musique contemporaine

Ali Zadeh chez Molinari : une visite qui restera dans nos mémoires longtemps

par Frédéric Cardin

L’événement Le quatuor selon Ali Zadeh, organisé par le Quatuor Molinari et se déroulant sur trois journées, atteignait son point culminant samedi soir, le 15 février, à la salle du Conservatoire de Montréal. En présence de la compositrice, petite femme élégante de 78 ans, on y a écouté, probablement pour la toute première fois au monde, la totalité de ses quatuors à cordes d’une seule traite. Une totalité d’autant plus inédite qu’elle comportait la création d’une œuvre écrite spécifiquement pour les Molinari, son quatuor Farewell

ÉCOUTEZ L’ENTREVUE RÉALISÉE AVEC OLGA RANZENHOFER DU QUATUOR MOLINARI

Après une mise en bouche assez fournie et débitée à toute vitesse par l’artiste multidisciplinaire Nicolas Jobin, également ‘’spécialiste’’ de l’oeuvre de Franghiz Ali Zadeh, les sept quatuors de la compositrice azerbaïdjanaise ont été lancés dans un ordre non chronologique, contrairement à l’habitude du Quatuor Molinari dans ce genre d’événement. Une idée de Mme Ali Zadeh qui, je pense, s’est avérée heureuse car elle privilégiait une alternance entre les œuvres harmoniquement ‘’modernistes’’ et celles plus ouvertement ‘’folkloriques’’. 

Je ne résumerai pas ici chaque pièce, mais l’impression finale des nombreux auditeurs présents est probablement celle d’une fusion authentique, savante sans cérébralisme abscons, d’univers musicaux orientaux et occidentaux. Le langage des chants sacrés azéris, appelés mughams, est omniprésent dans la palette expressive d’Ali Zadeh, mais avec des variantes d’intensité et d’explicité selon les quatuors. Si Reqs (Danse) de 2015, et surtout Mugham Sayagi de 1993, son œuvre la plus célèbre (créée par le Kronos), sont fortement teintés de ce que des oreilles occidentales perçoivent comme de l’orientalisme évident, d’autres comme Dilogia (1974, rév. 1988), In Search Of… (2005), et même la création Farewell (2025) s’inscrivent plus fortement dans un sillage hérité de la modernité chromatique, voire carrément de la Seconde École de Vienne (Farewell est explicitement inspiré du Concerto À la mémoire d’un ange d’Alban Berg). Cela dit, même dans ceux-ci, l’âme d’une musique savante liée au chant sacré islamique demeure perceptible, pour qui sait écouter. 

C’est ainsi que l’on peut affirmer que la musique de Franghiz Ali Zadeh est une authentique fusion, un syncrétisme brillant, naturel d’autant plus que vécu personnellement par l’artiste tout au long de sa vie (la conférence de Nicolas Jobin fut, à cet effet, très éclairante). Cette musique est encore plus puissante dans son expressivité car Mme Ali Zadeh possède deux atouts majeurs supplémentaires : elle est d’abord une excellente narratrice musicale, qui sait raconter des histoires suffisamment focalisées pour planter un décor vivant, mais aussi laisser un espace interprétatif, autant pour les musiciens que pour les auditeurs, afin de permettre à chacun et chacune de s’y plonger avec une certaine liberté de perception. Deuxièmement, Ali Zadeh est une fine coloriste, qui utilise toute la palette, ou presque, des techniques cordistes telles le col legno battuto, les tremolos, les glissandos, les pizzicatos, les sourdines, etc. Ailleurs, les musiciens chantent, ou (dans Mugham Sayagi), jouent également des percussions, se déplacent sur scène et jouent en coulisses. Aussi, les rythmes utilisés par Mme Ali Zadeh, souvent exigeants mais propulsifs, finissent d’octroyer à sa musique une accessibilité contagieuse.

Pour cette facilité de réception, additionnée à un savoir académique élaboré et une complexité structurelle tout sauf obtuse, la proposition musicale de Franghiz Ali Zadeh est l’une des plus inspirantes de notre époque, peut-être l’une des plus porteuses d’avenir en création contemporaine.

Ce genre d’événement de stature mondiale (qui comprenait également deux journées précédentes de conférences et de discussions) est à marquer d’une pierre blanche car elle fera date. Le Quatuor Molinari nous a donné le genre de privilège que connaissent beaucoup mieux les mélomanes de Berlin, de Vienne ou de Paris. L’ensemble a pour cela bénéficié de l’appui d’un mécénat aussi clairvoyant qu’essentiel (la Fondation Famille Lupien, pour ne pas la nommer…), auquel nous sommes reconnaissant.

Je terminerai avec une flèche lancée à quelques ‘’concurrents’’ médiatiques (pardonnez-moi, mais vous comprendrez) : à ma connaissance, personne, ni de Radio-Canada, ni de La Presse, ni du Devoir, n’était présent. C’est dire le déplorable état culturel des grands médias traditionnels, incapables de saisir le caractère unique et historique de cet événement. 

baroque / classique occidental / musique contemporaine / période romantique

Les Violons du Roy et Kerson Leong : un temps de grâce

par Alexandre Villemaire

Non pas à Québec mais à Montréal, soit à la salle Bourgie que le premier concert de l’année 2025 des Violons du Roy a été présenté. Les désagréments de la météo ayant forcé le report des performances du 13 février au Palais Montcalm à une date ultérieure, c’est le public montréalais qui a pu entendre le violoniste Kerson Leong et la création en première mondiale de Found in Lostness de Kelly-Marie Murphy, à guichets fermés.

Le répertoire de la soirée était articulé selon une temporalité autour d’œuvres de Johann Sebastian Bach et Felix Mendelssohn. Réunir les figures de Bach et Mendelssohn dans un programme n’est pas une idée nouvelle ou novatrice, comme l’a très justement rappelé le premier chef invité Nicolas Ellis, aux commandes pour la soirée. Mendelssohn a en effet grandement contribué à faire redécouvrir la musique du cantor de Leipzig, alors que celle-ci avait été quelque peu oubliée au XIXe siècle, en présentant La Passion selon saint Matthieu à Berlin en 1829. Lui-même organiste, Mendelssohn a fortement été influencé par Bach, tout comme bien d’autres compositeurs qui voient en lui un maître spirituel.

La première œuvre au programme était la Symphonie pour cordes no 10 en si mineur de Mendelssohn. Composition de jeunesse – il avait quatorze ans quand il l’a écrite –, les influences sont clairement d’influences classiques dans le traitement des cordes, réminiscence de Haydn, mais la conduite des voix, notamment dans le premier mouvement, marqué Adagio, est éminemment bachienne.

D’ailleurs, ne pourrait-on pas y voir un clin d’œil à Bach avec le choix de cette tonalité de si mineur, la même que celle pour sa fameuse messe ? Pour le reste, la forme demeure classique, mais est émaillée du lyrisme et des changements de dynamiques passionnés, caractéristiques du romantisme. On entend clairement qu’il s’agit d’un jeune Félix qui explore un langage musical et qui n’a pas encore trouvé son style.

S’ensuit une interprétation sensible et méditative du choral pour orgue O Mensch, bewein’ dein Sünde groß [Ô homme, pleure ton péché si grand]. Tout en finesse, Nicolas Ellis a guidé les musiciens dans un univers intimiste et suppliant. L’arrangement pour cordes du compositeur allemand Max Reger (1873-1916) y confère un caractère feutré et plus intérieur où, jusqu’à la dernière note, nous sommes laissés dans un état de suspension. Un autre clin d’œil à l’héritage de Bach que d’y inclure Reger, lui qui aurait dit : « Bach est le commencement et la finalité de la musique ».

Quelle excellente idée de faire enchaîner sans interruption l’arrangement pour solistes et orchestre à cordes de l’aria « Erbarme Dich [Aie pitié, mon Dieu] » de La Passion selon saint Matthieu qui a vu l’entrée en scène du soliste invité de la soirée Kerson Leong avec la création de la compositrice canadienne Kelly-Marie Murphy, Found in Lostness. Avec un son d’une pureté exemplaire, Leong est accompagné de l’altiste Jean-Louis Blouin dans ce duo vocal qui perpétue la dynamique du choral précédent.  Les secondes qui se frottent les unes aux autres pour créer des dissonances magnifient l’imitation des pleurs de l’apôtre Pierre, pris de culpabilité après avoir renié Jésus.

La transition dans l’univers de Kelly-Marie Murphy se fait naturellement, l’esthétique de la pièce explorant le thème de la perte. L’œuvre s’ouvre sur des notes dans le suraigu, donnant un son glacial, après un solo de contrebasse de Raphaël McNabney exploitant exceptionnellement l’aigu de son instrument. La pièce prend alors son envol dans un élan énergique, faisant appel à des lignes mélodiques vives, à des techniques de jeu étendu aux violons imitant des cris stridents, à des accords tendus et des changements de dynamiques constants. Après ce parcours endiablé, le calme revient avec un tapis harmonique aux cordes sur lequel le violon de Kerson Leong brosse une ligne dissonante que le reste de l’orchestre rejoint légèrement. Cette finale nous a fait penser à The Unanswered Question de Charles Ives. Cohérente, accessible et engageante, elle mérite d’être entendue et surtout endisquée !

Après avoir présenté la musique du jeune Mendelssohn en ouverture, le concert s’est conclu avec sa dernière œuvre, le Quatuor à cordes en fa mineur, composé après le décès de sa sœur. Le langage de la maturité affirme un romantisme sans ambages où le développement des idées est plus développé, personnel et marqué par des lignes et des traitements orchestraux chargés d’émotions.

chant choral / classique occidental / musique de la Renaissance / période classique

9e de Beethoven, Montréal, il y a 200 ans…

par Alexis Desrosiers-Michaud

En ce jour de Saint-Valentin, nous avons eu droit à une première au concert de l’ensemble Caprice et de l’ensemble ArtChoral : la 9ᵉ symphonie de Beethoven sur instruments anciens, sous la direction de Matthias Maute.

Le programme initial devait présenter en ouverture la cantate méconnue Hiob de Fanny Mendelssohn-Hensel. En lieu et place, nous avons eu droit à deux pièces yiddish, soient, Yih’yu L’ratzon de Ernst Bloch et un air traditionnel nommé Oy dortn, ainsi que le célèbre Miserere de Gregorio Allegri.

Les deux pièces juives faisant intervenir la soprano Sharon Azrieli et son imposant vibrato. Agissant à titre de cantor, elle annonce des psalmodies et le chœur lui répond. On ne sait si c’est un problème de micro ou de projection, mais on l’entendait peu du fond du parterre. Reste que c’est fort joli, et que ça nous rappelle que cette musique juive et hébraïque est trop peu jouée dans nos salles de concert.

Le Miserere est un bijou de génie musical qui ne laisse pas droit à l’erreur. Malheureusement, des erreurs, il y eut. D’abord, les voix du quatuor perché dans les hauteurs de la Maison symphonique ne sont pas homogènes ; celles des hommes ne vibrent pas, alors que celles des femmes, si. Qui plus est, ce n’est pas toujours juste. Ensuite, il n’y a aucun changement de volume dans toute la pièce, et comme cette pièce se répète souvent, ça devient redondant et on en perd toute l’intimité. Puis, dans les psalmodies, les notes différentes sont accentuées par les choristes, au lieu d’être légèrement appuyées, et ce n’est parfois pas net dans les coupures et les consonnes. Bref, c’est une belle œuvre, mais qui aurait mérité un rendu plus conséquent.

Le vrai plaisir de la première partie réside dans la création de William Kraushaar, également choriste dans le pupitre des basses, Höre auf meine Stimme. Maute nous avait prévenus, la mélodie allait nous rester en tête, et c’est pour les bonnes raisons. Simple, sans être kitsch, répétée assez souvent sans trop qu’on s’en rende compte, elle est souple et expressive. L’accompagnement ne s’impose pas et laisse le chœur chanter en jouant le rôle d’un tapis harmonique. Si ce n’était de quelques accords dissonants du langage de Morten Lauridsen et de ses contemporains dans les passages a cappella, nous aurions placé cette œuvre entre les styles de Mendelssohn et de Schubert, et à notre première écoute, cette pièce semble accessible pour une majorité des chœurs amateurs. Vite, à quand la publication !

Selon le chef Maute, c’est la première fois à Montréal que la neuvième de Beethoven est jouée sur instruments anciens. Cela prend quelques minutes à s’adapter à ce nouveau son, mais c’est fort agréable et très réussi, malgré quelques écarts de justesse et de précision. Le son n’est pas gras, et les passages forte ne donnent pas l’impression qu’Obélix est en train de soulever le Sphinx, mais la tension est là. Dans le premier mouvement, que Maute dirige à une vitesse folle, on entend tous les éléments des dialogues musicaux, et le deuxième a vraiment l’aspect d’une danse, ce que l’on ressent peu chez beaucoup d’autres chefs. Cependant, la section médiane de ce mouvement est trop rapide et les vents ne suivent pas.  Le troisième mouvement n’est certainement pas adagio, mais très cantabile. On profite des phrases sans s’éterniser ou de tomber dans la lune.

Le dernier mouvement s’ouvre avec souplesse et légèreté. Enfin, les récitatifs des violoncelles/contrebasses ne sont pas trop lourds ! Et tout exalte avant l’entrée du chœur, avec le récitatif de la basse Dominique Côté. Mais dès que le chœur commence, quelque chose nous agace : une soprano perce plus que le reste de sa section, spécialement dans le suraigu, ce qui équivaut à dire presque tout le temps chez Beethoven. Une fois que ceci est ciblé par l’oreille, il est extrêmement difficile de l’ignorer. Ma voisine de siège, qui en fut aussi dérangée, m’a confié en fin de soirée que ce n’était pas la première fois que ça se produisait chez ce tandem. À corriger, si on veut éviter que le travail d’une personne vienne déséquilibrer une exécution rare et de haut niveau.

crédit photo: Tam Photography

musique contemporaine

M/NM | Le New European Ensemble ouvre la 12e édition

par Vitta Morales

L’ensemble néerlandais New European Ensemble a donné le coup d’envoi de la 12e édition du Festival Montréal/Nouvelles Musiques. Le concert d’ouverture, intitulé Dynamite Barrel, présentait le travail de compositeurs contemporains novateurs dont les pièces s’inscrivaient dans le thème de cette année : le mariage de la musique et de l’image. 

En me rendant à ce concert, j’ai supposé que cela signifiait que la musique évoquait des images, mais qu’en fin de compte, chaque auditeur était responsable de son propre imaginaire. Comme j’allais bientôt le constater, chacun des compositeurs invités exploiterait ce thème de manière légèrement différente. Les pièces sont conçues pour représenter des lieux, des évolutions sonores, des périodes historiques ou un mélange des trois. Parfois, cela a été fait, comme c’est souvent le cas lorsqu’il s’agit de nouvelle musique de chambre, en repoussant les limites des textures et des timbres, ce qui signifie qu’elles contiennent tous les passages fleuris, les techniques étendues, l’orchestration mixte et les moments sans métrique auxquels on peut s’attendre. Pour ceux qui trouvaient cela épuisant, la pièce Cyan Saturn, inspirée par Bitches Brew de Miles Davis, offrait un beau contraste, car elle contenait certaines formes de composition du jazz fusion, ce qui en faisait quelque chose d’un peu différent.

Quoi qu’il en soit, la plupart des pièces de la soirée associaient leur musique à des images projetées sur un écran et demandaient essentiellement aux musiciens du New European Ensemble de « composer » les images en direct. Dans un morceau, cela signifiait de recontextualiser de vieilles scènes des Looney Tunes ; à une autre occasion, un film de Bollywood ; et à la toute fin, un morceau de surf rock superposé à de la musique thaïlandaise sur fond d’ombres chinoises. 

Lorsque la structure musicale se transformait en ce que je considérerais comme des paysages sonores denses, pointillistes ou sans mètre, j’étais beaucoup plus tolérant à l’égard des cris et des grincements lorsque je pouvais voir qu’ils étaient en accord avec ce qui se passait à l’écran. Le cerveau est amusant de la sorte. À d’autres moments, j’ai eu l’impression que certains paysages sonores denses avaient fait leur temps. Je peux tout à fait admettre que la musique de chambre contemporaine pose des questions importantes sur les pratiques établies lorsqu’elle emprunte cette voie ; mon bémol est qu’il semble que ce soit toujours les mêmes questions. Et elles sont posées depuis plus de quelques décennies à ce stade. Dans l’ensemble, le New European Ensemble a interprété et nous a offert une musique très intéressante, mais je ne serais pas prêt à me précipiter à la table de vente de marchandise.

photos: Marie-Ève Labadie

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classique moderne / classique occidental

OSM | Payare et Weilerstein : passion à deux de Prokofiev à Ravel

par Alexandre Villemaire

En cette veille de Saint-Valentin, les 12 et 13 février, le cadre était on ne peut plus propice à réunir sur la scène de la Maison symphonique le couple formé de Rafael Payare et Alisa Weilerstein.

Si Daphnis et Chloé de Maurice Ravel peut volontairement être associé à l’idylle amoureuse, tant par son propos que par sa musique, la Symphonie concertante pour violoncelle de Sergei Prokofiev, avec son éclectisme, ses sons mordants et percussifs, pouvait apparaître comme décalée par rapport à l’esthétique du programme. Au contraire, les œuvres étaient d’une grande complémentarité au niveau du langage timbral, des dynamiques et de leur jeu passionné.

En première partie donc, la Symphonie concertante de Sergei Prokofiev. Écrite entre 1950 et 1952, cette œuvre en trois mouvements de la maturité du compositeur russe est un remaniement d’un précédent concerto pour violoncelle dont l’accueil fut vertement critiqué. Le langage de Prokofiev y est texturé et composite, faisant appel à tout l’entendu du violoncelle, de même qu’à des sonorités et des passages orchestraux et rythmiques qui rappellent le jazz. Au podium, nous avions un Payare toujours aussi fougueux, plus contenu que d’habitude dans sa gestique pour cette partition complexe où les interventions de l’orchestre sont véloces au niveau des textures et des techniques. La direction de Payare était précise et l’orchestre d’une grande intensité.  

Les deuxième et troisième mouvements (Allegro giusto et Andante con moto) nous ont particulièrement plu, respectivement pour leur virtuosité, leur usage d’effets orchestraux dynamique et leur accent folklorique pour la cadence du deuxième mouvement où Alisa Weilerstein démontre toute l’étendue de sa technique et des jeux possibles de son instrument avec une aisance évocatrice. Même si ce qui, à l’oreille, semble sonner faux est en fait bien calculé, écrit et transmis avec naturel. Les lignes de violoncelles sont aussi véloces que les traits d’orchestre, se mariant avec les différentes sections dans une orchestration riche et inventive. Sur scène, Alisa Weilerstein nous transporte dans un univers qui est le sien où elle ne fait pas que jouer la musique. Elle est la musique. Elle incarne un personnage telle une actrice sur une scène de théâtre où son expression faciale et ses gestes sont aussi signifiants que la musique qui l’accompagne. Elle a d’ailleurs été chaleureusement ovationnée par le public pendant plusieurs minutes.

La deuxième partie dédiée à la musique du ballet Daphnis et Chloé nous plongeait dans un monde onirique et coloré. Ici, Payare devient un peintre devant un canevas vierge qu’il peint avec précision. Même si on se trouve dans du répertoire qui est archi connu, voir se déployer les dynamiques et les couleurs imaginées par Ravel est toujours un ravissement. Intéressante disposition d’ailleurs que celle du chœur qui était installé plus en hauteur qu’à l’habitude pour cause d’enregistrement. Bel effet également que de faire entrer successivement les rangées de choristes lors de l’introduction pour simuler un effet de voix qui arrive du lointain et qui gagne en puissance. Petite critique : l’effet processionnel aurait eu encore plus d’impact si cette entrée avait été chantée sans partition ! Pour le reste, les interventions du chœur étaient excellentes, assurées avec un beau contrôle des nuances et des dynamiques. À l’orchestre, Rafael Payare danse sur scène et instigue vigueur et caractère aux différents effectifs orchestraux tant dans les moments les plus diaphanes que dans les passages tonitruants et cuivrés rappelant le langage de Georges Gershwin. L’interprétation des deux œuvres de cette soirée, étonnamment complémentaire et passionnée, méritait amplement les applaudissements nourris d’une Maison symphonique bien remplie et a donné à l’orchestre de beau matériel pour leurs prochaines sorties d’albums ; sorties que nous avons hâte de découvrir.

crédit photos: Antoine Saito

jazz

Mois de l’histoire des Noirs | Malika Tirolien et l’ONJM cassent la baraque

par Vitta Morales

Je ne passerai pas par quatre chemin pour dire que Malika Tirolien avec l’ONJM a été l’un des meilleurs concerts auxquels j’ai assisté. Nous ne sommes qu’en février, mais je pense qu’il s’agira de l’un de mes concerts préférés de l’année. Et la raison en est simple : jeudi à la Cinquième salle de la PdA, Tirolien et compagnie nous ont offert des interprétations fantastiques de chansons solidement conçues, rehaussées par les excellents arrangements de Jean-Nicolas Trottier.

Tirolien, armée d’une section rythmique, de trois choristes, d’un orchestre à cordes et de cuivres, a interprété des chansons de son album Higher, sorti en 2021, ainsi que quelques autres sélections issues d’un projet distinct appelé Gemini Crab. Les chansons de Higher, dans leur forme originale, sont déjà groovy, riches en synthétiseurs et très énergiques (en partie, sans doute, parce qu’elles ont été coproduites par Michael League de Snarky Puppy). Dans une entrevue avec Tirolien, notre collègue Varun Swarup s’est demandé avec beaucoup d’intelligence si ces chansons pouvaient devenir encore plus grandioses. La réponse est immédiate.

Ces arrangements, et en particulier l’utilisation des cordes, sont synonymes de légèreté et de flottement dans les moments les plus doux de la musique, mais ils sont également capables d’ajouter une densité et une dissonance satisfaisantes lorsque c’est nécessaire. Les cors, quant à eux, ont apporté une certaine puissance et un certain tonus, ce qui a rendu les moments les plus groovy encore plus agréables. Pour reprendre les mots de Tirolien, Jean-Nicolas « a trouvé le moyen d’élever la musique sans lui faire perdre son identité première ». Musicalement, le spectacle et les compositions contenaient un peu de tout.

Des grooves de quintuplets, un shuffle en 12/8, des solos de synthé, une bataille de saxophones, du rap politique, des notes aiguës, des changements de tempo créatifs, un solo de guitare déchirant et même une légère chorégraphie ont été vus avant la fin de la soirée. Et le plus important, c’est que tout a fonctionné. Cela a vraiment fonctionné. En parcourant mes notes, j’ai cherché à voir s’il y avait des commentaires critiques qui valaient la peine d’être mentionnés. En fin de compte, j’ai décidé qu’il serait un peu forcé d’inclure des remarques. En effet, ce que je retiens de cette soirée n’est pas « Wow, quel beau concert, mais il aurait été bon de nettoyer les éléments X, Y et Z ». Je me suis plutôt dit : « Quel concert exceptionnel de la part de toutes les personnes impliquées ».

classique moderne / classique occidental

Des échos d’Afrique qui résonnent bien

par Frédéric Cardin

Hier soir avait lieu le concert Échos lointains d’Afrique de l’Orchestre classique de Montréal, avec la soprano Suzanne Taffot. Au programme de cette soirée sous la direction musicale de Kalena Bovell, cheffe états-unienne originaire du Panama, des oeuvres de compositeurs afro descendants : le britannique Samuel Coleridge-Taylor, les États-uniens George Walker et William Grant Still, le Québécois David Bontemps et quelques spirituals issus du Sud.

Le plat principal de la soirée était la création du cycle de mélodies de David Bontemps, Le deuil des roses qui s’effeuillent. Ce titre évocateur provient de la plume du poète et auteur haïtien Jacques Roumain, dont nous commémorions le 80e anniversaire de décès en 2024. En neuf textes bellement mis en musique par Bontemps, la soprano Suzanne Taffot a donné vie à des paysages subtils et chaleureux, parfois mélancoliques, dans une langue musicale bien trempée dans les racines stylistiques du petit pays antillais. Lignes sinueuses, rythmes chaloupés, syncopés, mais dans une architecture sonore légère, sobrement déployée. Bontemps, en rendant ce bel hommage à ses propres racines haïtiennes, a par le fait même confirmé son statut d’étoile montante de la composition moderne québécoise. Nous aurions, cela dit, apprécié que les textes soient projetés sur le large mur vide derrière l’orchestre, afin de bien s’imprégner de toute la beauté de cette poésie inspirante, l’écriture vocale ne permettant pas toujours aux mots de s’épanouir avec toute la clarté potentielle. La voix de Suzanne Taffot est belle, avec un registre étendu qui démontre une aisance naturelle dans toutes les hauteurs. 

REGARDEZ L’ENTREVUE AVEC SUZANNE TAFFOT, À PROPOS DE CE CONCERT

Jolies Novelletten de Coleridge-Taylor, compositeur romantique britannique d’origine sierra-leonaise et très agréables Danzas de Panama de William Grant Still, avec leurs mélodies toutes simples mais traitées avec un sobre raffinement. C’est Lyric for Strings de George Walker qui a peut-être le plus impressionné, grâce à son pathos retenu, construit avec élégance. Une sorte d’Adagio de Barber, plus économe sur les affects. 

Quelques moments de pure grâce vocale ont complétés la soirée quand Suzanne Taffot est revenue sur scène pour interpréter quatre spirituals, chaleureusement arrangés par Moses Hogan et Hugo Bégin. Le public a été conquis, si ce n’était déjà fait, par ces Deep River, Give Me Jesus, Sometimes I Feel Like A Motherless Child et He’s Got the Whole World in His Hands.

Kalena Bovell a mené l’ensemble avec un investissement sincère, dans une direction mêlant précision et suggestivité émotionnelle. 

Soirée pleinement réussie devant une salle Pierre-Mercure comble (ce qui devrait suffire à remettre en question certaines affirmations qui critiquent les programmations basées sur la diversité en musique classique).

glam rock / humour / spoken words

Ninja Sex Party au MTelus

par Rédaction PAN M 360

Le duo new-yorkais de comédie musicale Ninja Sex Party propose des hymnes humoristiques et accrocheurs mêlant le rock des années 1980 et l’attitude glam metal à des grooves souvent synthétiques et orientés vers la danse. Composé de Danny Sexbang (Leigh Daniel Avidan) et Ninja Brian (Brian Wecht), le duo s’est construit une base de fans fidèles grâce à ses vidéos en ligne et à des albums comme NSFW (2011) et Strawberries and Cream (2013), tous deux classés numéro un au Billboard dans la catégorie Comedy Albums. Bien que l’humour et leurs personnages satiriques de héros nerds soient au cœur de leur projet, ils abordent la musique avec sérieux, comme en témoigne leur série d’albums de reprises Under the Covers, où ils apposent leur touche à la fois espiègle et sincère sur des morceaux de a-ha, Van Halen, Boston et bien d’autres.

New York musical comedy duo Ninja Sex Party make humorous, hooky anthems that combine ’80s rock and hair metal posturing with often synthy, dance-oriented grooves. Centered around their ironic alter egos, the duo of Danny Sexbang (Leigh Daniel Avidan) and Ninja Brian (Brian Wecht) have built a loyal fan base with their online videos and albums like 2011’s NSFW and 2013’s Strawberries and Cream, both of which hit number one on Billboard’s Comedy Albums chart. While humor and playing up their satirical, nerd-hero personae are their primary focus, they take their music seriously, as evidenced by their ongoing covers album series Under the Covers, in which they put their cheeky, yet still heartfelt stamp on tracks by a-ha, Van Halen, Boston, and others.

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Ce contenu provient d’AllMusic et est adapté par PAN M 360

country

Nate Smith au MTelus

par Rédaction PAN M 360

Nate Smith est un chanteur et auteur-compositeur country doté d’une voix chaleureuse et profonde, ainsi que d’un talent pour raconter les joies et les défis de la vie quotidienne. Il n’a connu le succès à Nashville qu’à sa deuxième tentative, après avoir reçu un rappel puissant de ce qu’il aimait dans sa ville natale. Sa musique, empreinte d’une forte charge émotionnelle, adopte une approche naturelle et discrète qui met en valeur la puissance de sa voix, tandis que l’honnêteté de son interprétation s’accorde avec la sincérité de ses textes. Il s’est d’abord fait connaître grâce à One of These Days, une chanson profondément personnelle devenue virale, avant d’enchaîner avec des succès indépendants comme Sleeve et Under My Skin, qui lui ont valu de signer avec Sony Music. Il a ensuite confirmé son talent avec I Don’t Wanna Go to Heaven, un tendre récit d’amour à long terme. En 2023, il a sorti son premier album éponyme Nate Smith, porté par le single Whiskey on You, classé au Billboard Hot 100 et Hot Country Songs. L’album s’est hissé dans le Top 30 du Billboard 200, suivi de l’EP Through the Smoke. En 2024, il a dévoilé son deuxième album, California Gold, mené par le single Bulletproof.

Nate Smith is a country singer and songwriter with a rich, warm voice and a gift for stories about the joys and challenges of everyday life. He didn’t find success in Nashville until his second try in Music City, after he was given a powerful reminder of what he loved about his hometown. Smith’s music is strongly emotional but has a natural, low-key approach that complements the strength of his instrument, and he communicates an honesty that meshes with the home truths of his lyrics. He first made a name for himself when his deeply personal « One of These Days » became a viral success, and independent hits like « Sleeve » and « Under My Skin » led to his signing with Sony Music and scoring another success with the tender tale of long-term love, « I Don’t Wanna Go to Heaven. » In 2023, he released his full-length debut, Nate Smith, anchored by the Billboard Hot 100 and Hot Country Songs single « Whiskey on You. » The album cracked the Top 30 of the Billboard 200 and was followed by the EP Through the Smoke. In 2024, he delivered his sophomore album, California Gold, led by the single « Bulletproof. »

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expérimental / opéra contemporain

Semaine du Neuf 2025 : TAK Ensemble – Star Maker / Love Songs & Ana Sokolovic par Kristin Hoff

par Rédaction PAN M 360

L’ensemble new-yorkais TAK, figure de proue de la musique expérimentale américaine, présente Star Maker Fragments, une œuvre inspirée d’un roman de science-fiction.
Cette œuvre mixte électroacoustique à la partition imaginative signée Taylor Brook, met en scène des extraits du roman révolutionnaire d’Olaf Stapledon Star Maker, paru en 1937. Le roman invite le lecteur à suivre un narrateur humain, projeté dans un voyage cosmique hors de son corps, qui explore les confins de l’espace et du temps. Brook transpose musicalement les sociétés imaginaires de Stapledon en déployant un langage sonore composé de lignes microtonales étendues et transcendantes.
En première partie, Kristin Hoff interprète Love Songs d’Ana Sokolovic.
Cet opéra intime sur le thème de l’amour explore, en 100 langues différentes, les diverses expressions de l’amour : de l’amour passionné à l’amour perdu, en passant par l’amour familial.

New York ensemble TAK, a leading figure in American experimental music, presents Star Maker Fragments, a work inspired by a science-fiction novel.
This mixed electroacoustic work, with its imaginative score by Taylor Brook, features extracts from Olaf Stapledon’s groundbreaking 1937 novel Star Maker. The novel invites the reader to follow a human narrator, projected on a cosmic out-of-body journey, as he explores the outer reaches of space and time. Brook musically transposes Stapledon’s imaginary societies, deploying a sonic language of extended, transcendental microtonal lines.
Opening the evening, Kristin Hoff performs Love Songs by Ana Sokolovic.
This intimate opera about love explores, in 100 different languages, the various expressions of love: from passionate love to lost love, and familial love.

Programme

Ana Sokolovic: Love Songs (2008) – 40’
Taylor Brook: Star Maker Fragments (2021) ~60′
(création canadienne)

Program

Ana Sokolovic: Love Songs (2008) – 40’
Taylor Brook: Star Maker Fragments (2021) ~60”
(Canadian Premiere)

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Ce contenu provient du Vivier et est adapté par PAN M 360

avant-garde / Musique de création

Semaine du Neuf 2025 : Quatuor Bozzini – Effusione d’Amicizia

par Rédaction PAN M 360

Le Quatuor Bozzini célèbre ses 25 ans avec des créations de trois compositeur-ices d’exception: Michael Oesterle, Linda Catlin Smith et Martin Arnold.
Depuis sa fondation, l’ensemble a tissé des liens étroits avec ces compositeur-ices d’avant-garde. Ce concert sera l’occasion d’assister à la création de plusieurs œuvres, notamment 3-Way Cotillion, un sextuor de Martin Arnold, où on retrouve la fascination du compositeur pour la musique ancienne, les traditions folk et l’influence des musiques psychédéliques. Michael Oesterle, rencontré au Forum du NEM en 1996, est à l’origine d’une longue collaboration avec l’ensemble, qui présentera son Quatuor no 4, cinquième œuvre écrite pour le Bozzini. Quant à Linda Catlin Smith, compositrice établie à Toronto, elle a créé la pièce Reverie spécialement pour l’occasion. Sa musique a été décrite par The Guardian comme « lente et tranquille, mais aussi luxuriante, réminiscente de Couperin et Debussy. »

Quatuor Bozzini is celebrating its 25th anniversary with creations by three exceptional composers: Michael Oesterle, Linda Catlin Smith and Martin Arnold.
Since its foundation, the ensemble has developed close ties with these avant-garde composers. This concert will feature the premiere of several works, including 3-Way Cotillion, a sextet by Martin Arnold, which reflects the composer’s fascination with early music, folk traditions and the influence of psychedelic music. Michael Oesterle, who they met at the NEM Forum in 1996, has enjoyed a long collaboration with the ensemble, which will present his Quartet No. 4, the fifth work written for Bozzini. Toronto-based composer Linda Catlin Smith has created Reverie especially for the occasion. Her music is described by The Guardian as “slow and quiet, but also lush, reminiscent of Couperin and Debussy”.

Programme

Linda Catlin Smith: Reverie (2025) – 20’ (création)
Martin Arnold: 3-Way Cotillion (2021) – 20’ (création)
Michael Oesterle: String Quartet No. 4 (2019) – 26’ (création montréalaise)

Program

Linda Catlin Smith: Reverie (2025) – 20’ (creation)
Martin Arnold: 3-Way Cotillion (2021) – 20’ (creation)
Michael Oesterle: String Quartet No. 4 (2019) – 26’ (Montreal creation)

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immersion / musique acousmatique / Musique de création

Semaine du Neuf 2025 : Musiques & Recherches – Vous avez dit musique acousmatique?

par Rédaction PAN M 360

Une plongée de trois heures dans l’univers de la musique acousmatique, immersive et spatialisée en temps réel, avec le résultat de plusieurs décennies de collaboration entre la Belgique et le Québec.
Julien Guillamat et Annette Vande Gorne présentent des œuvres imaginées au sein des studios multiphoniques de Musiques & Recherches en Belgique. En première partie, Annette Vande Gorne, figure emblématique de la musique acousmatique, présente Vox Alia, un cycle de cinq pièces autour de la voix, premier vecteur émotionnel et musical, support ancestral de toute communication. En deuxième partie, Julien Guillamat interprète sa dernière composition, Altitudes, puis un extrait de sa Symphonie de l’étang, une œuvre sonore immersive basée sur le paysage sonore de l’étang de Thau. Les œuvres de Francis Dhomont, Piazza, Ana Dall’Ara-Majek et Robert Normandeau témoignent également des échanges entre Montréal et Musiques et Recherches.

A three-hour immersion into the world of acousmatic, immersive and spatialized music in real time, with the result of decades of collaboration between Belgium and Quebec.
Composers Julien Guillamat and Annette Vande Gorne present works imagined in the multiphonic studios of Musiques & Recherches in Belgium. In the first part, Annette Vande Gorne, an emblematic figure in acousmatic music, presents Vox Alia, a cycle of five pieces based on the voice, the primary emotional and musical vector, and the ancestral medium of all communication. In the second half, Julien Guillamat performs his latest composition, Altitudes, followed by an extract from his Symphonie de l’étang, an immersive sound work based on the soundscape of the Etang de Thau. Works by David Piazza, Ana Dall’Ara-Majek and Robert Normandeau also testify to the exchanges between Montreal and Musiques et Recherches.

Programme

Francis Dhomont : Vol d’arondes (1999)
Annette Vande Gorne : Vox Alia I — Affetti (1992-2000)
Annette Vande Gorne : Vox Alia II — Cathédrales (2021)*
Annette Vande Gorne : Vox Alia III — Vox intima (2022-23)*
Annette Vande Gorne : Vox Alia IV — Vox populi (2023)*
Annette Vande Gorne : Vox Alia V — Vox naturæ (2024)*
Entracte
Julien Guillamat : Altitudes (2024)*
Julien Guillamat: Symphonie de l’étang, 2nd Mvt (2023)*
David Piazza : Clameurs et agrégats place de Ransbeck (2022)*
Ana Dall’Ara-Majek: Xylocopa Ransbecka (2017)
Robert Normandeau: Rumeurs place de Ransbeck (1987)
*création canadienne

Program

Francis Dhomont : Vol d’arondes (1999)
Annette Vande Gorne : Vox Alia I — Affetti (1992-2000)
Annette Vande Gorne : Vox Alia II — Cathédrales (2021)*
Annette Vande Gorne : Vox Alia III — Vox intima (2022-23)*
Annette Vande Gorne : Vox Alia IV — Vox populi (2023)*
Annette Vande Gorne : Vox Alia V — Vox naturæ (2024)*
Entract
Julien Guillamat : Altitudes (2024)*
Julien Guillamat: Symphonie de l’étang, 2nd Mvt (2023)*
David Piazza : Clameurs et agrégats place de Ransbeck (2022)*
Ana Dall’Ara-Majek: Xylocopa Ransbecka (2017)
Robert Normandeau: Rumeurs place de Ransbeck (1987)
*Canadian premiere

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