Artiste nomade peulh du pays des hommes intègres, la destinée du bourlingueur Moulaye Dicko relève presque du mythe. Issu d’une lignée de quatorze enfants, il fortifie son pacte musical à la même source que les rois et reines de l’Empire du Mandé que sont Salif Keita et Oumou Sangaré. Au Mali, ces voix célestes le happe très tôt en son âme née la tradition des griots. Puis adolescent, c’est la fougue reggae ivoirienne qui s’empare de lui. En 2014, Dicko Fils devient la star des pistes de danse avec son tube « Denke Denke » entonné dans sa langue natale, le fulfulde. Abonné aux festivals internationaux, l’artiste doté d’un imaginaire théâtral collabore à la création d’univers scéniques dont le chef d’œuvre Antigone, inspiré par la figure de Mandela. Depuis 2018, la capitale new-yorkaise comme la Ville Lumière ouvrent les bras à cet Ambassadeur de la Paix burkinabé.
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Moulaye Dicko is a nomadic Fulani musician from a land of respectable men, a rolling stone whose journey is the stuff of legends. From a family of fourteen children, he upholds his musical pact to the kings and queens of the ancient Mali Empire, the same source as Salif Keita and Oumou Sangaré. While he was living in Mail, it was their divine voices bearing the griot traditions that first captured his soul. Later, as an adolescent, it was the ardour of Ivorian reggae that pulled at his heartstrings. In 2014, his single “Denke Denke,” sung in his native Fula language, quickly became a dance favourite. A regular at world festivals, Dicko Fils gives expression to his theatrical flair by collaborating in theatrical events, such as the masterpiece Antigone, inspired by the life of Nelson Mandela. Since 2018, the Big Apple, like the City of Lights, has been welcoming this Burkinabé ambassador of peace with open arms.
Le ney fut-il taillé dans le bois de roseau pour imiter le chant aimable des oiseaux? Si cette interrogation mythologique reste sans réponse, le ney est bel et bien un des plus anciens instruments encore utilisé de nos jours, avec une histoire qui remonte à au moins plus de 5000 ans dans l’ancienne Mésopotamie. De cette terre fertile, il a voyagé à travers la Perse et l’Empire ottoman, se faufilant dans les cours royales, les cénacles mystiques des derviches tourneurs, pour finalement résonner dans les traditions musicales contemporaines. C’est dans ce contexte que Ziad Chbat, maître du ney, initiera le public aux secrets de son instrument, oscillant entre exposé didactique et illustrations musicales. Glâneur de mélodies qu’il forge d’improvisations en improvisations, le musicien révélera à quel point sa flûte constitue un pont entre les âges. Aux sonorités tantôt éthérées et spirituelles, tantôt sensuelles, le ney a inspiré ses créateurs, à travers les siècles, à combiner un souffle ancestral souvent mystique aux techniques plus modernes et liées aux émotions humaines.
Gifted ney player Ziad Chbat reveals the secrets of this beautiful age-old instrument. With a history stretching back over 5,000 years to ancient Mesopotamia, this reed flute saw the rise and fall of the Persian and Ottoman empires and continues to enchant audiences to this day. With its haunting, evocative tone, the ney conjures memories of a bygone era. Don’t miss your chance to experience this fascinating instrument up close !
Ce contenu provient du Festival du monde arabe de Montréal et est adapté par PAN M 360
Marathon Beethoven de l’OM, soir 2 : De la nature humaine
par Alexandre Villemaire
Deuxième étape vendredi le 18 octobre pour l’Orchestre Métropolitain sur le trajet de son marathon Beethoven à la Maison symphonique avec Yannick Nézet-Séguin.
Après une introduction héroïque la veille, le prochain kilomètre à franchir par l’orchestre de la métropole était dévolu aux symphonies no 6, dite « Pastorale » et no 7, précédé d’une création du jeune compositeur Francis Battah, jeune compositeur déjà auréolé de plusieurs distinctions en Europe et au Canada. Son Prélude aux paysages urbains qui a ouvert la soirée a été spécifiquement pensé pour précéder le premier mouvement de la Symphonie no 6. Dans cette courte pièce, Battah réutilise plusieurs matériaux thématiques de la « Pastorale », les déconstruit et les modifie par un langage et une écriture complexes. L’emploi de plusieurs modes de jeux (arco pour les cordes, flatterzunge pour les vents) confère à l’œuvre un caractère dynamique et une forte dimension timbrale. La pièce se termine par un glissando de cordes fantomatique avant d’enchainer directement avec le premier mouvement de la sixième symphonie. Le passage se fait de manière naturellement étonnante et fluide, tant les citations musicales, qu’on ne reconnaît pas forcément tout de suite, mais qu’on distingue par l’évocation du timbre, ont préparé nos oreilles à « l’Éveil d’impressions agréables en arrivant à la campagne ».
Pièce parmi les plus descriptives du catalogue symphonique de Beethoven, la Symphonie no 6 est aussi parmi les plus connues du compositeur, dans laquelle il peut être aisé de tomber dans l’écoute facile et le pilote automatique, tant ses thèmes sont connus et ont été joués et entendus. Yannick ne tombe pas dans la facilité. Dirigeant l’entièreté des symphonies par cœur, le chef sollicite chacun des musiciens de son orchestre pour sculpter des phrasés et des lignes signifiantes. Après l’énergie lumineuse du premier mouvement, le deuxième mouvement (« Scènes au bord du ruisseau ») a plongé l’auditoire dans un état apaisant et de repos avec des sonorités éthérées. Un véritable esprit de fête villageoise se dégage du troisième mouvement où les vents se démarquent dans l’ensemble, malgré quelques petites imprécisions de justesse. Après la fête, le tonnerre se fait entendre dans le quatrième mouvement, annonçant l’orage. Un orage que YNZ initie tout en douceur, comme dans le lointain, avant de le faire progresser en intensité jusqu’à l’éclatement. Par un contrôle de dynamique soigné, le chant pastoral qui suit a conclu la symphonie avec sérénité.
La deuxième partie du concert dédié à la septième symphonie a offert un contraste par son caractère éclatant, rythmé et plein de vitalité. Le premier mouvement possédait un caractère royal dans un tempo que Nézet-Séguin a déployé avec élégance. Magistrale a été la transition attacca avec le fameux deuxième mouvement, une marche funèbre dramatique, dans laquelle tout, des dynamiques aux nuances, était juste et balancé. L’exposition de l’architecture de mouvement a été finement construite par le chef, notamment par la mise en relief de l’interaction entre les lignes de violons et d’altos. Les troisièmes et quatrièmes mouvements, marquésPresto et Allegro con brio ont été une chevauchée fantastique et haletante où le cavalier Nézet-Séguin s’amusait ferme, dansant presque sur le podium, insufflant aux différentes sections de l’orchestre un élan vital festif et captivant. Cette interprétation fut le meilleur moment de la soirée. Arrivant à la fin de cette course, l’orchestre a reçu de longs applaudissements d’un public relativement nombreux en liesse.
S’adressant à la foule, Yannick Nézet-Séguin a lancé cette invitation au public : « Dimanche, 11h. Parlez-en à vos amis! » L’invitation est faite. Et nous y serons pour la suite de ce parcours.
Céu, qui signifie « Ciel » en portugais, est arrivée sur scène toute vêtue de noir, avec un collier assorti à sa robe, de longues bottes noires à lacets et une fleur tatouée sur l’épaule. Sa présence scénique est remarquable, alors qu’elle alterne entre pas de danse et chorégraphies simplistes.
Accompagnée de son bassiste Lucas Martins, qui l’accompagne depuis ses débuts, de Thomas Harres à la batterie, Leonardo Caribe Mendes à la guitare et au cavaquinho et Sthe Araujo, percussionniste hors-pair, la chanteuse a su nous transporter dans son univers particulier, dans lequel elle mélange la soul, le funk, le jazz mais aussi les rythmes brésiliens tels que la samba, toujours sur un fond rétro, sa signature. D’ailleurs, tous ses musiciens sont également choristes, ce qui permet d’enrichir le spectacle.
Elle a principalement parcouru son plus récent album Novela paru cette année mais y a ajouté des succès de ses autres albums, notamment Malemolencia, tiré de l’album Céu.
« J’aurais aimé parler français avec vous mais je vais y aller avec l’anglais », nous dit-elle d’emblée alors que plusieurs Brésiliens dans la salle criaient : « En portugais ! ».
Mon coup de cœur restera la chanson Gerando Na Alta, qu’elle chante en duo avec l’artiste française d’origine sénégalaise anaiis, mais que la percussionniste Sthe a parfaitement interprété à sa place. Dans cette chanson, Céu parle de l’importance de célébrer l’amitié entre femmes alors que le mot Novela, tiré du mot telenovela, aborde l’aspect dramatique de nos vies. Certaines chansons n’avaient pas de transition, alors qu’elle interagissait avec le public à d’autres moments. Elle prend le temps de mettre en valeur ses musiciens à tour de rôle et c’est ce qu’elle fait avec Sthe par exemple, avant le morceau Lenda, de l’album Céu, qui débute avec des percussions.
À mon grand plaisir, nous avons eu droit à une séquence reggae, notamment avec High na Cachu suivie de Cangote tiré de l’album Vagarosa. Bien entendu, on ne pouvait pas finir le concert sans des reprises de classiques de la musique brésilienne. Et pour ce faire, elle a choisi deux légendes : João Gilberto avec Bim Bom, et Caetano Veloso avec Pardo, tous les deux originaires de Bahia.
Le moment fort de la soirée restera le rappel avec Concrete Jungle de Bob Marley, qu’elle a interprété merveilleusement bien avec le chanteur Haïtien Paul Beaubrun, qui a assuré la première partie du concert. Ce dernier a d’ailleurs été présenté par son père, le grand chanteur du groupe Boukman Eksperyans. « Quand j’ai vu Paul chanter, je me suis dit qu’il fallait qu’il chante cette chanson avec moi », nous a confié Céu. En effet, Paul semble être un grand fan de Bob Marley car durant la première partie, il a joué trois morceaux de l’icône jamaïcaine, toujours en prenant le soin de rajouter sa touche particulière. J’aurais toutefois aimé découvrir d’autres compositions originales telles que Noyé, qui a ouvert le bal.
Véritable égérie acadienne, la grande Édith Butler dont la présentation n’est plus à faire, nous invite à faire Le Tour du Grand Bois, référence à son plus récent album du même nom duquel Lisa LeBlanc a assuré la réalisation. Après 50 ans de carrière, celle qui a fait connaître Paquetville bien au-delà de nos frontières demeure tout aussi inspirée, enthousiaste et énergique. Très peu présente sur les scènes montréalaises depuis quelques années, c’est accompagnée de trois musiciens et du pep dans l’soulier qu’elle nous convie au Théâtre Outremont pour une balade au cœur de son répertoire.
A true Acadian muse, the great Édith Butler, whose name no longer needs introduction, invites us to take Le Tour du Grand Bois, a reference to her most recent album of the same name, produced by Lisa LeBlanc. After a career spanning 50 years, the singer who put Paquetville on the map far beyond our borders remains as inspired, enthusiastic and energetic as ever. Rarely seen on Montreal stages in recent years, she invites us to the Théâtre Outremont for a stroll through her repertoire, accompanied by three musicians and some pep in her step.
Malasartes : Amichai Ben Shalev, bandonéon solo + RadioTango présente Gran Bailongo Gran
par Rédaction PAN M 360
Amichai Ben Shalev, bandonéon solo (20h30)
Amichai est un artiste sensible et captivant, doté d’une technique remarquable, d’un contrôle exceptionnel du souffle et d’une perspicacité interprétative. Il comprend le caractère de chaque composition qu’il interprète et utilise les variations tonales appropriées ainsi qu’une stabilité rythmique parfaite. En plus de sa superbe prestation, il est capable d’apporter des explications et des éclairages sur les œuvres, ainsi que sur la construction technique et les défis de l’instrument. Son savoir, combiné à son immense talent, est rare et ne doit pas être manqué si l’occasion se présente.
Amichai is a sensitive and captivating artist, endowed with remarkable technique, exceptional breath control and interpretive insight. He understands the character of each composition he performs, using appropriate tonal variations and perfect rhythmic stability. In addition to his superb performance, he is able to provide explanations and insights into the works, as well as the technical construction and challenges of the instrument. His knowledge, combined with his immense talent, is rare and should not be missed if the opportunity arises.
RadioTango présente Gran Bailongo Gran(21h45)
C’est le grand bal de clôture de cette Série 2024! Depuis 2010, RadioTango promène son tango des nuits de danse aux scènes des festivals du Québec. L’ensemble s’inspire du répertoire des grands orchestres des années 30, 40 et 50, considérées comme l’âge d’or du tango argentin. Pour l’occasion, la Sala Rossa deviendra un ballroom à l’ancienne. Les contacts établis avec des « milongas », écoles de Tango-danse, de Montréal, Laval et la Rive Sud nous assurent une forte affluence de danseurs de cette « tristesse qui se danse » et dont Montréal est la capitale nord-américaine.
It’s the grand finale of the 2024 Series! Since 2010, RadioTango has been taking its tango from dance nights to festival stages across Quebec. The ensemble draws its inspiration from the repertoire of the great orchestras of the 30s, 40s and 50s, considered the golden age of Argentine tango. For the occasion, the Sala Rossa becomes an old-fashioned ballroom. Contacts established with “milongas”, or tango-dance schools, in Montreal, Laval and the South Shore ensure a strong influx of dancers of this “sadness that dances”, of which Montreal is the North American capital.
Coup de coeur francophone : Cléa Vincent et Félix Dyotte
par Rédaction PAN M 360
Cléa Vincent
Porte-étendard de la renaissance de la scène french pop, l’autrice-compositrice-interprète française se démarque par des textes francs et inspirés, des mélodies accrocheuses et une esthétique néoromantique originale. Avec les musiciens Baptiste Dosdat (basse) et Raphaël Thyss (trompette), elle présente sa musique qui a déjà parcouru les quatre coins du monde, dont les pièces de son plus récent album, paru cette année, Advitam Æternamour. Pour une soirée dansante et sensuelle.
A standard-bearer for the rebirth of the French pop scene, the French singer-songwriter stands out for her frank, inspired lyrics, catchy melodies and original neo-romantic aesthetic. With musicians Baptiste Dosdat (bass) and Raphaël Thyss (trumpet), she presents music that has already travelled the four corners of the globe, including tracks from her most recent album, released this year, Advitam Æternamour. A sensual evening of dancing.
Félix Dyotte
Connu notamment pour ses nombreuses collaborations en tant que parolier, réalisateur et arrangeur auprès d’artistes dont Pierre Lapointe, Jean Leloup et Evelyne Brochu, l’auteur-compositeur-interprète lançait en mai dernier un tout nouvel album intitulé Aérosol. Un voyage sonore tout en finesse et en déploiement où se côtoient envolées lyriques et arrangements épiques. D’un timbre grave, il livre des chansons dont la poésie fait preuve d’une profonde et charmante sensibilité.
Known for his many collaborations as lyricist, producer and arranger with artists including Pierre Lapointe, Jean Leloup and Evelyne Brochu, last May the singer-songwriter launched a brand new album entitled Aérosol. A sonic voyage of finesse and unfolding, it combines lyrical flights of fancy with epic arrangements. With a deep timbre, he delivers songs whose poetry is deeply and charmingly sensitive.
Les Violons du Roy | Émotions et plaisir avec une voix tranchante pour Bach
par Alexandre Villemaire
Le public a remplit la salle Bourgie le vendredi 11 octobre pour venir assister au concert des Violons du Roy, le premier de la saison 2024-2025 de l’ensemble dans la métropole qui marque le début des célébrations de son 40e anniversaire.
Dans leur discours d’introduction, tant Caroline Louis qu’Olivier Godin, les dirigeants de la salle Bourgie ont souligné l’apport important de l’ensemble et rappelé le long partenariat qui unit la salle et les Violons du Roy, notamment par l’interprétation de l’intégrale des cantates de Bach, qui a occupé leur programmation respective durant les huit dernières années et fait vivre des moments musicaux d’une grande intensité. Le programme de la soirée y faisait d’ailleurs un petit clin d’œil. Bernard Labadie, fondateur et directeur musical de l’orchestre de chambre de 1984 à 2014, s’est également adressé au public pour souligner cette grande aventure folle et ce « petit miracle » que sont les Violons du Roy. Le chef a également remercié une des membres fondatrices, la violoniste Nicole Trotier, qui prenait sa retraite après ce concert qui se conclura par une autre interprétation au Palais Montcalm le 12 octobre. La table était donc mise pour une soirée riche en émotion et en plaisir. Et c’est exactement dans cet esprit que les musiciens des Violons du Roy ont donné ce concert.
Divisée en deux parties, chacune était introduite par un concerto grosso de Händel. Exécutées avec énergie et vivacité, ces interprétations d’œuvres instrumentales concertantes, en plus de démontrer le jeu des musiciens et la palette de couleur sonore de l’orchestre, ont servi de préludes aux deux cantates pour alto de Bach qui mettaient en vedette le contre-ténor britannique Hugh Cutting. Ancien élève du St. John’s College de Cambridge, le jeune artiste lyrique est le premier contre-ténor à remporter le prix Kathleen Ferrier (2021) et à obtenir le titre d’artiste de la nouvelle génération de la BBC (2022 à 2024). Un des défis d’une voix comme celle de Cutting réside dans la projection et on peut dire qu’à ce niveau, le jeune chanteur s’illustre particulièrement avec une grande puissance vocale, contrôlée et qui vient compléter l’amplitude du son de l’orchestre. Il s’illustre notamment par la clarté de ses exécutions. Sa prononciation allemande est précise et le discours, tant musical que textuel, qu’il tresse est limpide. Son agilité vocale a été mise de l’avant dans le deuxième aria de la cantate Geist und Seele wird verwirret [L’esprit et l’âme sont confondus]. L’air “Gotte hat alles wohlgemacht” [Dieu a tout fait parfaitement] propose un dialogue entre l’orgue et la voix, soutenu par le continuo. La ligne vocale rivalise avec des vocalises de haut vol que Cutting livre avec une performance sentie et admirable, mais où l’on sentait parfois qu’il arrivait à la fin de ses phrases légèrement au bout de son air, donnant l’impression que la phrase est incomplète et éclipsant les finales de certains mots. La projection des surtitres en fond de scène venait pallier ces légères imperfections qui, dans l’ensemble, ne sont jamais venues altérer le sens de la performance. Le jeu de Mélissande McNabney à l’orgue est également à souligner pour la dextérité de son interprétation dans des lignes tout aussi exaltées que celles interprétées par Cutting.
D’un caractère serein et pastoral, la deuxième cantate de la soirée Vergnüte Ruh, beliebte Seelenlust [Bienheureuse paix, bien aimée béatitude] a mis en valeur le timbre feutré et cristallin de Hugh Cutting. Moment particulièrement expressif, l’aria “Wie jammern mich doch die verkehrten Herzen” [Qu’ils me font donc pitié, ces cœurs dévoyés] est un dialogue épuré exempt de toute basse continue où les instruments à cordes (violons 1-2 et alto) jouent à l’unisson avec la voix et un orgue à deux claviers. Bourgie ne possédant pas un tel instrument, deux orgues positifs ont été requis sur scène pour cette pièce. Assurée par Mélissande McNabney et Tom Annand, ce jeu de claviers distinct a permis de mettre en valeur l’intrication des lignes vocales et instrumentales, pétri d’accords tendus, accentuant le caractère plaintif et d’affliction de cet air.
Les Violons du Roy et Bernard Labadie ont trouvé en ce jeune Britannique la voix de Bach idéale pour leur programme. Investi sur scène, intelligent dans son interprétation avec une voix agile, ample et sonore, Hugh Cutting a fait une première apparition remarquée empreinte d’émotion, de clarté et de raffinement ; des éléments que le public de la salle Bourgie lui a rendus par une longue ovation.
Arion Orchestre Baroque et le SMAM autour de Handel et Fastes royaux d’Angleterre
par Alain Brunet
DESCRIPTIF:
En ouverture de saison, et pour une première fois à la Maison symphonique, Arion Orchestre Baroque se joint de nouveau au Studio de musique ancienne de Montréal afin d’offrir un programme fastueux ! Andrew McAnerney et Mathieu Lussier vous présenteront la rutilante Music for the Royal Fireworks de Handel, dont on retrouvera les cuivres dans les magnifiques anthems du même pour le couronnement de George II ainsi que dans celui de William Boyce pour le couronnement de George III.
William Boyce (1711-1779) The King Shall Rejoice William Byrd (1540/43-1623) O Lord, make Thy servant Elizabeth our Queen Thomas Weelkes (1576-1623) O Lord, grant the King a long life George Frideric Handel (1685-1759) Musique pour les feux d’artifice royaux, HWV 351 Zadok the Priest, HWV 258 Let Thy Hand be strengthened, HWV 259 The King Shall Rejoice, HWV 260 My Heart is Inditing, HWV 261
FLUX | Architek Percussions : super musique, maudite technologie!
par Frédéric Cardin
Jeudi soir était donné le dernier concert du nouveau festival FLUX. Au programme, deux œuvres d’un génie injustement oublié du Minimalisme/Post-minimalisme, Julius Eastman, ainsi que Angel’s Share de la jeune compositrice Andrea Young.
Un destin sordide que celui de Julius Eastman, compositeur noir et queer né en 1940, incapable de trouver sa place dans le monde artistique des années 1970-1980. Le monde classique contemporain était encore difficilement accessible pour les artistes non-Blancs, et son identité sexuelle était porteuse de préjugés tenaces, surtout en période de pandémie de SIDA. Imaginez qu’il est mort abandonné, sans un sou, sans logis. Ça a pris neuf mois pour que le monde de la musique remarque sa disparition! Et pourtant, quel vision! À une époque ou ça ne se faisait pas encore vraiment, il osait fusionner les principes du Minimalisme répétitif avec des techniques liées à l’avant-garde et la musique expérimentale, mais aussi le jazz et la pop. Il était pianiste, chanteur et danseur. Si vous écoutez Eight Songs for a Mad King de Peter Maxwell Davies sous étiquette Nonesuch, la voix du Mad King, c’est lui. Son militantisme personnel pour affirmer son identité noire et gaie fait figure de combat d’avant-garde.
Plusieurs de ses compositions portent des titres sans équivoque comme Gay Guerilla (entendue hier, j’y reviens) ou Nigger Faggot. En ce sens, si son talent de créateur était apprécié, ce combat identitaire lui a valu pas mal d’incompréhension et de fermeture. Il a finit par sombrer dans l’addiction de substances narcotiques et dans l’itinérance, incapable de trouver suffisamment de contrats professionnels pour vivre. Sa course s’est terminée en 1990.
Le Minimalisme répétitif de Eastman contient des éléments qu’on associe volontiers au Post-minimalisme actuel. Sur des pulsations continues, Eastman développe des couvertures mélodiques chromatiques, allant parfois jusqu’à l’atonalisme. Une fusion de Reich et Boulez (je caricature, mais vous comprenez) totalement unique à l’époque, et encore peu rencontrée aujourd’hui.
Deux œuvres de Eastman étaient donc au programme. Commençons par la déception (en partie seulement) : The Holy Presence of Joan D’Arc. J’attendais avec beaucoup de fébrilité la performance de cette pièce de caractère puissant pour 10 violoncelles, construite sur une pulsation irrémédiable et rageuse, sur laquelle Eastman dessine des lignes mélodiques qui vont, effectivement, vers l’atonalisme. Il n‘y avait pas 10 violoncellistes sur scène. Ce qu’on nous offrait était plutôt la performance du seul violoncelliste torontois Amahl Arulanandam, enregistré en multipistes et en multiplans visuels, le tout projeté sur écran. Bon, l’impression de regarder une vidéo YouTube en gang m’a traversé l’esprit, mais il faut dire que dès les premières notes, Arulanandam est impressionnant, et le montage vidéo assez dynamique pour rendre le tout assez captivant (surtout grâce à la musique bien entendu! Un vrai chef-d’œuvre d’intensité émotionnelle). J’étais aspiré par dans la trame narrative viscérale de la pièce, tout allait pour le mieux, lorsque le plafond s’est écroulé. Pas littéralement, plutôt technologiquement. La vidéo s’est mise à ‘’draguer’’, comme quand on regarde un film ou joue à un jeu sur laptop/ordi table et que le réseau ne fournit pas. Heureusement, le son est resté limpide, mais la relation images/musique qui m’avait initialement happé devenait saccadée. J’ai passé le restant de la pièce (oh, les bons deux tiers) à attendre que ‘’ça revienne’’, frustré, bouillant d’envie de pitcher ledit laptop sur un mur (ça vous est déjà arrivé, non?). J’aurais pu fermer les yeux, vous avez raison. Mais je n’y arrivais plus. Le mal était fait. Était-ce la même chose pour les autres spectateurs? Je ne sais pas. Mais je suis certain que l’effet souhaité initialement par cette pièce en entrée de programme n’a pas été atteint. Les applaudissements ténus semblent en témoigner. C’est tellement dommage.
Pour une excellente performance de l’oeuvre : Novarumori dirigé par Isak Goldschneider à Suoni per il popolo 2017
Je ne suis pas du genre à oublier la forêt pour ne regarder que l’arbre mort. Ce genre de guigne arrive. Et puis, la musique de Eastman est restée entendue tout du long, et m’a confirmé quel chef-d’œuvre porteur il a écrit avec The Holy Presence of Joan D’Arc (une partition perdue, et reconstruite à l’oreille à partir d’un enregistrement). Je ferai cette demande aux organisateurs cependant : offrez-nous encore cette pièce dans un avenir pas trop lointain, avec dix violoncellistes en chair et en os, pour que l’on puisse lui donner une nouvelle chance, qu’elle mérite entièrement, et qu’on puisse triper comme il faut. Merci d’avance.
Le programme suivait avec une pièce de Andrea Young, de Montréal, pour quatuor de percussions. Angel’s Share est une exploration synesthésique. C’est-à-dire qu’elle cherche à combiner des affects associés à un sens avec ceux d’un autre. Ici, la musique en trois mouvements est inspirée des arômes riches et complexes d’autant de Scotchs de qualité, trois rares single malts de la distillerie Ardbeg en Écosse. Sans lesdits arômes à notre disposition (quelle belle option ç’aurait été!), il est difficile, voire impossible de rendre compte pleinement de la réussite ou non de l’aventure. Même si ce n’est finalement pas le but, et que la compositrice a souhaité en faire une expérience strictement auditive, la curiosité nous emporte et on a bel et bien l’impression de rater quelque chose. D’autant plus que les trois mouvements de cette musique très fine, construite comme une dentelle abstraite et fragile, semblent plutôt interchangeables. C’est le danger de ce genre de proposition : on ne peut évoquer une synesthésie et laisser le spectateur avec une seule moitié de l’équation sensorielle. Qu’à cela ne tienne, Angel’s Share est une composition éthérée de belle facture, remplie de belles touches texturales, comme la présence de deux scies musicales.
La dernière pièce ramenait Julius Eastman à l’avant-plan avec Gay Guerilla pour quatuor de percussions et deux pianos. On pense immédiatement à Steve Reich et Music for 18 Musicians! De nombreuses similitudes rapprochent les deux pièces, mais on constate assez vite la différence fondamentale des harmonies utilisées par l’un et l’autre. Chez Reich, des harmonies ouvertes, tonalement pleines. Chez Eastman, des harmonies serrées, chromatiques, mais qui ne glissent jamais vers l’atonalisme comme dans The Holy Presence of Joan D’Arc . Gay Guerilla, malgré son titre, est finalement une pièce plus ‘’facile’’ que l’autre, mais son énergie débordante et ses marées dynamiques ascendantes et refluantes créent un discours narratif qui captive et retient l’attention. Très très plaisante et, encore une fois, un immense bijou de Minimalisme qui mérite d’être redécouvert.
La performance des musiciens était en général très bonne, même si j’ai détecté ici et là quelques écarts de synchronisation rythmique dans les épisodes les plus linéaires et groupés. Mais je chipote.
Ce dernier concert d’un nouveau festival a été rempli de très bonne musique et nous laisse désireux d’en avoir une autre édition l’an prochain.
Coup de coeur francophone : Mon Doux Saigneur (session d’écoute)
par Rédaction PAN M 360
Depuis 2015, l’imaginaire d’Emerik St-Cyr Labbé s’est façonné à l’image d’une des plus belles roches de la plage. Sous le nom Mon Doux Saigneur, avec ses amis, il illustre depuis une décennie les détours qui caractérisent les relations et les relents du passé qui transforment l’avenir. Sa poésie hors-piste poursuit sa route cet automne avec la parution de l’album Du soleil dans l’œil, le 15 novembre, la suite attendue de Fleur de l’âge, sorti en 2022. Pour avoir le soleil dans les yeux avant tout le monde.
Since 2015, Emerik St-Cyr Labbé’s imagination has been shaped by the image of one of the most beautiful rocks on the beach. Under the name Mon Doux Saigneur, he and his friends have been illustrating for a decade the detours that characterize relationships and the hints of the past that transform the future. His off-track poetry continues this fall with the release of Du soleil dans l’œil on November 15, the long-awaited follow-up to Fleur de l’âge, released in 2022. Get the sun in your eyes before anyone else.
GRATUIT (premier arrivé, premier servi)
Ce contenu provient de Coup de cœur francophone et est adapté par PAN M 360
Qui est cette famille qui mêle les genres musicaux tels les bons ingrédients d’une recette secrète? Snail Kid (Dead Obies), Jam (K6A, Jam et P-Dox) et leur père d’origine jamaïcaine Robin Kerr (Uprising). Leur arbre généalogique au noyau métissé célèbre la mixité en ralliant l’ancienne à la nouvelle garde, le roots-reggae au dancehall, le rap de l’âge d’or à celui de la new school. Pour un moment en famille teinté d’une profonde envie d’évasion et de liberté.
Who is this family that mixes musical genres like the ingredients of a secret recipe? Snail Kid (Dead Obies), Jam (K6A, Jam and P-Dox) and their Jamaican-born father Robin Kerr (Uprising). Their family tree with its mixed core celebrates diversity, bringing together the old and the new guard, roots-reggae and dancehall, golden-age rap and new-school rap. For a family moment tinged with a deep desire for escape and freedom.
Fyore
Fyore, issue de la rencontre de deux cultures, explore l’harmonie entre les rythmes africains de son héritage togolais et la mélancolie profonde de la pop québécoise. Son spectacle est une expérience immersive, mariant danse et introspection. Avec sa voix nuancée, soigneusement cultivée, elle transporte le public dans un voyage émotionnel captivant, oscillant entre rêve et réalité. Pour une douce réflexion et une élévation contrôlée de l’âme.
Fyore, born of the meeting of two cultures, explores the harmony between the African rhythms of her Togolese heritage and the deep melancholy of Quebec pop. Her show is an immersive experience, combining dance and introspection. With her nuanced, carefully cultivated voice, she takes the audience on a captivating emotional journey, oscillating between dream and reality. For gentle reflection and controlled elevation of the soul.
Ce contenu provient de Coup de cœur francophone et est adapté par PAN M 360
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