Quelque part entre les sous-genres du rock s’en trouve un que j’aime nommer « odd » rock : une musique lourde et accrocheuse avec toujours quelque chose qui cloche! Melvins est, aux côtés de groupes comme The Residents et Cardiacs, emblématique de cette esthétique. Buzz Osborne et son orchestre reviennent en force avec un 32e album qui ne fait pas son âge.
La recette est facile à comprendre, les idées musicales sont relativement simples. Tous les morceaux sont entraînants et assez minimalistes dans leur structure. Mais il y a l’occasionnelle mesure en cinq temps pour venir un peu déstabiliser les choses, ainsi que les choix de notes un peu champ gauche. La voix de Buzz Osborne, qu’elle soit à l’avant-plan ou enfouie sous des couches de traitements, vient confirmer l’étrangeté permanente de la musique. Puis lorsqu’un motif de guitare se répète obstinément, une superposition d’effets vient dynamiser les choses et on tombe rapidement dans un territoire plus noise rock.
Il faut aussi souligner la touche d’humour, leitmotiv thématique des Melvins depuis toujours.
Tous ces ingrédients, le groupe les maîtrise parfaitement sur cet album tout de même varié. Entre l’écrasante complainte de 19 minutes qu’est Pain is Funny et la très courte et dissonante She’s Got Weird Arms, il y a tout un monde d’obliquité à découvrir sur Tarantula Heart.
Alors que Melvins vient de passer le cap des 40 années d’existence, le trio réaffirme sa place de choix dans le panthéon du rock expérimental. D’ailleurs, la critique se dirige même vers un consensus comme quoi Tarantula Heart pourrait être le meilleur opus depuis (A) Senile Animal, en 2006!