Si le titre Tapeo évoque chez vous les tapas de la cuisine ibérique, vous avez vu juste ! C’est dans un bar à tapas de Barcelone, adéquatement nommé… Tapeo, que le violoncelliste Cameron Crozman a eu non seulement l’idée, mais surtout l’envie de célébrer et imprimer dans sa mémoire les plaisirs émotionnels et gustatifs ressentis lors de son passage en Espagne.
Et puis, il y a aussi le fait que son violoncelle, daté de 1769, est attribué au luthier Joannes Guillami de Barcelone ! Les étoiles, ou plutôt les assiettes, étaient alignées pour la réalisation d’un album tout simple, mais empreint de sincérité, de chaleur, de lumière et d’amour de la vie.
Comme les tapas, si délicieux et variés, d’un sympathique troquet de la péninsule ibérique, Tapeo est une enfilade de petits plats colorés, goûteux et bienfaisants. Des classiques bien sûr, tels la Suite populaire espagnole de Falla, Estrellita de Ponce ou le Requiebros de Cassado. Mais aussi des relectures inspirantes de Ravel (Pièce en forme de Habañera et Alborada del Gracioso), voire trépidantes et même dantesques comme cette version à couper le souffle du célèbre Asturias d’Albeniz, dans un arrangement de Crozman lui-même ! Un violoncelle qui reprend de façon convaincante l’une des pièces pour guitare les plus virtuoses du répertoire, c’est à découvrir.
Crozman, ex-Révélation Radio-Canada, s’exprime dans des legato fluides et mouvants, ou encore dans des staccatos taillés au scalpel. La limpidité de ses phrases est égalée par le jeu net et attentif de Philip Chiu.
Un très bel album, qui fait du bien en répandant la beauté et les odeurs caressantes d’une Espagne de rêve.