électronique / Musique contemporaine / pop

Habitat Sonore: salle d’écoute au Centre Phi

par Rédaction PAN M 360

Faites abstraction des bruits extérieurs et plongez dans l’une des rares salles d’écoute audio spatial à Montréal.

Les artistes:
Daft Punk
KALLITECHNIS
Playlist avec des artistes de Montréal


POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient du Centre Phi et est adapté par PAN M 360

cumbia / folk / rumba congolaise / soukouss

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Dernière soirée à saveur congolaise et colombienne

par Jacob Langlois-Pelletier

Dimanche vers 18h au Festival international Nuits d’Afrique, c’était au tour de Blaise LaBamba, artiste originaire du Congo-Kinshasa et installé à Montréal depuis 1999, de monter sur la grande scène extérieure. D’entrée de jeu, les intentions du récipiendaire du Syli de Bronze en 2022 étaient claires; LaBamba allait faire danser les gens présents sur des airs contagieux de rumba congolaise, zouk et soukous.

En spectacle, l’ancien membre du Big Stars du Général Defao est accompagné par de nombreux musiciens, danseurs et choristes. Les différentes propositions du Congolais sont agrémentées de guitare, batterie, claviers, synthétiseurs, percussions ainsi que de nombreux coups de sifflet. Ces derniers dictent les nombreux déhanchements des danseurs sur scène et gens présents dans la foule.

Le rythme effréné de la prestation a certainement su charmer l’impressionnant amas de festivaliers aux abords de la scène TD – Radio-Canada. En tapant des mains à de nombreuses prises, la foule a manifesté son appréciation des longues envolées instrumentales de Blaise LaBamba et sa formation. Difficile de demander une offrande plus festive pour lancer cette dernière soirée d’activité du FINA 2024.

Place à la cumbia avec Stephanie Osorio

Après s’être éclatés avec Blaise LaBamba, les amateurs sur place ont eu droit à une proposition plus douce et maîtrisée de la part de Stephanie Osorio, Colombienne et Québécoise d’adoption. Établie au Canada depuis 2010, l’autrice-compositrice-interprète roule sa bosse depuis plus d’une décennie et a récemment récolté le fruit de ses efforts. En plus d’avoir été sacrée « artiste féminine de l’année » aux Latin Awards Canada en 2022 et 2023, Osorio a brillé à l’international grâce à sa contribution sur la chanson thème de la populaire série américaine The White Lotus.

En mars 2023, elle a fait paraître Fruta del Corazón, son premier album solo au confluent de la cumbia, la pop, la folk et l’afro-latin. C’est d’ailleurs en grande partie des morceaux issus de ce projet qu’elle a fait découvrir lors de son spectacle.

Vêtue d’une longue jupe colorée, Osorio est en pleine confiance sur le plateau, maracas ou guitare dans les mains. À l’instar de LaBamba, la chanteuse est bien entourée; saxophone, basse, guitare, batterie, percussions diverses et flûtes se font bien bien sentir. Quelques minutes après son entrée, la Colombienne a comparé sa musique à un fruit. « Il y a beaucoup de saveurs et d’odeurs différentes dans ce que je fais », explique-t-elle.

Bien qu’elle puise une partie de son inspiration au cœur de ses racines carthaginoises, Osorio incorpore de nombreux éléments actuels à sa musique. Vers la fin de son passage sur la scène Loto-Québec, la chanteuse a offert un superbe moment a cappella. Admirative, la foule s’est tue, se laissant bercer par sa voix feutrée.

Sans flafla ni paillettes, Stephanie Osorio a su nous faire voyager là où il fait très chaud, définitivement plus qu’à Montréal en cette soirée de juillet.

Crédit photo: André Rival

Afrique / musique traditionnelle d'Afrique centrale

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Les Aunties, de Ndjamena à Montréal

par Sandra Gasana


Neuf femmes, tout à fait ordinaires, à l’image d’autres femmes tchadiennes, des mamans, toutes habillées d’une jupe orange et d’un haut noir, assises en forme de cercle, chacune avec son micro et sa calebasse.


D’ailleurs, elles massent toujours leurs calebasses avant de taper dessus. Et malgré une pluie forte dès les premières minutes du concert et pendant une bonne partie, le public est resté au rendez-vous, avec leur parapluie ou leur imperméable, pour ceux qui avaient prévu le coup.

Selon les chansons, il y en a une qui se met à chanter, pendant que les huit autres répondent à l’unisson. Parfois, elles marchent en rond avec une qui chante et les autres qui font les chœurs. D’autres moments, l’une d’elles chante, une autre se met à danser autour d’elle, et les autres restent derrière. Bref, nous avions plusieurs configurations sur scène mais toutes captivaient l’attention du public fasciné de voir ses dames d’un certain âge sur scène.

Juste à côté de la scène, je pouvais voir la grande star du Tchad Afrotronix, venu encourager ses compatriotes. Ce n’est qu’à la fin du spectacle qu’on apprend qu’il est à l’origine de ce groupe. « C’est un mouvement qui commence. On a grandi en voyant nos mamans, ce sont ces femmes qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui », dit-il en mentionnant au détour que sa maman est dans le public.

Les Aunties parlent souvent des femmes et de leur droit à l’éducation dans plusieurs morceaux ce soir-là ainsi que de violence conjugale. « Femmes de Montréal, comment ça va ? » demande l’une, en remplaçant ensuite Montréal, par Kinshasa, Cameroun et Ndjamena. Et à ce moment-là, nous entendons des applaudissements dans la foule et on comprend vite que la communauté tchadienne de Montréal est présente en force.

À un certain moment du spectacle, elles portent toutes une tenue traditionnelle du Tchad, par-dessus leur jupe initiale et continuent à chanter ensemble, assises ou debout, avec ou sans calebasse, en cercle ou en rangée. Lors d’un morceau, dont j’ignore le titre, la musique est plus calme et elles se mettent en rangée comme si elles allaient faire une prière à la mosquée, avant d’enlever cette tenue traditionnelle et revenir à la tenue initiale. Parfois, l’une d’elles se met au centre, et toutes les femmes autour l’encerclent, s’adressent à elle avec bienveillance et chantent pour elle visiblement.
Chacune prend la parole à un moment donné du concert et s’adresse au public dans sa langue maternelle. Et c’est là qu’Afrotronix joue le rôle de traducteur pour traduire les propos vers le français.
Mais cette fois-ci, l’une des femmes s’adresse directement en français aux femmes dans la foule : « Je vous encourage à aller à l’école, à avoir de l’argent avant de vous marier. Comme cela, vous serez respectée. Si vous n’êtes pas d’accord avec quelque chose, vous dîtes :
ça non !», dit-elle sous les applaudissements de la foule. On voit bien que ces femmes n’ont pas peur des mots et qu’elles parlent en connaissance de cause dans leur volonté de briser le silence.
À partir de ce moment, c’était la folie sur scène : nous avons assisté à des performances de danses de plusieurs membres de la communauté tchadienne qui sont venus faire des pas de danse traditionnelle, au centre du cercle formé par les Aunties.
Le pas qu’ils faisaient souvent consiste en des mouvements saccadés d’épaules et de poitrine, un peu comme le Eskesta d’Éthiopie.
Un percussionniste s’est également mis de la partie en improvisant sur un des morceaux tandis qu’une des Aunties était aux platines, casque sur la tête avec une console devant elle. Par moment, Afrotronix venait régler des boutons sur la console de la DJ Aunty. En effet, c’était toute la communauté artistique tchadienne qui était dans la place et qui a contribué au succès de ce groupe original samedi soir. Morale de l’histoire : Il n’y a pas d’âge pour suivre ses rêves. Si les Aunties l’ont fait, alors tout le monde peut le faire.

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Afrique / afro-soul / hip-hop

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Une pluie de bénédiction pour Fredy Massamba

par Sandra Gasana

La pluie est souvent associée à une bénédiction dans plusieurs cultures africaines et sûrement dans d’autres parties du monde. Ce samedi soir, alors que le concert tirait à sa fin, la pluie a peut-être éloigné certains festivaliers qui sont allés se mettre à l’abri, mais plusieurs sont restés jusqu’au bout du tout premier concert de Fredy Massamba à Montréal. 
Pour l’occasion, il s’était accompagné de celui qu’il nomme le « maitre », Donald Dogbo à la batterie, de Willie Bareto au clavier, de Christian Obam à la basse, Charles William Mpondo à la guitare, Hendry Massamba, aux chœurs et aux percussions et Floric Kim également aux chœurs. Les deux choristes étaient arrivés il y a trois jours de Brazzaville pour l’occasion. Et quelle bonne idée c’était de les inclure dans ce spectacle!

Dès le premier morceau, il nous plonge dans son univers, avec en son centre le tambour, ou Ngoma, titre qui figure dans son plus récent album Trancestral. « J’ai trois albums à mon actif : Ethnophony, Makasi et Trancestral », rappelle-t-il à la foule. « Je vous invite à faire un voyage ensemble entre Bruxelles, Brazzaville, Kinshasa en passant par Douala, Ndjamena et ici à Montréal ! », ajoute-t-il.
Il fait ensuite un retour en arrière dans le temps avec Zonza, qui figure dans son premier album Ethnophony , beaucoup plus groovie et qui se prête bien pour une performance dans le cadre d’un festival.

On sent que Fredy affectionne particulièrement le continent africain. Il en parle dans plusieurs chansons, il en énumère plusieurs et porte d’ailleurs une chemise blanche avec des cartes de l’Afrique dessus. Le choix des deux choristes a été très judicieux puisqu’ils contribuent énormément au succès de la formation. Ils font un travail remarquable sur scène, on sent leur complicité avec Fredy, qui semblait apprécier leur présence.

Il mentionne les femmes du Kivu, de Goma dans le morceau Bidilu Bio, et dénonce « cette guerre qui n’a aucun sens ». Cette chanson commence de manière douce, mettant en évidence la voix soul de l’artiste, et soudain on s’en va vers du reggae, ce qui donne envie de bouger malgré le sujet sensible. De plus en plus à l’aise sur scène, il donne à son tour l’espace aux choristes (sapés comme jamais) de briller, ayant des occasions de faire des couplets à tour de rôle, tout en faisant participer le public.

« On m’a dit que je dois chanter une chanson d’amour.  D’où je viens, au Congo, on a Koffi Olomidé, Fally Ipupa, Lokua Kanza. Ce n’est pas ça qui manque, des chansons d’amour », dit-il devant un public souriant, avant d’entonner Makwela.
On découvre ses talents de rappeur sur le morceau Nkembo mais le moment le plus touchant est lorsqu’il nous propose d’inviter Papa Wemba (Paix à son âme) sur scène.

Il s’en va le « chercher » dans les coulisses et nous donne l’impression qu’il revient sur scène avec le grand artiste qui nous a quitté il y a quelques années. Son imitation est remarquable et émeut les festivaliers qui connaissaient la grande star congolaise. Fredy nous partage d’ailleurs qu’il a toujours voulu faire un featuring avec Papa Wemba mais qu’il n’en a jamais eu l’occasion. D’où le geste symbolique.

Et c’est après ce moment rempli d’émotions que la pluie s’est abattue sur la scène Radio-Canada (Coïncidence ? Je ne crois pas) C’est d’abord les choristes et Fredy qui entrent ensemble sur le morceau Zua Idée, avant d’être suivis par tous les musiciens. « Même dans la pluie vous êtes là ! » dit-il avec gratitude. On voit le professionnalisme des musiciens lorsqu’une situation comme cela arrive. Le groupe a poursuivi le spectacle comme si de rien n’était, Fredy chantait avec la même fougue. Les spectateurs n’ont pas été découragés par la pluie, bien au contraire, ils attendaient impatiemment que ça s’arrête pour retourner danser. Et c’est ce qu’ils font pour la dernière chanson du spectacle, Ntoto, durant laquelle il sort sa fameuse bouteille sur laquelle il s’amuse à souffler et dont on avait parlé lors de notre entrevue quelques jours plus tôt (PAN M 360 aux Nuits d’Afrique | Fredy Massamba, un Congolais (de Montréal) sur 3 continents – PAN M 360). Et c’est ainsi que se clôture le tout premier spectacle de Fredy Massamba, béni par une pluie d’été.
« Merci à Nuits d’Afrique, à mon papa Touré, mes amis, ma famille, RFI, Hangaa Music, Vanessa Kanga, et vous, en train de me regarder en pleine pluie. »

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Maghreb / musique kabyle / rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Numidz : Quand la Kabylie rocke !

par Michel Labrecque

Numidz est un groupe de la Kabylie algérienne qui a choisi d’immigrer à Montréal. Ne confondez surtout pas la Kabylie berbère avec la culture arabe. Bien qu’étant privée de pays, la Kabylie a son drapeau, présent sur la scène, et sa propre langue, reconnue très tardivement par l’Algérie.

Numidz compte cinq musiciens et une chanteuse. Le groupe, bien qu’influencé par les musiques traditionnelles kabyles, aime le rock, s’inspirant en particulier d’un vieux groupe underground kabyle, les Abranis. 

C’est vraiment cet aspect qui démarque le groupe de ce ce qu’on peut entendre provenant d’Algérie. Et qui a interpellé la foule très hétéroclite, avec une composante kabyle et algérienne minoritaire, mais très présente avec ses « youyouyou » à répétition.

On comprend que leur décision d’immigrer n’a pas été facile, mais que les membres de Numidz s’épanouissent à Montréal. Ils étaient visiblement ravis de performer à l’extérieur, ainsi que de l’accueil du public. 

Numdiz est un groupe engagé : nous avons pu entendre un chant féministe, un hommage à Nelson Mandela, un hymne à la liberté des peuples, ainsi qu’une chanson d’Idir, le grand chanteur emblématique de la Kabylie qui nous a quittés il y a quelques années. 

Mais c’est quand il rock intensément que Numidz fait vraiment sa différence et affiche son intensité. Je n’ai pu m’empêcher de penser qu’au même moment, à Milwaukee aux Etats-Unis, Donald Trump allait bientôt s’adresser à son parti républicain pour dénoncer la vague d’immigration qui fait hausser la criminalité dans son pays. Une affirmation contredite par les statistiques. 

Car sur la scène extérieure de Nuits d’Afrique, au moment où Numidz s’est lancé dans un rock-funk dansant, cinq femmes asiatiques se sont mises à danser frénétiquement en souriant. Tout près, le papa d’un couple racialement mixte apprenait à sa petite fille métisse à danser. Un couple lesbien se regardait dans les yeux, juste à côté de jeunes filles voilées qui se dandinaient. 

Pauvre Donald Trump. De toute évidence, la foule ici n’est pas de son côté…

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Afrique / bikutsi / makossa / pop-rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Valérie Ékoumè : un party afro-rock multiculturel

par Michel Labrecque

Ce 18 juillet, un grand ventilateur naturel a mis fin à la canicule montréalaise en quelques heures. Mais il faisait très chaud au concert de la franco-camerounaise Valérie Ékoumè, parce la dame sait comment faire monter la température lors de sa prestation. Et pas à peu près !

La chanteuse l’a dit en entrevue à mon collègue Frédéric Cardin : elle aime bien l’accueil que Montréal et d’autres endroits au Canada lui font. Et elle nous le rend bien. Après quinze minutes, elle avait la foule dans sa poche et pouvait nous faire danser et chanter à sa guise. L’ancienne collaboratrice de Manu Dibango et de Youssou Ndour vole maintenant de ses propres ailes et les déploie vers les plus hauts sommets. 

La chanteuse, parfois claviériste et batteuse, est entourée de deux musiciens en costumes rouge avec des masques de têtes d’éléphants, un guitariste et un batteur décomplexés, utilisant autant les techniques pop-rock que les rythmes Makossa, Bikutsi et Esséwé. Nous sommes immergés dans l’Afro-pop trépidante, comme en témoigne son dernier disque de 2022 Monè.

Mais c’est Valérie Ékoumè, avec sa voix puissante mais capable de nuances et sa présence scénique, qui règne sur la foule, comme une reine. Mais une souveraine bienveillante et engagée, notamment contre les inégalités en Afrique. 

Elle a chanté une magnifique balade, qu’elle nous a ensuite traduite en français. Ça raconte l’histoire d’une famille de migrants africains qui a perdu une enfant lors de leur périple d’immigration illégale. Une Italienne, qui a accueilli la petite fille, est parvenue à retrouver la famille pour leur redonner l’enfant. « C’est une belle histoire, non ? », nous a dit Valérie. 

Sur scène, les arrangements musicaux sont moins subtils que sur disque. Mais ce manque est compensé par l’énergie incroyable du trio. Je suis allé devant la foule pour constater que le party était solidement pris. Encore une fois, une foule multiraciale et multigénérationnelle qui dansait à fond.

Certains politiciens nationalistes québécois auraient intérêt à venir faire un tour aux Nuits d’Afrique. Il y avait là une foule, très majoritairement francophone, qui parlait peut-être une autre langue à la maison.

Lors d’une pause, une Québécoise d’origine haïtienne m’a confié que, suite à certaines déclarations récentes de politiciens québécois, un espace raciste s’est libéré. Que, parfois, elle entend des gens cracher quand elle se déplace; elle ne pense pas que c’est un hasard.

Les Nuits d’Afrique sont un antidote à tout cela. Valérie Ékoumè aussi. 

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salsa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | La salsa de feu d’Andy Rrrrrrubal

par Frédéric Cardin

Andy Rubal fait carrière depuis à peine 10 ans, mais a déjà titillé les oreilles des amoureux de la salsa. Ce gradué de l’Instituto Superior de Arte de La Havane en 2013 a récolté une nomination pour son premier album aux Cuba Disco Awards en 2017, dans la catégorie Meilleur album de salsa. Il s’est installé peu après à Montréal et a immédiatement intégré l’écosystème musical québécois en réalisant un duo avec Florence K. La salsa de Rubal entendue hier au Club Balattou est classique, voire prévisible, mais bon sang qu’elle allume la scène et le public. Rubal (Rrrrrrrrubal!) maîtrise l’énergie et la direction de son scénario artistico-musical avec une remarquable assurance. On comprend aussi pourquoi il a si rapidement trouvé des amis dans la communauté artistique de la métropole : il déborde de charisme, mais aussi de sincérité. Il s’est récemment produit dans la revue Les nuits de La Havane au Casino de Montréal. Peu de doute que le Québec au complet le reconnaîtra dans la rue d’ici peu. Excellence des musiciens de son ensemble, même en format réduit par rapport à son offre habituelle. Aye aye aye!

Afrique / afro-rock

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 | Jimmy Belah : bel afro-folk qui manque parfois de panache

par Frédéric Cardin

Jimmy Belah est le leader du BIM (Bénin International Musical), spectaculaire assemblage de traditions béninoises, de pop, rock, hip hop, qu’on pourra entendre le 19 juillet sur la scène du Parterre du Quartier des spectacles. Ne manquez pas ça. Mais ce n’est pas pour ça que je vous parle de Jimmy ici. L’excellent multi instrumentiste (guitare, batterie, harmonica) et très bon chanteur poursuit également une carrière en formation épurée, le Jimmy Belah Trio. C’est cet avatar qu’on a entendu hier soir au Balattou. Avec sa proposition toute simple en réduction de trois guitares (Belah switche parfois à la batterie, ou s’ajoute un harmonica), l’artiste offre une séductrice afro-folk, en général douce et aérienne. Disons dans un rapport des deux tiers de la perfo divisée en deux sets. Pour peut-être un quart, il allume un peu la mèche avec un afro-rock teinté de blues et de funk, puis pour quelques numéros égrenés ici et là, il met le feu grâce à un rock pesant et bien lancé. Une pièce, pour ma part, s’est détachée de l’ensemble : une généreuse expression de musique traditionnelle, voix et percus that’s it, qui a transporté le public dans une fête de village authentique. On y était, subjugués. J’en aurais pris plus. Rien à dire sur la qualité musicale : Belah possède une très belle voix, juste, posée, agréable. Il joue bien de la guitare acoustique, encore mieux de la batterie. Yaovi Atcho à la guitare électrique et Babatoundé Boni Obinti à la basse : convaincants. Je noterai, cela dit, un bémol de présence scénique. La présentation manquait souvent de conviction, comme si on n’avait pas vraiment envie d’être là. Dans sa relation avec le public, Jimmy était fade, comme en retrait. Plusieurs transitions semblaient approximatives et manquaient de coordination. Au début, je pensais assister au sound check. Dommage, car il s’agit de belle et bonne musique. J’ose présumer que le BIM aura une tout autre attitude vendredi. 

latino / salsa

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Athenea, la femme aux multiples racines

par Sandra Gasana

« Je suis née à Cuba, mais en fait je suis un quart Éthiopienne, un quart Haïtienne, un quart Chilienne et un quart Espagnole », nous apprend-elle en plein milieu de son spectacle. En effet, la Lady in Red de la tête au pied (je n’exagère pas, même ses cheveux étaient rouges) nous a charmés lors de son passage au Festival Nuits d’Afrique, en extérieur.

Débarquant avec une panoplie de musiciens sur scène, incluant son mari Ricardo aux claviers, directeur musical du groupe et un excellent pianiste, elle nous en a mis plein la vue dès son entrée sur scène. Elle est accompagnée d’un percussionniste, d’un batteur, d’un saxophoniste et deux trompettistes et un guitariste. Elle décide d’ailleurs d’ouvrir avec une reprise de Gloria Estefan, Mi Tierra mais heureusement, elle enchaine avec une de ses compositions. Et c’est là qu’on découvre ses talents de percussionniste et de danseuse, en plus de jouer des maracasses.

« La prochaine est une composition à moi, Amarga Gloria, et ça parle de la contradiction qui existe avec l’immigration. On pense que tous nos problèmes seront résolus mais on va rencontrer d’autres problèmes ici. 

Elle alterne entre salsa, cumbia, et change parfois de rythme dans la même chanson, ce qui rajoute de la richesse et du relief au morceau. Elle a une belle présence sur scène, s’approprie de l’espace et se dévoile complètement, en interagissant avec son audience. On ne peut pas nier son talent en termes de mise en scène avec des finales parfois dramatiques ! Mais bon, fallait jouer le jeu !

Elle nous a surpris avec sa reprise de Papaoutai qu’elle a très bien interprétée et qui a permis de découvrir qu’elle chante en français. Mon coup de cœur sera son interprétation en espagnol de la chanson des Jacksons, Blame It On The Boogie, que j’ai bien appréciée. Elle lui a redonné une autre vie, avec la sauce latine qu’elle a bien su doser.Elle a terminé avec quelques classiques du répertoire salsa avant de nous faire faire des pas de danse, et permettre à chacun de ses musiciens de faire leur solo.

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Afrique / musique traditionnelle ouest-africaine / reggae

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique 2024 – Décollage vers Dakar avec Omar Mbaye

par Sandra Gasana

« Vous êtes prêts à décoller direction Dakar ? » Voici les premières paroles d’Omar Mbaye, qui arrive sur scène vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise africaine à motif. Muni de sa guitare, il est accompagné de deux choristes, dont une qui se prénomme Amina, d’un claviériste, d’un batteur, d’un bassiste et d’un percussionniste qui fait office d’animateur par moments. À peine monté sur scène qu’il nous demande de chanter dès les premières notes.
La scène Loto Québec n’étant pas très achalandée au début du spectacle du Sénégalais nouvellement installé à Montréal, cela n’était pas le cas à la fin du spectacle. Alors qu’ils étaient quelque peu timides en début de concert, les festivaliers se sont décoincés au fur et à mesure.
« Cette chanson parle de protection et d’éducation des enfants. Je suis ambassadeur pour cette cause », annonce-t-il d’emblée.
Il met sa guitare de côté pour son deuxième morceau qu’il dédie à toutes les mamans du monde. La chanson est douce et on peut déjà entendre des balbutiements de Mbalax mais légers. Il en profite pour nous faire danser en nous demandant de suivre ses pas.

C’est au troisième morceau qu’il nous dévoile son penchant pour le reggae et le dancehall, ce qui ne manque pas de faire bouger le public. Le percussionniste réussit à mettre l’ambiance, et se sert d’une baguette pour taper sur son djembe, ce qui accentue le son et lui donne des allures sénégalaises.

Nous avons eu droit à une parfaite température pour cette deuxième journée à l’extérieur du festival Nuits d’Afrique, et on pouvait y voir quelques sénégalais venus encourager leur compatriote. Plusieurs bancs et chaises étaient à la disposition de certains festivaliers moins jeunes qui voulaient savourer le spectacle sans devoir rester debout tout le long.Mon coup de cœur restera le morceau qu’il chante avec Amina, la choriste, qui elle chante ses parties en anglais. Peut-être une traduction des paroles d’Omar Mbaye, qui lui chante en wolof ? Toujours est-il qu’il choisit de terminer le spectacle en faisant un retour vers le Mbalax, ce style musical dont on a longuement parlé avec Def Mama Def, lors de mon entrevue avec elles. À la fin du spectacle, nous avions bel et bien atterri à Dakar grâce à Omar Mbaye.

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Afrique / afrobeat / vaudou haïtien

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Afrovibes ouvre le bal

par Michel Labrecque

En ce mardi après-midi, très chaud mais nuageux, l’espace public du Festival Nuits d’Afrique était encore en gestation. Le village africain achevait de remplir ses étalages, une brésilienne donnait des cours de danse à un très petit public, toutefois très attentif.

Sur l’Esplanade Tranquille, une centaine de personnes étaient assises, dans la moiteur ambiante. Pas facile d’être le premier groupe à lancer la programmation musicale gratuite.

Cette tâche ingrate était celle d’Afrovibes, l’ensemble vaudou-afrobeat de Montréal, menée par le percussionniste Emmanuel Delly. Huit musiciens, une chanteuse, devant un parterre largement désert, au départ. Ingrat, vous ai-je dit. 

Mais ça s’est mis très rapidement à groover; le groupe est tissé serré. Un trio de percussionnistes, face à une batterie de trois guitares, un claviériste et un bassiste sans faille. Et la chanteuse qui enrobe tout cela de façon sensible.

Je n’attendais rien de ce groupe. C’était une affectation de couverture, autrement dit PAN M 360 m’avait demandé d’y aller. J’ai été agréablement surpris. Non pas qu’Afrovibes réinvente la musique, mais il livre une performance solide et hyper dansante. Les trois guitaristes, un Noir, une Blanche et un Blanc, sont hyper complémentaires entre les solos et les riffs. Le mélange entre les influences haïtiennes et africaines est richement intégré, avec un zeste d’Amérique. 

J’ai éprouvé du plaisir à écouter. 

Petit à petit, les gens sont venus danser. Un public de tous âges et toutes couleurs, fascinant à observer pour un journaliste. 

Afrovibes aurait mérité un meilleur créneau. Mais il faut bien que quelqu’un commence les festivités. Le groupe va tourner passablement au Québec cet été. À surveiller.

Je pose en terminant une petite question : pourquoi ce genre de groupe, québécois, est si peu présent dans les émissions de variétés de notre télé francophone ? 

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Électronique / musique traditionnelle mexicaine

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Pahua : Une véritable tornade latine

par Michel Labrecque

Pahua, de son vrai nom Paulina Sotomayor, est une DJ, productrice et compositrice mexicaine. Elle fait du folktronica, ce nouveau genre qui mélange sons traditionnels et musique électronique. 

Son spectacle a été présenté avec beaucoup de retard, ce qui m’a fait rater une grande partie du récital du brésilien Luis Salgado, au Balattou, qui était par ailleurs très bon, dans un registre très différent. 

Dès qu’elle arrive sur scène, Pahua enveloppe le public avec son sourire désarmant, son enthousiasme d’être parmi nous. Elle est entourée d’ordinateurs, mais aussi de percussions et de deux musiciens, un guitariste électrique et un percussionniste, tous les deux assortis d’énormes lunettes blanches. 

Pahua compose, chante et est également percussionniste. Ce qui donne en concert une version plus percussive que celle de son premier album, Habita, paru fin 2023. Le groove s’est rapidement installé dans la place et une majorité du public s’est mise à danser. Un mélange de cumbia et d’autres rythmiques latino-américaines ont attisé le Ministère. 

Les arrangements électroniques, mâtinés d’instruments traditionnels enregistrés, notamment accordéon, flûtes et trompette, ajoutent de la matière musicale au rythme. Il y a aussi des moments plus méditatifs, plus folk. 

Paulina Sotomayor sait aussi chanter et y prend visiblement plaisir. En plus, derrière la scène, défile sans arrêt une vidéo qui décrit à la fois l’urbanité et la nature du Mexique et de l’Amérique latine. 

Car, si Pahua est mexicaine et fière de l’être, on sent chez elle une volonté d’embrasser toutes les cultures latino-américaines. Elle va d’ailleurs, dans un projet futur, s’intéresser au baile-funk brésilien, nous a-t-elle dit en entrevue. 

Sur son album Habita, elle a multiplié les collaborations avec des musicien-ne-s de tout le continent, du Costa-Rica au Chili. Elle fait partie d’un écosystème plus vaste de folktronica, qui gagnerait à être mieux connu chez nous. 

Pahua est indubitablement une artiste mexicaine à suivre. Et le public du Ministère a semblé apprécier au maximum.

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