Pays : Label : Genres et styles : americana / indie pop / pop / synth-pop Année :

Taylor Swift – The Tortured Poet Department: The Anthology

· par Alain Brunet

Vu l’immense pression populaire, l’idée est de devenir candidement swiftie sur le tard, soit au terme de cette écoute qui n’en finit plus de finir, écoute de l’album dont tout le monde parle depuis vendredi: The Tortured Poet Department : The Anthology, onzième album de Taylor Swift. On a beau faire des efforts candides, vraiment pas sûr d’y parvenir.

Certes, Tay Tay n’est pas seule au sommet de l’Everest pop pour rien, nous l’avions compris depuis un moment : elle est le miroir absolu de sa génération, blanche, rutilante, américaine. Elle est un modèle absolu pour celle qui suit: belle, autonome, riche, en pleine maîtrise de sa destinée. Talent de conquérante à n’en point douter. Propriétaire de ses moyens de production à l’échelon suprême. Capable de sa prodigieuse ingénierie publique. Autonome, féministe, tolérante et ouverte, pro-LGBTQ+,  enfin heureuse en amour avec un surdoué de la NFL. Somme toute relativement progressiste et porteuse d’espoir dans le contexte américain d’une véritable menace fasciste à l’horizon.

Artistiquement ? Tay Tay est le triomphe de l’auto-construction, de l’auto-fabrication, de la self-made pop superstar. C’est la conquête totale du public qui se satisfait pleinement du comfort food chansonnier, de  l’efficacité pop au détriment du risque créatif et de l’unicité esthétique. Le talent de la désormais milliardaire se trouve plutôt dans la rigoureuse productivité (entre les tournées mondiales et les matchs des Chiefs, l’usine sort 31 titres, rien de moins), dans la capacité de reproduire un style cool sans pour autant lui conférer un twang qui lui est propre.

Comme elle l’indique dans la chansons titre de cet album constitué de 31 titres, elle n’est (vraiment) pas Patti Smith. Parmi les surnoms qu’on lui colle, n’y a-t-il pas carrément The Music Industry ?

Pendant 2 heures et 2 minutes, donc, on assiste à un (autre) déploiement de pop générique, exercices de style supervisés par leur propre conceptrice. Voilà le judicieux mélange de pop intelligente concoctée aux côtés des réalisateurs Jack Antonoff (Bleachers) et Aaron Dessner (The National). Pop, americana, folk pop, synth pop, indie pop. Ben coudon.

Au grand plaisir des hipsters les plus assagis qui se joignent aux millions d’ados et jeunes adultes pâmés, Taylor Swift fait en 2024 de la musique des années 2000 et la régurgite aux générations plus jeunes pour ainsi produite une apparente unanimité où tout la majorité absolue semble s’y retrouver, de la midinette consentante à l’adulte bien-pensant. 

Oui, il y a  profusion de chansons efficacement construites, proprement produites par un judicieux name dropping de producteurs et enjolivée par un florilège d’invités : Post Malone, un des maîtres saucissiers de la pop, ou encore Florence Welch qui n’a pas non plus réécrit l’histoire à défaut de conquérir de vastes auditoires dans la foisonnante branchouille.

Oui, on se prend des accroches et encore des accroches. Des vers d’oreille squattent les pavillons auditifs, on se gave de tant d’évocations directes pour ne pas dire imitations. Prenez So Long London ou I Can Fix It et pensez un tantinet à l’amie de T-swizzle (a-t-on observé au Grammys), la grande Lana Del Rey qui, elle, a un véritable angle d’attaque. De la poésie chez Taylor ? Ouais… peut-être parfois mais, généralement, on y des façons de faire ruminées, digérées, dupliquées. Cela n’exclut pas les évocations de troubles amoureux passés dont se délectent les fans, on pense à Joe Alwyn dans So Long, London ou Matt Healy (The 1975) dans The Black Dog. 

On écoute, on écoute, encore et toujours cette indie pop /synth pop /americana devenue carrément pop pour le plus vaste marché, prisée par les millions et les millions de swifties qui ne sont pas prêts de freiner l’enrichissement hallucinant de leur impératrice, encore moins remettre en question son règne bien réel.

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