Au milieu des années quatre-vingt, les aficionados de jazz intergalactique ont d’abord pu entendre Tyler Mitchell, contrebassiste originaire de Chicago, sur des albums tardifs de Sun Ra tels Reflections in Blue et Hours After. On l’a ensuite repéré auprès de George Coleman, Art Taylor, Jon Hendricks et Shirley Horn, mais il n’a jamais renié ses premières amours puisque depuis une dizaine d’années, il officie de nouveau au sein de l’Arkestra du grand gourou cosmique qui, comme on le sait, est maintenant dirigé par un de ses membres les plus anciens, le vénérable saxophoniste Marshall Allen. C’est d’ailleurs en compagnie de ce dernier qu’il a enregistré son nouvel album, Dancing Shadows. Pour les besoins de ce disque, les deux bonzes sont rejoints par Chris Hemmingway (sax ténor), Wayne Smith (batterie), Elson Nascimento (percussions) et Nicoletta Manzini (sax alto), elle-même une protégée d’Allen. Le programme compte des standards saturniens du grand Ra, trois compositions d’Allen, deux de Manzini ainsi qu’une reprise d’un vieux morceau d’un autre excentrique de génie, Thelonious Monk.
L’auditeur féru de l’univers déjanté de Sun Ra se trouvera en terrain archiconnu. Mêmes clins d’œil aux différentes époques du jazz (on va du swing aux dérapages free jazz les plus audacieux en passant par les innovations du be-bop), mêmes références au monde de la science-fiction et à une Égypte ancienne fantasmée. Allons-nous nous en plaindre? Que nenni! Ainsi réduite à une formation de six instrumentistes, cette musique gagne en flexibilité ce qu’elle perd en grandeur. De plus, Mitchell nous donne-là l’occasion d’apprécier les talents toujours intacts de Marshall Allen qui a l’âge impressionnant de quatre-vingt-dix-sept années terrestres, a su garder toute sa verve et brille autant au saxophone traditionnel qu’à l’evi, un saxophone électronique dont les sonorités inusitées mettent le feu aux poudres sur Spaced Out. Nous sommes-là en présence d’un monument bien vivant, d’un trésor intersidéral qui a traversé une bonne partie de l’histoire de jazz et qui continue d’être allumé. Chapeaux bas!
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