Avec en moyenne un album par année depuis 2013, des EP et des cassettes par ci par là, le projet DIY de Paul Jacobs a démarré telle une bête furieuse de garage punk en solitaire pour ensuite évoluer, avec le temps, sur scène, en sorte d’orchestre psychédélique déglingué à sept musiciens. Sorti de la grotte de Mothland, Paul Jacobs est devenu l’un des génies du bidouillage lo-fi préférés de l’underground montréalais. Également membre du groupe post-punk DEVO-esque Pottery, l’artiste fait paraître son nouvel album Pink Dogs on the Green Grass sur le label indépendant montréalais Blow The Fuse (Jesuslesfilles, Les Breastfeeders, Ponctuation). En conservant son esprit indépendant et nonchalant, il crée tout un univers psychédélique décalé mais cohérent où l’on croirait entendre les Sgt. Pepper’s jammer avec les Velvet et CAN. Si certains albums de Paul avaient un côté très prenant et cérébral à la Thee Oh Sees (il suffit d’écouter son classique morceau de garage Waiting For The Grave), il se la joue ici plus serein et laid-back comme un Kurt Vile en train d’écrire un air folk dans son jardin en été (Day To Day) ou parfois plus déviant comme Sebastian Murphy des Viagra Boys (Dancing with the Devil). Derrière ce côté ludique, enjoué, presque parfois innocent, se cache des « compositions inspirées par des moments de vie non-désirés qui continuent de nous habiter » et qui semblent en fait avoir toujours hanté la discographie de Paul. Cet album est une véritable madeleine de Proust psychédélique où toute la magie de Paul, de ses dessins, de ses chansons et de ses amitiés, prend vie.
