La maturité des productions de Rebecca Delle Piane, 21 ans, impressionne. Après avoir exploré une techno cinématique avec l’EP Three Shelters For The Broken (2018), la compositrice démontre une fine compréhension des rouages de la techno hypnotique depuis l’EP Tension, sorti en octobre 2019. L’assurance gagnée lui permet d’aller chercher des sons plus affirmés, moins formatés et de se débarrasser des fioritures. Pas de « drop » tant attendu mais un jeu subtil d’ajout et de retrait d’éléments sonores. Avec Lode, l’Italienne peut se targuer de rivaliser avec des pairs bien plus expérimentés. Pour preuve, son dernier essai, soutenu par DVS1 ou Luke Slater, est sorti sur Symbolism, le label de l’Anglais Ben Sims, un des maitres du genre. Les cinq pistes étourdissent, la panoramisation du son joue des tours à l’esprit. Les sonorités dansent autour de nous autant qu’on danse avec elles. L’énergie est canalisée. Hypno ouvre un tunnel vers un espace-temps distinct qui se déploiera le temps de l’EP. Ça nourrit autant le corps que l’esprit. Le style de Rebecca Delle Piane goûte le sans concessions. Pas besoin de réinventer la roue, c’est du travail bien fait, dont la simplicité fait l’efficacité. Ce n’est pas un hasard si elle a déjà pu jouer aux côtés de Jeff Mills, cofondateur d’Underground Resistance et artiste incontournable de la deuxième vague de DJs techno de Détroit. En continuant sur cette voie, cette jeune pousse fera, sans aucun doute, parler d’elle dans les prochaines années.
