Fidèle à sa thématique de prédilection, le producteur britannique Jon Hopkins propose dans son dernier album Ritual un véritable trip psychédélique .
Hopkins a toujours été très ouvert sur l’influence des substances psychoactives dans la musique électronique. Ses albums accompagnent des thérapies à la kétamine, rendent hommage aux champignons magiques ou à la MDMA. Tel un chaman moderne, Jon Hopkins nous guide à travers un rituel sonore méditatif, inspiré par la Dreamachine, un appareil stroboscopique qui déclenche des hallucinations visuelles lorsqu’on ferme les yeux.
Dans la lignée de Brian Eno, avec lequel il a collaboré sur la bande son du film Wild, Jon Hopkins poursuit son exploration des progressions hypnotiques. Tout comme le pionnier de l’ambient, Hopkins utilise la musique pour créer des paysages sonores qui invitent à la contemplation et à la méditation. Il se démarque cependant en y insufflant une énergie plus rythmique et un côté plus sombre.
A l’instar de certaines substances, la musique de Ritual déconstruit le temps et l’espace. Les nappes de synthé vaporeuses s’étirent et se transforment, les rythmes se dilatent et se contractent. Complexe tout en restant accessible, la composition de Hopkins parvient à circonscrire l’essence même de l’expérience psychédélique.
Si vous avez la chance de découvrir Ritual dans l’Habitat Sonore, la salle d’écoute audio spatiale du Centre PHI, l’album prend une toute autre dimension et devient une expérience immersive vraiment trippante.
L’obscurité est presque complète. On ferme les yeux. La musique se déploie progressivement et nous enveloppe de sons et de vibrations. On entre dans un état presque méditatif. Au loin, des voix de sirènes éthérées cherchent à nous envoûter pour nous entraîner dans l’immensité cosmique.
Tout à coup, le rythme s’accélère tel un battement de cœur, et nous voilà propulsés dans l’espace. Les sons se densifient. La tension monte. Les basses profondes et les fréquences aiguës s’entremêlent dans une symphonie tumultueuse, créant une sensation d’apesanteur et d’infini. C’est un voyage parfois contemplatif, parfois vertigineux, qui nous conduit avec une intensité croissante jusqu’au summum de l’ascension, un cérémonial triomphant dédié à la déesse du Soleil.
Au terme de ce périple cosmique, on redescend sur Terre. Les sonorités se font plus douces, les rythmes s’estompent. Un vieux piano égrène des accords familiers, tandis qu’un chat ronronne, paisiblement.
En écoute à Habitat Sonore / Centre PHI