Le quartet de musique improvisée New Hermitage nous arrive majoritairement d’Halifax (seule la violoncelliste India Gailey, qui a récemment obtenu une maîtrise à l’université McGill, est basée à Montréal). Leur deux premières parutions (One en 2017 et New Hermitage + Jeff Reilly en 2018) ont reçu des nominations aux Music Nova Scotia Awards, la seconde remportant la palme du Classical Recording of the Year).
Andrew MacKelvie (sax alto et ténor, clarinette basse), présenté comme le leader de la formation, reste passablement en retrait en comparaison de ce que l’on a pu entendre de lui avec d’autres projets (There Never Was A Plan. ou The Original Folk Trio, par exemple). Il faut dire que non seulement l’ensemble met surtout les cordes de l’avant (la harpe d’Ellen Gibling, la guitare électrique de Ross Burns, le violoncelle), mais que tout le monde, de surcroît, fait dans l’économie de moyen et la simplicité volontaire. Bien que chacun-e des membres de ce quartet paritaire soit des instrumentistes de premier plan, ce n’est guère une musique de virtuoses qui voudraient mettre de l’avant leur talent particulier.
Inspirée à la fois par le concept de deep listening -développé par Pauline Oiveros- et par la logique des rêves, la douzaine de pièces relativement courtes que nous présente le quartet sur ce cinquième effort poursuit l’exploration des textures qu’offre sa composition particulière, et que l’ensemble présente plus souvent en longue forme. La musique s’élabore à partir d’un imaginaire dystopique assez sinistre (Skeletons, Stalkers, Desertification, etc.), mais à la fin on reste bel et bien dans le rêve.