Comme Sam Pluta et Mario Diaz de Leon, Patrick Higgins fait partie d’une nouvelle génération de créateurs de musique contemporaine qui a été biberonnée autant aux œuvres crées par les compositeurs classiques qu’aux musiques rock, electronica et bruitistes. Il agit également en tant que réalisateur de disques en plus de jouer de la guitare électrique dans la formation de rock d’avant-garde Zs. TOCSIN, son nouvel album, nous présente trois de ses plus récentes compostions pour ensembles de musique de chambre.
Le disque s’ouvre avec QS3 qui, comme son titre l’indique, est le troisième quatuor à cordes de Higgins. Jouée par le réputé Mivos Quartet, cette œuvre en trois mouvements évoque les univers créés par des musiciens tels que Iannis Xenakis, Krzysztof Penderecki et Luigi Nono. Nous nous trouvons donc en plein post-sérialisme à l’européenne. Toutefois, d’autres influences se pointent le bout du nez, surtout dans les passages les plus tumultueux qui se rapprochent des musiques noise les plus caustiques.
L’œuvre qui donne son titre à l’album est encore plus fascinante. Il s’agit d’une création pour une formation atypique : deux violoncellistes (Mariel Roberts et Brian Snow) et l’excellente pianiste canadienne Vicky Chow jouant ici d’un instrument préparé. Higgins y déploie un éventail sonore extrêmement large puisqu’il y multiplie les ruptures de tons, ayant recours à des variations de tempo, de timbres et d’intensité.
Les deux pièces qui suivent sont de plus courte durée. Tout d’abord, Emptyset [0,0] est une composition pour huit instrumentistes exécutée par le Wet Ink Ensemble où Higgins s’aventure en terrain plus rythmique. Puis, en guise de conclusion, il nous offre un brillant arrangement pour quatuor à cordes de la dernière partie de l’Art de la Fugue de Jean-Sébastien Bach à laquelle est conférée une âpreté toute moderne.