Lors de sa sortie en 2005, Variations sur le vide, premier album de Jean-François Fortier, ex-membre de la formation rock Les Moutons Noirs, reçut un accueil très enthousiaste de la part de la presse musicale. Sans doute, d’aucuns le placeraient encore parmi le florilège du corpus québécois.
Avec son propos intelligent qui porte sur la quête de sens, l’amour et autres questions existentielles, et ses tournures de phrases pas piquées des vers, ce disque aussi truffé de moments plus légers comme Une fille pour l’été – un texte que plus personne n’oserait écrire aujourd’hui –, Fortier pouvait espérer de grandes choses. Mais la contingence étant ce qu’elle est, cet album est passé sous le radar et son principal créateur aussi.
Pourtant, sous des auspices de thérapie post-rupture amoureuse, il recélait une pop hyper-accrocheuse et aérienne qui n’était pas sans rappeler McCartney, son fort probable mentor (on pense aussi parfois au Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band).
Quinze ans plus tard, revoici donc cet opus, initialement réalisé par Éric Goulet, dans une version rematricée. Une pièce instrumentale en moins, épreuve du temps oblige, une chanson nouvelle en prime (Une place) et quelques retouches en plus d’un nouvel ordre des pièces conçu spécialement pour la réédition vinyle avec ses faces A et B.
A-t-il bien vieilli? Oui, oh que oui! Et il passe haut la main l’épreuve du temps, au point que la pièce Sur mon île, accompagnée d’une vidéo sobre mais efficace, prend un tout autre sens et nous donne envie de changer de vie en ces temps confinés.
Espérons maintenant que les jeunes générations le découvriront grâce à la version numérique et viendront se greffer au cercle des initiés.