labrecque

Pahua, de son vrai nom Paulina Sotomayor, est une DJ, productrice et compositrice mexicaine. Elle fait du folktronica, ce nouveau genre qui mélange sons traditionnels et musique électronique. 

Son spectacle a été présenté avec beaucoup de retard, ce qui m’a fait rater une grande partie du récital du brésilien Luis Salgado, au Balattou, qui était par ailleurs très bon, dans un registre très différent. 

Dès qu’elle arrive sur scène, Pahua enveloppe le public avec son sourire désarmant, son enthousiasme d’être parmi nous. Elle est entourée d’ordinateurs, mais aussi de percussions et de deux musiciens, un guitariste électrique et un percussionniste, tous les deux assortis d’énormes lunettes blanches. 

Pahua compose, chante et est également percussionniste. Ce qui donne en concert une version plus percussive que celle de son premier album, Habita, paru fin 2023. Le groove s’est rapidement installé dans la place et une majorité du public s’est mise à danser. Un mélange de cumbia et d’autres rythmiques latino-américaines ont attisé le Ministère. 

Les arrangements électroniques, mâtinés d’instruments traditionnels enregistrés, notamment accordéon, flûtes et trompette, ajoutent de la matière musicale au rythme. Il y a aussi des moments plus méditatifs, plus folk. 

Paulina Sotomayor sait aussi chanter et y prend visiblement plaisir. En plus, derrière la scène, défile sans arrêt une vidéo qui décrit à la fois l’urbanité et la nature du Mexique et de l’Amérique latine. 

Car, si Pahua est mexicaine et fière de l’être, on sent chez elle une volonté d’embrasser toutes les cultures latino-américaines. Elle va d’ailleurs, dans un projet futur, s’intéresser au baile-funk brésilien, nous a-t-elle dit en entrevue. 

Sur son album Habita, elle a multiplié les collaborations avec des musicien-ne-s de tout le continent, du Costa-Rica au Chili. Elle fait partie d’un écosystème plus vaste de folktronica, qui gagnerait à être mieux connu chez nous. 

Pahua est indubitablement une artiste mexicaine à suivre. Et le public du Ministère a semblé apprécier au maximum.

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Afrique / kora

PAN M 360 aux Nuits D’Afrique 2024 | Tous unis par la kora

par Michel Labrecque

La kora est une des inventions africaines les plus fantastiques. Cette harpe à 21 cordes, faite de calebasse (une grosse courge très dure) et de peau de vache, inventée à la fin du 17e siècle, a permis aux griots d’Afrique de l’ouest de créer une musique complexe aux possibilités harmoniques très riches.

Mon premier contact auditif avec cet instrument s’est produit à l’été 1979 (ça ne me rajeunit pas…) dans un bar post-hippie de Olympia, aux Etats-Unis, lors d’une assemblée de radios communautaires. On y jouait le disque de Mandingo Griot Society et tous les gens à notre table ont arrêté de parler; certains se sont mis à danser. « Qu’est-ce que c’est que cet instrument, c’est si beau », s’est écrié quelqu’un. Nous avons dû faire nos recherches plus tard. À cette époque, il n y avait pas d’internet ni de téléphones cellulaires. 

À partir du milieu des années 80, la vague musicale africaine a déferlé sur l’occident, nous amenant de multiples kora dans son sillage.  

La Nuit de la kora est devenue un incontournable du festival Nuits d’Afrique. Pour l’incarner en 2024, qui de mieux que Prince Diabaté, surnommé le « Jimi Hendrix de la kora ». Originaire de la Guinée Conakry, issu d’une lignée de griots, ces journalistes chanteurs traditionnels  mandingues, Prince Diabaté est un innovateur de la kora, ayant parfois fusionné avec la modernité, la pédale WahWah, le rap et la musique symphonique. Le prince de la « kora alternative », dit-on. 

Toutefois, au Gésu, ce 14 juillet, Prince Diabaté s’est présenté dans une formule plus intime, en solo, avec sa kora toute rouge, avec son nom gravé dessus. Est-ce par manque de moyens ou par souci d’authenticité ? Peu importe, le résultat a enchanté le public, plutôt nombreux.

Prince Diabaté fusionne totalement avec son instrument. Il arrive à en extraire des notes inconnues, inédites, parfois en cascades, parfois en douceur. Il chante aussi d’une voix agréable, ou déclame des paroles de chansons traditionnelles ou des compositions. Il lui arrive aussi de taper sur la caisse de son instrument avec force, pour créer des surprises rythmiques. 

Pour moi, il y a quelque chose d’étrangement intemporel dans cette performance. Je ne peux pas l’expliquer. Ce son, basé sur des traditions séculaires, est étonnamment actuel. 

En première partie, le malien devenu montréalais Diely Mori Tounkara, s’est présenté pieds nu, avec un chapeau sur la tête. « On va avoir du fun ce soir », a-t-il dit d’entrée de jeu. Diely est moins flamboyant que Prince Diabaté, mais son jeu plus méditatif, utilisant beaucoup la réverbération, n’est pas dénué d’intérêt, bien au contraire. Cet artiste émérite de la diversité montréalaise nous a fait passer un excellent moment. Pour couronner la soirée, les deux musiciens ont joué ensemble, improvisant un après l’autre en alternance.

Le public, majoritairement blanc mais avec une importante composante africaine était gagné. Il n’y avait plus de couleurs, d’ethnies, de langues, de différences. Tout le monde était uni par la kora.

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dancehall / reggae

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Queen Omega, du haut de son trône

par Sandra Gasana

Willy B Rose était à l’animation lors du spectacle tant attendu de la Reine du Reggae, venue accompagner l’Entourloop avec qui elle collabore depuis plusieurs années déjà. À ma grande surprise, nous avons débuté avec Queen Omega, le public étant venu majoritairement pour voir le groupe français qui compte plusieurs fans à Montréal. 

L’icône du reggae Trinidadienne était accompagnée pour l’occasion par The Royal Souls, composés par Ons Barnat aux claviers, Thomas Broussard à la guitare, Thierry « Titi » Lechauve à la basse et David Dub Akom à la batterie.

Ce sont d’abord les musiciens qui préparent le terrain pour accueillir la Royauté sur scène, dont la voix se fait déjà entendre au loin. Et quoi de mieux que de débuter avec Fittest, tiré de son plus récent album Freedom Legacy, un des morceaux phares. Avec sa longue robe orange, et son turban légendaire qui fait sa signature, elle débarque sur scène telle une reine. Elle enchaîne sans transition avec Make a Sacrifice, durant lequel il y a eu un petit souci technique avec le micro, suivi de Judgement, avec la participation du public sur le refrain. Elle saute sur scène, fait des pas de militaires par moment, bref cette Queen est en bonne forme physique.

« C’est bon d’être ici Montréal », dit-elle en anglais, ne parlant pas la langue de Molière malgré ses nombreux séjours dans l’Hexagone. Sur Dirty Minds, elle parle de corruption qu’elle veut éradiquer avant de poursuivre avec Bite the Dust.
« Je sens votre énergie, merci beaucoup. C’est le temps du renouveau », annonce-t-elle.
Elle fait une magnifique reprise d’Amazing Grace, qu’elle a renommé Jahmazing Grace, en y ajoutant sa petite touche, mixant reggae et dancehall. Par moment, nous avions l’impression d’être dans une église aux États-Unis. Elle saute en l’air, danse avec le guitariste, parfois en transe, chantant Glory et terminant avec un Halleluia
Elle fait un saut en arrière dans le temps lorsqu’elle chante Ganja Baby, tiré de son album Away from Babylon, paru en 2004. « Bravo au gouvernement du Canada d’avoir légalisé la Ganja ici. L’herbe n’est pas une drogue, c’est une plante, mais il ne faut pas en abuser », rappelle-t-elle à l’audience qui semble apprécier ses paroles.
Elle est complètement en feu lors du morceau Elevate mais mon moment préféré de la soirée est sans aucun doute lorsqu’elle nous partage un nouveau son comme Head Above the Water, avec son message d’encouragement qui a suivi. « Même quand les choses semblent insurmontables, dites-vous que ça passera ! Ne baissez pas les bras ! », dit-elle sous des applaudissements d’appréciation.

« Est-ce que vous vous souvenez de I Can’t Breathe ? Vous vous souvenez de Black Lives Matter ? », demande-t-elle à la foule avant de jouer Elimination. Elle fait quelques pas de danse, fait même le robot à un moment donné, en plus de danser et sauter sur la scène. Une chose est sûre, cette reine a une présence scénique incontestable et est infatigable.
Elle ne pouvait pas partir sans rendre hommage aux femmes, ce qu’elle fait dans Black Woman. « Encouragez les femmes, aimez-les, vénérez-les ! » déclare-t-elle. Et en s’adressant directement aux femmes : « Femmes, gardez votre couronne sur la tête et gardez la tête haute ! Je vous aime. »

Elle a gardé le meilleur pour la fin, notamment le succès planétaire qui l’a fait connaître mondialement, le morceau No Love, suivi de Local, sur lequel elle se revendique comme une chanteuse internationale et une ambassadrice du Reggae. Cela a permis à la foule de se défouler à fond et d’être prêts pour L’Entourloop. 

Je suis restée sur ma faim car j’en voulais plus. Une heure de performance n’était pas assez pour les spectateurs venus voir Queen Omega. Espérons qu’elle reviendra pour un show complet très bientôt.

J’ai eu le temps de voir quelques minutes de l’Entourloop avant de partir. Je ne connaissais pas du tout le groupe ni le concept mais ce que j’ai cru comprendre, c’est qu’il s’agit d’un duo de DJ d’un certain âge, qui mixe des sons reggae mais aussi dancehall, dub, ragga, downtempo et hip-hop, accompagnés d’un trompettiste et deux MC qui animent la soirée en chantant et rappant principalement en anglais. La salle était principalement composée de français et sur l’écran derrière eux, des animations de toute sorte. Lorsque j’ai quitté le MTelus, le public avait l’air de s’éclater.

Crédit photo: Nuits d’Afrique

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afrobeat / funk / highlife

Festival International Nuits d’Afrique : Ibibio Sound Machine

par Jacob Langlois-Pelletier

La musique d’Ibibio Sound Machine « traverse les genres et dépasse les frontières musicales » (The Guardian, 2022). Diva aux multiples visages, Eno Williams régente de sa voix puissante, tantôt sauvage, tantôt sensuelle, tantôt plus formelle, ce groupe euphorisant aux sons bien touffus, pleins de surprise et hyperélastiques. Tension entre Funk ouest-africain agitée de Highlife et d’Afrobeat, post-Punk tendance New Wave et électro tout droit sorti des clubs branchés des grandes capitales, les rythmes d’Ibibio Sound Machine émergent de l’émulation entre des percussions impulsives, des cuivres étourdissants et des synthés analogiques issus d’un autre temps. Ibibio Sound Machine présente son album tout frais, « Pull The Rope ».

Ibibio Sound Machine’s music « crosses genres and musical boundaries » (The Guardian, 2022). A diva with many faces, Eno Williams’ powerful voice – at times wild, at times sensual, at times more formal – governs this euphoric group, whose sounds are full of surprises and hyper-elasticity. Tension between West African funk, highlife and Afrobeat, post-punk with a New Wave edge and electro straight out of the trendy clubs of the big capitals, Ibibio Sound Machine’s rhythms emerge from the emulation between impulsive percussion, dizzying brass and analog synths from another time. Ibibio Sound Machine presents its brand-new album, « Pull The Rope ».

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient des Productions Nuits d’Afrique et est adapté par PAN M 360.

Afrique / rap

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Def Mama Def : Deux sœurs en art !

par Sandra Gasana

C’est ce qui ressort du spectacle de Defa et Mamy Victory, aka Def Mama Def, hier soir au Ministère, lors de la 38ème édition du Festival Nuits d’Afrique. Le duo explosif féminin sénégalais de l’heure est bien plus qu’un duo, ce sont des soeurs en art. Vêtues d’une combinaison moulante à capuche, lunettes fumées, elles arrivent sur scène accompagnées par Simsa à la batterie et Mr No One aux platines.
Entre rap et chant, les deux artistes se complètent et dialoguent musicalement sur scène. « On n’a presque pas dormi cette nuit tellement on avait hâte », nous confie Mamy Victory, aux cheveux teintés de bleu pour l’occasion. En plus de chanter et rapper, elles dansent parfaitement bien, jouent des percussions, le tout avec une énergie électrisante. « La prochaine chanson est pour les amoureux » nous disent-elles avant de nous enseigner le lembel, une des nombreuses danses du Sénégal.

Devant un public encore timide, elles ont réussi à monter la température dans la salle sur le morceau Jigeen, qui signifie femme en wolof. Justement, elles s’adressent à la foule dans leur langue maternelle à quelques reprises, au grand plaisir des Sénégalais dans la salle. « Cette fois-ci, nous allons au nord du Sénégal », nous avertit Defa, qui nous fait des pas de danse de chez elle tout en faisant chanter le public. Les deux artistes se taquinent beaucoup surtout lorsqu’elles abordent la question épineuse des ethnies. « Y a pas que les Toucouleurs, y a aussi les Sérères », se défend Mamy Victory.

Autre moment fort de la soirée, lors du morceau Oh Maliko, sur lequel tradition et modernité se marient de manière fusionnelle. La deuxième partie du concert s’ouvre avec des percussions, puisqu’elles nous dévoilent leurs talents avec cet instrument. Les deux femmes reviennent sur scène munies de bâtons et on sent tout de suite que le niveau va monter en intensité. La complicité des deux femmes se ressent durant toute la performance. À travers des regards, des sourires, des chorégraphies improvisées, on sent qu’elles ont du plaisir à jouer ensemble, tel un yin et son yang, valsant entre douceur et dureté. Douceur à travers la voix mielleuse de Defa quand elle pousse la note, et dureté par moments lors des raps torrides de Mamy Victory.
Un autre moment électrisant est sans doute lors du morceau Dieuredieuf, paru en 2022, et qui signifie merci en wolof. « On va chanter pour toute l’Afrique », nous annoncent-elles, dans une ambiance aux airs de discothèque. On a même eu droit à une petite séance de cardio durant laquelle elles nous ont fait bouger les bras, avant de revenir aux percussions accompagnées par leur DJ, qui s’y est mis aussi. Mon coup de cœur restera Kalanakh, qui figure dans le EP Oh Maliko, qu’elles qualifient comme « sonnette d’alarme annonçant leur prochain album », lors de mon entrevue avec elles. En effet, 2025 sera l’année de Djar Djar, premier album du duo. Avant de clôturer leur spectacle, elles ont tenu à rendre hommage à tous les artistes qui ont frayé leur chemin avant elles, entre autres Positive Black Soul (PBS) ou encore l’Orchestre Baobab, pour ne nommer que ceux-là. Seule déception : la communauté sénégalaise n’a pas répondu présente en grand nombre pour accueillir les deux sœurs en art, mais on va dire que c’est leur premier concert, sûrement pas leur dernier à Montréal. D’ici là, le bouche à oreille fera son travail, je l’espère.

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Brésil / forró

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique | Alberto Salgado transforme le Balattou en laboratoire percussif

par Michel Labrecque

L’auteur-compositeur brésilien me l’avait dit en entrevue : « Je fais de la MPB, de la musique percussive brésilienne », faisant un jeu de mot avec la signification réelle de MPB (Musique populaire brésilienne). Nous avons pu constater, jeudi soir au Balattou, qu’il disait vrai. 

Le guitariste et chanteur originaire de Brasilia nous a offert un concert en deux parties, constitué très largement de morceaux de ses disques Além do Quintal et Cabaça de Agua, ainsi que de l’album à paraître Tutorial de Ebo. La température a rapidement monté dans le club dédié aux musiques du monde.

Alberto Salgado est entouré d’un groupe musical restreint : Marcelo Marinho au cavaquinho, Valerio Xavier au pandeiro (petit tambour) et autres percussions diverses, et un joueur de triangle (ben oui!) occasionnel. Cela tranche avec la multitude d’instruments, y compris électroniques, qu’on entend sur ces enregistrements studio. En revanche, les accompagnateurs débordent d’énergie communicatrice. De quoi alimenter la Place Ville-Marie en électricité!

Marcelo Marinho est le John McLaughlin du cavaquinho, cette guitare minuscule aux notes aiguës. Il multiplie les envolées en solo, dévalant les notes par dizaine à la seconde. C’est lui qui assure la fondation mélodique du groupe, avec la voix et la guitare d’Alberto Salgado.

La guitare de Salgado est très percussive, c’est ce qui nous ramène à cette idée de musique très axée sur le rythme. Il y a des rythmiques de forró, de samba, d’afro-brésilien, souvent très subtiles. C’est une force essentielle de la musique brésilienne, au-delà de la Bossa-Nova et des formes plus connues chez nous.

C’est ce qui a fait que le Balattou s’est transformé en laboratoire percussif. En plus des musiciens, tout le public battait du pied ou tapait sur la table ou sur ses cuisses. Celles et ceux qui ne tapaient pas se sont levés pour danser.

Alberto Salgado et ses musiciens parlent un anglais très limité, ce qui les a privés de nous partager leurs univers au-delà de la musique. Mais ça n’a pas empêché le public de sentir la communion et le désir de partage.

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