Rod Slaughter, bassiste, chanteur et auteur-compositeur de niveau supérieur de Winnipeg, s’est fait connaître à la fin du XXe siècle avec la formation réduite mais bruyamment mod Duotang, aux côtés du batteur Sean Allum. Il a ensuite poursuivi avec Novillero, un groupe qui faisait dans l’abondante ornementation orchestrale pop.
Avec Silver Clouds, Slaughter s’installe à mi-chemin entre les deux univers, accompagné de membres de Novillero et de Transonic. Vous obtenez de riches sonorités de guitares et de claviers, de solides harmonies vocales et beaucoup de bababas. L’anglophilie de Slaughter demeure intacte – la première chanson s’intitule Peter Sellers, la pochette est un hommage évident à celles des Stone Roses et de la première vague des shoegazers sur 4AD, et son inspiration reste la pop-rock ambitieuse des groupes comme les Kinks, The Jam et consorts.
Sur le plan des textes, on pourrait qualifier le style de Slaughter de poésie politique, mais pas dans le sens « protest songs », il s’agit plutôt d’une suite de récriminations montées en épingle. C’est un observateur fin et critique de la dynamique sociale, très habile à rapprocher le banal du crucial, le collectif du géopolitique, d’où les métaphores employées dans des chansons comme Five Year Plan et Maginot Line. Toutefois, contrairement à ce dernier point de référence historique, Silver Clouds n’est pas une chose que l’on peut simplement contourner et ignorer.