Pour de nombreux mélomanes, Jeff Parker est avant tout le guitariste de Tortoise, fameuse formation post-rock basée à Chicago qui, depuis les années quatre-vingt-dix, s’amuse à brouiller les pistes en empruntant des éléments au jazz, au rock, au dub et à la musique électronique. C’est aussi un accompagnateur recherché dont des artistes aussi variés que Joshua Redman, Meshell Ndegeocello, Brian Blade ou Bill Callahan ont requis les services. Son parcours en solo est également fascinant.
Suite for Max Brown est le deuxième album qu’il enregistre en tant que leader pour le label International Anthem. Il fait suite au disque de 2016 The New Breed, sur lequel il rendait hommage à son père. Maintenant, c’est la figure de sa mère (la Max Brown du titre) qu’il veut saluer avec ce projet qui le voit porter plusieurs chapeaux. En plus de composer, produire et arranger l’album, il y joue de la guitare, du piano, des percussions, de la basse, du mbira et y manipule différents instruments électroniques : clavier Korg, échantillonneurs, cordes synthétiques… Quelques amis sont également conviés, notamment Paul Bryan, Makaya McCraven et Rob Mazurek.
Sur cette suite pour sa mère, Parker continue de mettre à l’avant-plan l’éclectisme impressionnant dont il a toujours fait preuve au sein de Tortoise. On y passe du hip-hop déconstruit des premiers morceaux à l’afro-funk réjouissant de Go Away; d’un interlude minimaliste digne de Steve Reich à des clins d’œil aux monstres sacrés du jazz que sont John Coltrane et Joe Henderson.
Bien que composé d’éléments aussi disparates, le tout s’emboîte avec fluidité. Jeff Parker fait partie de ces musiciens qui conjuguent avec bonheur le jazz au temps présent.