David Marchand, voix, guitares, textes, Francis Ledoux, batterie, percussions, chœurs,
Étienne Dupré, basses, synthétiseurs, chœurs. Retenez bien ces noms, car ils circuleront ne nombreuses années au sein des communautés mélomanes francophones férues de culture rock. À l’instar d’excellents groupes tels Corridor, Population II et autres La Sécurité, Zouz surfe sur cette nouvelle vague rock déferlant Québec. Qu’on ne s’y méprenne, on ne parle pas ici d’un tsunami mais d’une vague suffisamment forte pour qu’on l’entende et assez distincte pour qu’on puisse la voir rouler sur l’océan de possibilités sonores que nous offre le paysage de 2024.
On n’entend surtout pas non plus affirmer qu’il n’y avait rien avant eux, convenons que cette communauté rock a toujours été active, mais elle est devenue confidentielle au fil du temps, de moins en moins dominante. Or, on dirait que le vent tourne partiellement, et Zouz en est partiellement responsable. À la manière d’un projet parallèle, le trio lançait ses premiers enregistrements en 2016. Aujourd’hui, le side-project est devenu une priorité, particulièrement depuis la sortie de Jours de cendre. Dans le contexte du Coup de cœur franco, soit au Club Soda en novembre dernier, le pouvoir attractif de Zouz était tangible, affiche principale d’un triple programme à guichets fermés (ou presque).
Ainsi, e groupe montréalais prend du gallon en plein regain d’intérêt pour les fréquences musclées, saturées, ornées de toutes les aspérités essentielles à l’expression rock. Jusque là, se trouve-t-on dans la norme rock?
Encore faut-il écouter attentivement ces musiciens, encore faut-il relire les mots de Zouz pour en réaliser la substance, encore faut-il écouter ces musiques pour en réaliser la capacité d’innovation. On écoute, on réécoute, on identifie l’instrumentation, les cellules rythmiques qui vont au-delà de la binarité, les enrobages de synthèse couplés aux guitares acidulées, ancrées dans le rock.
Autre avantage concurrentiel: rares sont les propositions musicales du genre assorties d’une solide démarche poétique, de surcroît les propositions francophone d’Amérique. David Marchand trempe sa plume dans des encres fantasmatiques où se démultiplient les couleurs de sa diffraction autobiographique et analytique. Il y évoque la sensation pleine conscience, la sobriété, les signes annonciateurs de la nature, la quête d’identité du moi, le pessimisme conjoncturel, la dénonciation du mensonge, bref il nous offre le ressenti d’un humain sensible et intelligent, qui n’a d’autre choix que de traverser cette période effectivement propice aux Jours de cendre.