C’est en soufflant des bulles de savon trempées dans la chanson française des sixties, la bossa nova, le yéyé et l’indie pop que l’Anglo francophile Jill Barber nous propose un album d’été des plus savoureux. Gracieuse, taquine, sexy et féline, comme dans Chat domestique, un cha-cha-cha (chat va de soi), l’artiste se fait craquante avec son accent des plus mignons. Après Chansons, son bouquet de reprises francophones paru en 2011, qui faisait suite à un spectacle au Festival de Jazz de Montréal où le public avait été soufflé après une relecture en français de l’une de ses pièces, Jill Barber propose cette fois un opus de chansons originales écrites dans la langue de Birkin, euh, de Gainsbourg, en compagnie de sa coautrice, la Montréalaise Maia Davis, sauf pour le classique Suzanne. Un choix judicieusement paradoxal, puisqu’il s’agit d’une interprète féminine, de surcroît anglophone, dans une version française du géant montréalais Leonard Cohen.
À propos de cette « femme du monde en running shoes » (Ferland), on y retrouve aussi le savoureux duo Les étés de Montréal, en compagnie de l’excellent Yann Perreau. Un morceau qui rappelle que les étés montréalais, qui suivent les longs hivers emmitouflés, sont les plus beaux du monde… déconfiné. Entre éclats de soleil, moments psychédéliques à la Velvet Underground (Comme les fleurs) ou sanglots émouvants (Nos retrouvailles), Barber est probablement la plus belle revanche des descendants de la Nouvelle-France depuis la défaite de 1759 sur les plaines d’Abraham. Cheers!