Rendre la nuit légère comme le jour : c’est ce à quoi œuvre Jennifer Lee, alias TOKiMONSTA, sur son quatrième opus. Elle y poursuit sa traversée nocturne, entamée avec la Lune Rouge de 2017, sélectionnée aux Grammy 2019 dans la catégorie « Best Dance/Electronic Album ».
Artiste indépendante au parcours exceptionnel, de pianiste classique à beat maker autodidacte, recrue de Flying Lotus en 2010, elle a depuis collaboré avec une pléthore de grands noms du hip-hop, du R&B et de l’électro. C’est maintenant elle qui, de son étiquette Young Art Records, soutient des artistes moins connus. Elle laisse ici une fois de plus libre cours à son éminent talent de productrice et de conceptrice sonore, avec un souci du détail qui s’entend d’un bout à l’autre.
Oasis Nocturno se présente comme un panorama contrasté d’états musicaux et sentimentaux. D’abord sur les pièces instrumentales, telle que l’atmosphérique Up and Out, avec clavier et guitares noctambules, véritable petit bijou, ou encore l’électro minimale aux effluves orientaux de House of Dal. Puis des pièces où l’on retrouve des artistes invités : aux accents coquins (Get me Some), tendres (Phases) ou festifs, voire fêtards sur la dynamique Fried for the Night, beats profonds à l’appui. « Better alone », entend-on sur Come and go, chant de confiance et d’autonomie, entonné par le duo sororal VanJess, nous instillant force et dignité. Sur Higher Hopes, au piano gravissime, la voix pleine d’espoir de Rosehardt s’allie au groove et invite à panser nos plaies. On ne saurait rêver mieux pour clore cette odyssée que la gracile For my Eternal, Oh Dream my Treasure.