Amour fou est un album plein de raffinement, qui fait voyager à travers plus de 800 ans de musique parlant d’amour. Dans cette longue sélection d’œuvres vocales et instrumentales, Myriam Leblanc (soprano), l’ensemble Mirabilia (Grégoire Jeay, flûtes ; Antoine Malette-Chénier, harpes ; Mélisande Corriveau, viole de gambe, pardessus de viole) ainsi qu’Ellen Torrie (soprano et guitare baroque) parviennent à décrire l’amour dans ce qu’il a de plus complexe. Qu’il s’agisse de joie débordante, de séparation douloureuse ou de la découverte de sentiments naissants, chaque œuvre est interprétée avec délicatesse et grâce.
L’ensemble jouant sur des instruments d’époque, on retrouve bien sûr cette qualité sonore douce et chaleureuse, propre aux instruments anciens, ce qui est tout à fait approprié. On y retrouve ainsi une ambiance intime, qui rend propice le dialogue amoureux. On est surpris (positivement!) à l’écoute de chansons plus contemporaines, telles que Ne me quitte pas (Jacques Brel) ou encore Dis, quand reviendras-tu? (Barbara), elles aussi interprétées par ces mêmes instruments. À l’extrême opposé temporel de ces chansons, on retrouve Bele Doëtte, une œuvre datant du XIIIe siècle, presque a cappella. L’interprétation en est presque troublante, d’autant plus qu’elle clôt l’album.
On peut être certain, à l’écoute de cet album, de retrouver une autre performance éblouissante de la soprano Myriam Leblanc. Ici aussi, ses interprétations sont tout en nuances, en subtilité et en contrôle. Sur deux pistes, elle est jointe en duo par Ellen Torrie, dont le timbre de voix se marie parfaitement à celle de Myriam Leblanc. On en aurait aimé plus! L’ensemble Mirabilia se démarque également par ses accompagnements, et on apprécie tout particulièrement les quelques pistes uniquement instrumentales.
Amour fou se veut un panorama musical non chronologique, illustrant la source d’inspiration intemporelle qu’est l’amour, et réussit parfaitement bien.