Affinity, la première offre du saxophoniste Jeremy Leon, voit le jeune Montréalais affirmer sa place comme une nouvelle voix dans le monde du jazz moderne. Dès le numéro d’ouverture annonciateur, « The Coronation of Prince Dennis », Leon captive avec un ton ésotérique et grave qui rappelle les légendaires saxophonistes comme Coltrane, Brecker et Kenny Garrett. Et tandis que son ton rend hommage aux géants qui ont ouvert la voie, ses compositions révèlent une vision musicale plus large et un véritable talent pour l’arrangement.
Bien que parfois cryptiques dans leurs titres et difficiles dans leurs structures rythmiques, ces 8 compositions possèdent un attrait indéniable. L’auditeur est emmené dans un voyage à travers des paysages musicaux complexes qui demandent attention et engagement, et est récompensé par un sentiment satisfaisant de catharsis à la fin. Il y a également une belle variété dans les morceaux que Leon a proposés, et j’ai particulièrement aimé « Surrey », « Isaiah » et « To the Lighthouse », penchants vers des tonalités plus plaintives et soulful.
Le quintette composé d’Emmanuelle Sloutsker au piano, de Sam Lechasseur à la guitare, de Ben Boardman à la basse, de Paulo Max Riccardo à la batterie, sous la direction de Leon, navigue à travers ces labyrinthes sonores avec grâce et finesse, en maintenant toujours le feu suffisamment vif pour guider l’auditeur à travers l’obscurité. Certainement, la force de cet album réside finalement dans la synergie, ou l’affinité, qui existe entre chaque membre. Leon a manifestement constitué un groupe où la confiance et la communication sont prioritaires. Cela se ressent certainement, et le batteur Paulo Riccardo, en particulier, fait preuve d’un talent musical exquis dans sa dynamique et sa réactivité aux nombreux virages que prend le groupe. Félicitations à Jeremy d’avoir publié un disque qui montre non seulement une maîtrise technique déjà évidente mais aussi une volonté d’explorer, d’expérimenter et de savourer.