Qui dit minimaliste et accrocheur n’écarte pas forcément la sophistication et la recherche. Aux premiers abords de possibles, on reconnaît une maîtrise du traitement sonore indissociable de genres savants tels l’électroacoustique et autres musiques électroniques « pour ne pas danser ». Mais vous pourrez certainement danser au son de ce duo montréalais, car sa musique est à l’orée de deux univers sonores contrastés.
D’un côté, on a des formes musicales pop plutôt convenues, dans lesquelles on reconnaît tant les accents rythmiques bien assis que des progressions harmoniques familières. De l’autre, on a un enrobage fort texturé qui colore les pièces d’une aura rêveuse. Les guitares et la boîte à rythme sont bien audibles, mais incrustés dans l’ambiance éthérée des synthétiseurs, des voix et de leurs multiples effets. D’ailleurs, la voix mérite d’être soulignée pour son utilisation timbrale. Que ce soit par les boucles d’échantillons ou par les ajouts de traitements comme le chorus et le délai, la voix s’écarte de son rôle de véhicule pour les textes et devient partie intégrante du tout. Dans ce contexte, la justesse des notes et la virtuosité deviennent des paramètres secondaires. On apprécie également la conception sonore, qui témoigne d’un réel travail de création en studio et qui parsème l’album de moments plus ouvertement expérimentaux.
La beauté d’un album comme possibles, c’est de proposer une musique qui accorde une importance égale à la recherche d’accroches et à la confection d’une texture envoûtante. Ainsi, si les vertèbres des morceaux sont toujours celles d’un pop/rock bien connu, le détail des arrangements et le travail en studio font pourtant basculer hors du réel.