Pays : Norvège Label : House of Mythology Genres et styles : avant-pop / électronique / expérimental Année : 2020

Flowers Of Evil

· par Geneviève Gendreau

Le groupe légendaire au parcours singulier fait paraître un nouvel album, en même temps qu’un livre de plus de 300 pages relatant son parcours musical, Wolves Evolve : The Ulver Story. Ulver, signifiant « loups » en norvégien, formation protéiforme active depuis 1993, a d’abord offert trois albums de black metal, pour ensuite, avec grand talent et autant d’audace, toucher à une multitude de styles : néo-folk, jazz expérimental, trip-hop, ambient, drone, pour s’acheminer vers une pop dont on sent à l’évidence qu’elle provient d’autres territoires. Depuis quelques années, la meute alterne entre ces albums pop, que vient soutenir la voix voix limpide et pénétrante de Kristoffer « Garm » Rygg, et d’autres projets : bandes sonores et albums instrumentaux, tel l’excellent Drone Activity paru l’an dernier.

En dépit de leur polyvalence, leurs ambitions artistiques ne faiblissent en rien. Débusquer le sublime, non en plein jour, mais, selon le titre d’une des pièces de cet opus, « à l’heure du loup ». Aux dernières heures de la nuit, là où sublime et tragique se fondent. Flowers of Evil, dans la lignée esthétique du chef d’œuvre The Assassination of Julius Caesar (2017), est pétri de cet imposant dessein qu’ils réalisent chaque fois à partir de textures diverses.

Leur album, aux élans « années 80 », se décline telle une anthologie d’histoires personnelles, de drames humains, au traitement naturaliste. Passé maître dans l’art de lier la petite et la grande histoire, le groupe se révèle dans toute sa force grâce à un sens du récit hors pair. En résultent de magnifiques pièces, étoffées, graves et dansantes, où contemporanéité voisine références bibliques et historiques. Deux collaborations sur l’album : la guitare et l’électronique du vieil ami Christian Fennesz sur la pièce d’ouverture, One Last Dance, véritable manifeste hymnique. Little Boy, funk mélancolique, atteint une délicieuse saturation en fin de parcours, au sortir de laquelle surgissent les cornemuses de Michael J. York (Teleplasmiste). 

La puissance d’Ulver irradie bien au-delà de sa musique, jusqu’à composer une dense fresque mythique. À coup sûr en lice pour l’album de l’année.

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