Dernières inspirations/Late Inspirations est le deuxième album des douze prévus dans cette intégrale des œuvres pour piano de Franz Schubert enregistrée par le pianiste et urgentologue québécois Mathieu Gaudet. On y retrouve la Sonate n° 3 en mi majeur D. 459, la Ungarische Melodie D. 817, puis le Drei Klavierstücke D. 946. Cet agencement représente bien le système choisi par Gaudet pour présenter son intégrale : une œuvre très populaire accompagnée d’autres moins connues du compositeur. Le fait que le répertoire de Schubert soit entièrement connu du pianiste transparaît certainement dans son interprétation : on perçoit à travers son jeu hautement précis et sa direction musicale toute la compréhension que l’interprète possède de l’œuvre du grand compositeur viennois. La virtuosité de Gaudet s’entend également à travers la capacité qu’il a d’incorporer une dose de vitalité intense aux tensions contenues dans le discours harmonique des pièces auxquelles il s’attarde. Lorsque ces tensions se résolvent, elles procurent à l’auditeur de véritables émotions d’apaisement. Le répertoire de Schubert, fidèle aux traditions de la première moitié du XIXe siècle à Vienne, en est rempli : l’auditeur peut donc se régaler sans cesse de ce jeu de tension et de détente. Finalement, la définition nette des différentes strates musicales résultant de l’enregistrement est un cadeau pour les fervents de l’analyse musicale, car on y perçoit clairement les basses des différentes œuvres de Schubert, qui sont bien souvent la clé nécessaire à la compréhension de son langage. La beauté de cet album laisse certainement présager que cette intégrale des œuvres pour piano de Schubert interprétée par Mathieu Gaudet sera un véritable trésor musical.
