Basé à Saint-Hyacinthe, William Jourdain attire de plus en plus l’attention des amateurs de musique électronique un peu partout sur le globe. Jusqu’à maintenant, ses albums ont été distribués par les disques Constellation (Montréal), Mille Plateaux (Francfort) et, maintenant, G89 (Santiago). Le succès de sa jeune carrière peut s’expliquer par la rigueur et l’originalité de sa démarche. En effet, le travail de ce bachelier en histoire de l’art est toujours le fruit d’une profonde réflexion, d’un désir de circonscrire la musique qu’il crée dans un contexte temporel et théorique plus vaste.
Le nouvel album de son projet Automatisme s’inspire des écrits du penseur Nicolas Bourriaud et, plus précisément, de son concept d’altermodernité qui, comme son nom l’indique, est une autre façon d’appréhender le monde dans lequel nous vivons. S’aventurant hors des sentiers balisés par l’art moderne, puis post-moderne, les créateurs d’aujourd’hui doivent tisser des nouveaux liens afin de rendre compte d’une époque plus planétaire que jamais.
Les cinq pièces que compte Terrain Reduction sont marquées par cette autre façon de concevoir la création artistique. Une tension jouissive anime la première pièce qui juxtapose tranquillité ambient et décharges sonores imprévisibles. Ensuite, la rythmique atypique du colossal deuxième morceau, le motif circulaire et dentelé du troisième, les hachures du quatrième puis les allers-retours du cinquième remettent brillamment en question la temporalité hyper-saturée qu’est la nôtre.
Au fil du temps, la musique de William Jourdain se singularise en devenant de moins en moins linéaire. On y reconnaît toujours des éléments d’ambient, de glitch ou de techno, mais elle évolue de façon à ne ressembler qu’à elle-même. À partir du 14 août, l’auditeur curieux pourra écouter l’album sur Bandcamp, mais les délicieuses dix-huit minutes du deuxième morceau seront exclusives à ceux qui auront la généreuse idée de s’abonner à la page Patreon du label G89 ou de se procurer le disque compact chez Fréquences Le Disquaire (où Jourdain travaille) dès maintenant.