Le sigle OGB existait côté rap français, soit avant que le groupe jazz rap de MTL ne l’adopte. Les sept membres de la confrérie montréalaise ont dû finalement se présenter sous la bannière Original Gros Bonnet : François Marceau, rap et chant, Arnaud Castonguay, saxophones, clarinettes, flûte traversière, John Henry Angrignon Atkins, guitares, Vincent Favreau, claviers et synthés, Vincent Bolduc-Boulianne, basse électrique et contrebasse, Louis René, batterie, Samuel Brais-Germain, réalisation et habillage sonore, piano. À cette bande des sept se joignent des cordes (Céline Arcand, Veronica Thomas, Jean René et Christine Giguère), des cuivres (Christopher Kerr-Barr, Max Zhang et Marie-Ange Boislard), des bois (Pierre Mendola) et des voix humaines (David Beaudin, Nadia Baldé, Arnaud Castonguay, Vincent Favreau et John Atkins).
Peu de musiciens montréalais peuvent témoigner à la fois d’une telle culture hip-hop, d’une solide éducation jazzistique et d’une propension réelle à l’orchestration. Peu de musiciens peuvent en réussir la rencontre en évitant les retards stylistiques et les méandres de l’académisme. Tout indique qu’ils ont été biberonnés à Robert Glasper, Kamasi Washington, Terrace Martin, Taylor McFerrin et, bien sûr, Kendrick Lamar, Fly-Lo et J Dilla, sans compter la musique de film et, pourquoi pas, la musique contemporaine de tradition classique.
Côté flow, ils sont plus Atlanta que Los Angeles, Chicago ou New York, ils sont plus Travis Scott et Playboi Carti que Kendrick Lamar, Vince Staples ou Common. Au confluent de l’ambient et du groove, plusieurs chants / rap au programme se prêtent à des tempos moyens ou lents, bien qu’assurés par un très bon jeu de batterie et portés par de riches harmonies jazz, R&B, néoclassiques, voilà un jazz de chambre atmosphérique, en symbiose avec le beatmaking hip-hop.
Les textes ne sont pas décoratifs, des états d’âme ont été recueillis depuis une paire d’années. Ce rap keb a de belles qualités phonétiques, révèle quelques trouvailles poétiques sans atteindre de cimes. On y traite de l’allégresse et de l’euphorie générée par un décollage heureux, de l’inévitable cohabitation de ces élans avec le doute, du changement, d’impératifs bouleversements, des évocations héroïques et autres aspirations. Laissons OGB MTL conclure : « Ces onze chansons forment une œuvre célébrant l’évolution constante, le renouvellement perpétuel, l’épanouissement quotidien. Tous les jours printemps. »