Comme c’est étrange de marcher dans ce nouveau monde où personne ne perçoit son voisin. Chacun est bien seul, lorsque la solitude délivre une entité dans les ténèbres d’un souvenir prémonitoire. Si la vie n’est pas un problème à résoudre, l’expérience peut parfois la représenter sous la forme d’une énigme. Issu d’une rencontre qui ne s’est jamais produite, l’album Oceans of Time est le résultat d’une correspondance musicale enregistrée en 2021 entre Gloria de Oliveira, musicienne et artiste visuelle basée à Berlin, et Dean Hurley, un collaborateur de longue date de David Lynch basé à Los Angeles. Séparé par un océan mais réuni par une même vision stylistique et métaphysique, ce duo s’inspire des débuts du label 4AD et de la dream-pop éthérée, délicate et lumineuse de This Mortal Coil, pour reconstruire le puzzle d’une image dont le reflet s’est brisé dans le miroir du passé. Semblable au registre de Weyes Blood ou de Tess Roby, la poésie lyrique de Gloria de Oliveira dessine la passion mortelle d’une rose de fer qui découvre que certaines choses ne sont pas faites pour durer. Something to Behold décrit notamment le sentiment d’angoisse qui l’envahit en vivant loin de ses proches, tout en les voyant vieillir ou se mettre en danger. Dans la vérité de la perte, Oceans of Time délivre l’étrange secret d’un monde, hors de la réalité physique, où personne ne croit percevoir son voisin. Pourtant, chacun est-il réellement bien seul?
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