Depuis le pacte signé entre le diable et le guitariste Robert Johnson au début des années 1930, un ancien esprit vaudou en colère semble continuer de renaître pour faire parler de plus en plus de cœurs, génération après génération. Le nouvel album SKIN du groupe Ho99o9 ne peut évidemment pas échapper à cette malédiction venue des ancêtres. Ce duo, formé autour de theOGM et Eaddy, commence d’abord à travailler en 2012 au sein du collectif artistique NJstreetKLAN, sorte de réponse aux violences d’un autre clan qui venait sporadiquement hanter le New Jersey dans les années 20, 40, 60 et 80. Au vu des horreurs inimaginables perpétrées contre les communautés afro-américaines tout au long du XXe siècle, Ho99o9 nous invite à prendre la liberté de mettre en doute le discours des gros colons du Sud et leur maudite légende urbaine qui prétend que la pratique de la peine de mort permet de dissuader les hommes de commettre des actes criminels… Maintenant basé à Los Angeles, le Horror Death Kult du groupe démarre réellement en 2015 avec le sulfureux Dead Bodies in the Lake, un premier album qui vient rejoindre l’univers hanté, pervers et cruel de Death Grips, de clipping. et des films d’horreur du musicien Rob Zombie (House of 1000 Corpses). Le groupe renchérit en 2019 avec l’album Cyber Warfare, véritable déclaration de guerre contre les « techno dogs » et contre la surveillance (voire même l’autosurveillance) accrue dans laquelle le monde virtuel nous plonge. Cette déclaration de world war web est ensuite scellée en 2021 avec le collectif punk russe Pussy Riot sur leur collaboration Mind Yo Bizness. Poursuivant la recherche sur les mêmes thématiques, ce nouvel album SKIN, produit par le batteur Travis Barker (Blink-182), conserve la même formule efficace pour créer une bête hybride qui possède la folie punk hardcore de Bad Brains ou Black Flag, la noirceur industrielle de Nine Inch Nails et la plume de DMX ou Bone Thugs-N-Harmony. Même le dirty-rap de 6ix9ine ne paraît pas si sale à côté et fait réellement pâle figure face aux paroles tranchantes d’Ho99o9 : « Business first, pledge allegiance », « Dreams are made of burning pain », « She said my knife is too sharp, she said my clothes are too dark, she said I fuck like a dog », « Welcome to the afterlife where everything is upside down ». La vérité n’est pas toujours bonne à dire, mais ce nouvel album poignant réussit à nous la présenter sans détour et marque finalement au fer le revers de la médaille du rêve amériKain de l’époque Koloniale : celui du péché Kommis par les United States Of Horror.
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