Ulcerate – Cutting the Throat of God

· par Laurent Bellemare

À l’époque d’Everything is Fire (2009), le groupe néo-zélandais Ulcerate venait de démarrer une petite révolution dans l’univers du métal extrême. Cet album démontrait que la brutalité intransigeante du death metal le plus véloce pouvait aussi s’accompagner d’une atmosphère de désespoir. Avec son nouvel opus, Ulcerate n’a rien perdu de son univers abrasif, quoiqu’on puisse noter une nette évolution vers des morceaux plus accessibles.

Sur Cutting the Throat of God, on a effectivement affaire à une forme de chaos contrôlé. Les envolées mélodiques tendent à s’étirer et à se résoudre plutôt qu’à couper brusquement vers un flot de dissonances, comme il était d’usage auparavant. Des morceaux tels que ‘The Dawn is Hollow’ et ‘Transfiguration In and Out of Worlds’ se concluent sur une montée climatique où les variations d’un même riff se superposent de façon maximaliste.

Sous ces guitares stratifiées, on entend un tapis de double pédale sur lequel les mains jouent un backbeat bien droit. Pour Ulcerate, il s’agit là d’un changement majeur. Le jeu désormais légendaire du batteur Jamie Saint Merat est reconnu pour sa propension à esquiver les temps forts et à déjouer les attentes. Ce travail percussif a d’ailleurs plutôt eu tendance à noyer la perception du tempo plutôt qu’à la renforcer. Sur ce nouvel album, Saint Merat dose son jeu de batterie abstrait et fait allègrement usage de rythmes plus assis.

De façon générale, il faut applaudir la manière dont Ulcerate a su préserver son esthétique très discordante tout en rendant sa musique plus digeste. Cela semble une voie nécessaire pour un groupe qui en est déjà à son septième album. Par contre, on peut aussi regretter un baisse d’ambition dans la composition de l’album.

Notamment, la performance vocale est plutôt monotone, alors que l’album Shrines of Paralysis (2016) était annonciateur de nouvelles expérimentations en ce sens. Également, l’album donne vaguement l’impression de répéter la formule explorée sur son prédécesseur Stare into Death and Be Still (2020). 

À terme, certains n’auront que louanges pour cette version plus mémorable du langage d’Ulcerate. Dans leur forme, les pièces sont beaucoup moins labyrinthiques. Il y a une acceptation nouvelle de la mélodie, de la répétition et du rythme plus carré. Cutting the Throat of God est effectivement un excellent album pour découvrir et redécouvrir le groupe. Par contre, le délaissement de l’aspect énigmatique et impénétrable de la musique d’Ulcerate sera sans doute vécu comme une perte chez un fragment de l’auditoire. 

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