Kevin Johansen est bipolaire, au sens géographique du terme. Son père est américain de l’Alaska et sa mère est argentine. En 2012, il a d’ailleurs fait un disque intitulé Bi, dédié à ses parents et à leurs cultures respectives.
Quiero Mejor est la neuvième offrande discographique de Kevin Johansen. Il faut y ajouter trois albums en concert et de multiples collaborations avec d’autres artistes latino-américains. Kevin Johansen est un auteur-compositeur incontournable de l’Amérique latine du 21ᵉ siècle.
Il est né en Alaska, a grandi en Argentine, puis a passé une bonne partie de sa vingtaine à New-York, avant de se réinstaller pour de bon à Buenos Aires, au début de ce siècle.
Ce disque, que Johansen qualifie aussi de « Projet Feng Shui », du nom de l’art millénaire chinois pour harmoniser une habitation, est une longue berceuse en onze temps. Nous flottons sur des vagues de guitares réverbérées, avec la voix grave et apaisante du chanteur. C’est de la folk pop raffinée, à travers laquelle on découvre des traces homéopathiques de milonga, de bossanova, de folklore argentin. Des nappes occasionnelles de piano, de violon, d’accordéon, de percussions.
Quiero Mejor signifie « Je veux mieux », en opposition avec quiero mas, je veux plus. Un hymne à la simplicité volontaire, chanté très largement en espagnol. Comme toujours, Johansen parsème ses disques d’un peu d’anglais, sa langue paternelle. Cette fois-ci, l’album se termine par « Bien Sur », une chanson chantée à moitié en français. Kevin est un grand fan de Gainsbourg, qu’il a déjà chanté. « Bien Sur » est un jeu de mots, sur signifiant sud en espagnol. Voilà pourquoi il n’y a pas d’accent circonflexe sur le u. « Le sud, c’est mon nord » déclame l’auteur.
Sur « Puntos Equidistantes », la formidable chanteuse mexicaine Natalia Lafourcade l’accompagne. On entend aussi sur « Quiero Mejor » le quartette féministe flamenco Las Migas. « Amada Amante » est la seule chanson non-originale de l’album, il s’agit d’une relecture d’une pièce des auteurs brésiliens Roberto Carlos et Erasmo Carlos.
Après quatre écoutes, je découvre des tas de subtilités dans les arrangements. Kevin Johansen nous offre un oasis de calme subtil dans notre époque hautement agitée. Alors, disfrute, profitez!