C’est durant les années 20 que le pianiste et compositeur américain George Antheil (1900-1959) partit s’installer en Allemagne, puis en France, pour y développer son indéniable potentiel créatif. À l’instar de plusieurs de ses compatriotes, il y fit la rencontre d’un bon nombre de créateurs, de penseurs et d’artistes de tout acabit. Très rapidement, Antheil se bâtit une réputation « d’enfant terrible » et créa autour de lui une aura de respect parmi les compositeurs en vogue à l’époque, dont Darius Milhaud, Erik Satie et, pour un temps, même le grand Stravinsky.
En 1933, voyant la montée du nazisme et la potentielle mise à l’index de ses œuvres, Antheil décida de retourner aux États-Unis. L’audace esthétique et avant-gardiste de sa musique dont il a fait preuve durant les années folles s’est peu à peu dissolu, laissant place à un langage résolument néo-classique. C’est de cette période dont il est question dans cet enregistrement contenant quelques-unes des nombreuses pièces pour orchestre du compositeur, qui fut, soit dit en passant, très prolifique.
Le Württembergische Philharmonie Reutlingen nous offre ici quatre œuvres, lourdement influencées à la fois par le groupe des Six, le Stravinsky des années 30, la musique rythmée américaine et le Chostakovitch des Suites pour orchestre de « Jazz ». Ce foisonnement d’influences, en apparence hétérogène, crée un résultat qui est loin d’être inintéressant, sans pour autant faire preuve d’une réelle originalité. Heureusement, l’inspiration musicale des membres de l’orchestre et de son chef, l’Américain Fawzi Haimor, insuffle à ces pièces une palette de couleurs et une vivacité sonore qui pourraient faire mentir les détracteurs qui pensent que George Antheil a gaspillé son véritable talent.