On caractérise souvent le génie précoce de Mozart par cette histoire : un jour, alors que le petit Wolfgang, âgé de trois ans, s’amusait sur le clavecin de sa grande sœur Maria Anna, son père Léopold, entendant les accords harmonieux que fiston en tirait, lui demanda « Que fais-tu? ». « Je cherche les notes qui s’aiment », lui répondit son fils. À partir de ce moment-là, Mozart entreprit, sous l’égide de son père, une éducation musicale qui l’amena à se produire dans plusieurs villes d’Europe. Partout où il passait, c’était un phénomène. S’il est admis que Mozart était un génie musical qui a composé parmi les plus belles pages de musique au cours dans sa jeune vie – il est mort à 35 ans –, peu de place est donnée à ses œuvres de jeunesse, notamment les œuvres vocales tirées de ses premiers opéras. C’est pour corriger cette perception que la soprano québécoise Marie-Eve Munger, entourée des musiciens de l’ensemble Les Boréades de Montréal, consacre son deuxième album au répertoire des œuvres lyriques de jeunesse du compositeur. Déjà dans ces airs, composés entre l’âge de dix et seize ans, on dénote les traits caractéristiques de Mozart : des lignes mélodiques instrumentales et vocales chantantes et légères; un traitement de l’harmonie et de l’orchestration aérien et complet, ainsi que des jeux de dynamique contrastants. L’esthétique générale reste cependant assez similaire. On n’est certes pas dans l’évolution dramatique des opéras ou singspiels plus tardifs de Mozart. Or, l’incarnation que Marie-Eve Munger donne à ces mélodies et personnages, de sa voix lumineuse, nous captive jusqu’à la dernière note.
![](https://panm360.com/wp-content/uploads/2022/09/Munger-Boreades-500x500.png)