Pays : États-Unis Label : American Modern Recordings Genres et styles : musique contemporaine Année : 2024

Exponential Ensemble – Matters of Time

· par Frédéric Cardin

C’est peut-être le retour des humains sur la Lune à brève échéance, ou la perspective de débarquer sur Mars d’ici peut-être 25 ans, mais le cosmos semble attirer l’attention des compositeurs récemment. La Moons Symphony d’Amanda Lee Falkenberg, sorte de suite logique des Planètes de Holst mais avec les lunes du système solaire (la nôtre, celles de Jupiter, de Saturne, etc. comme par exemple, Europe, Ganymède, Titan…), fait un tabac sur les réseaux sociaux, alors qu’un groupe de jazz de Vancouver a récemment proposé un album sur le thème du voyage interstellaire. Voici, sous étiquette American Modern Recordings un décollage inspirant réalisé par le Exponential Ensemble fondé à New York par le Québécois Pascal Archer et qui explore des recoins encore plus reculés de l’espace. En effet, Matters of Time s’aventure dans la corolle solaire et la matière noire à travers deux pièces étoffées. Ils reviennent sur Terre, cela dit, dans deux autres pièces on ne peut plus groundées : soit Times Square vide et silencieux pendant la pandémie, ainsi qu’un hommage à quatre grands scientifiques de l’histoire. Un programme varié, qui ose une certaine exigence d’écoute mais en récompensant celle-ci avec des constructions musicales intelligentes, sans être lourdement cérébrales. 

Dark Matter est fait d’évanescence texturale et d’abstraction tonale contemporaine, mais accrochées, en orbite, autour d’un discours et d’un propos clairs et expressifs. Malgré l’exigence d‘écoute attentive, on n’a pas affaire avec un cérébralisme théorique. La matière noire que Gilad Cohen nous propose de traverser est réelle et tangible, pas uniquement le résultat d’équations mathématiques et potentielles.

The Bright Exuberant Silence de Jared Miller est en effet exubérant. Étonamment, car on y évoque le célèbre Times Square vidé de sa présence humaine pendant la crise de la COVID 19. Il s’agit, vous l’aurez compris, d’un état d’esprit plutôt que d’un portrait descriptif. La pièce en trois mouvements aux timbres bien nervurés s’appuie sur un lyrisme évocateur qui combine abstraction et structure rythmique empruntée au minimalisme étatsunien. C’est particulièrement le cas du 1er mouvement, adéquatement intitulé Bright Electric. Dénudés de leur foule humaine, les lumières du plus fameux carrefour urbain au monde deviennent effectivement d’une plus éclatante intensité. Stylistiquement, on pense à Michael Torke et certaines parties de sa suite Color Music. Plus loin, l’impressionnisme de Ravel teinté de gestes à la Szymanowski, et passé par Takemitsu et la musique électro ambiante contemporaine, semblent tous faire partie des inspirations de Miller. Une très belle partition, actuelle mais pas sèchement cérébrale.

Les deux œuvres qui encadrent le programme sont aux antipodes l’une de l’autre. Crown of the Sun d’Amy Brandon évoque la couronne solaire qui a été visitée depuis quelques années par la sonde spatiale Parker. La NASA a profité de ce passage audacieux tout près de notre étoile afin d’enregistrer l’atmosphère de cette région extrême de notre voisinage extra terrestre. Brandon s’en est inspiré pour écrire une pièce adéquatement atonale, portée par une flûte suggestive d’étranges états planants et inquiétants. D’intenses saturations timbrales transmettent efficacement le type d’environnement totalement allogène dans lequel baignait la sonde scientifique.

La pièce finale, Relative Theory de Robert Paterson, est une suite en quatre mouvements dédiées à quatre grandes figures scientifiques de l’Histoire : Blaise Pascal, Albert Einstein, Emmy Noether et Pythagore. Il s’agit, musicalement parlant, d’un radical retour sur Terre, je dirais même aux ras des pâquerettes. Des mélodies pastorales, d’une grande simplicité mélodique qui ne détonneraient pas dans une série d’époque de la CBC (genre Anne aux pignons verts), en constituent le cœur battant. Une citation texto de la célèbre Cantate BWV 208 de Bach, Schafe konnen sicher weiden, est entendue dans le mouvement en hommage à Emmy Noether, mathématicienne allemande considérée comme un génie par Einstein. C’est très joli, mais le contraste inattendu avec le reste du programme laisse perplexe.

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