Les champions japonais du folk prolétarien ont une excellente stratégie pour préserver les sons d’antan : les rafraîchir avec des styles puisés à l’extérieur, ce qui leur confère de la nouveauté et du flair tout en imposant une reconsidération rigoureuse des matériaux d’origine. Leur premier album, Echoes of Japan, sorti en 2019, a magnifiquement tenu cette promesse. Il s’agit avant tout de chansons de festival, cependant, et si Echoes se prête à une écoute enchanteresse en arrière-plan, son contenu méritait vraiment d’être vécu en temps réel à fort volume, et apprécié au sein d’une foule. Leur croisade mondiale pour conquérir les scènes et les pistes de danse ne reprendra pas avant 2022, alors en attendant, ils ont généreusement partagé un enregistrement d’un concert aux Pays-Bas fin 2019, juste avant la pandémie. Avec notamment une interprétation percutante de Tora Joe, qui figurera plus tard sur leur EP enregistré avec le groupe colombien Frente Cumbiero, sorti il y a un an, le livre de chansons des Minyo Crusaders est craquelé d’une esthétique brute, divagante, robuste. Même le langoureux boléro Yasugi Bushi nous revient avec plus de muscle. De quoi aiguiser l’appétit pour les spectacles à ne pas manquer en 2022.
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