Tipatshimushtunan – qui signifie « Racontez-nous » en innu – est le premier album que j’entends de la part de Matiu. Bien sûr, j’avais entendu parler de lui à maintes reprises au cours des dernières années, notamment pour ses récentes nominations en tant qu’« Artiste autochtone de l’année » à l’ADISQ (2019, 2020 et 2021). Mon intérêt premier pour ce projet réside dans le fait que Louis-Jean Cormier a veillé à la réalisation, à la prise de son et au mixage de l’album. Il joue aussi de la guitare dans plusieurs pièces. J’étais curieux d’entendre ce que l’union de ces deux univers pouvait pondre. Le moins que l’on puisse dire c’est que j’ai été agréablement surpris, et ce dès ma première écoute.
D’entrée de jeu, il faut savoir que Matiu mélange le français et l’innu dans ses textes. Fier de ses racines, il représente à travers ses textes sa communauté et son passé. La quête identitaire autochtone est au cœur de son art. Constitué de neuf titres, l’album débute avec la chanson-titre, Tipatshimushtunan, une collaboration avec Allen Nabinacaboo du duo Violent Ground. Sur cette chanson rock, l’artiste relate l’histoire de son grand-père, qui a vécu dans des pensionnats autochtones. Le natif de Maliotenam, une communauté innue située sur la Côte-Nord du Québec, possède une voix rauque, puissante et riche en émotions. Ce premier titre donne le ton pour le reste du projet.
Vient ensuite Me semble que ça fait longtemps, où l’on entend très bien l’influence de Louis-Jean Cormier. Ses arrangements insufflent davantage d’énergie et d’émotions au projet, particulièrement à ce morceau. Le rythme et les propos de Matiu nous font rapidement penser aux Cowboys Fringants.
Tipatshimushtunan bénéficie de nombreux refrains accrocheurs et de chansons hautes en énergie. Matiu excelle dans les ballades plus tranquille et introspective comme Mom, 4 flasheurs et Hélicoptère. Ce sont ces trois titres qui m’ont fait aimer énormément ce projet. Sa voix se marie bigrement bien à la guitare de Louis-Jean Cormier, le résultat est intéressant. Cet album donne envie d’en apprendre plus sur l’histoire autochtone et d’entendre plus de musique des artistes issus de ces communautés. Chapeau à Matiu et à son équipe.