Bienvenue ailleurs! Imaginez un morin khuur (une vièle traditionnelle de Mongolie) s’alliant à un piano classique, parfois jazz. Ajoutez le khuumii (chant diphonique mongol, associé au chant de gorge, mais différent) et vous avez un album improbable mais bien réel. Il s’appelle Nar, le soleil ardent qui brûle la steppe mongole (Die Sonne, c’est la traduction allemande). C’est aussi la lumière intérieure qui anime la vie et la passion.
Ils sont deux, un homme et une femme, mis ensemble par le plus heureux des hasards. Lui, c’est Mandaakhai Daansuren, né et élevé dans le désert de Gobi, en Mongolie. Elle, Susanna Tiertant, pianiste française aux études classiques impeccables qui enrichit son répertoire avec une insatiable curiosité et qui, du coup, enrichit également la musique traditionnelle non-européenne d’un surcroît de somptuosité. Au final : chacun des membres de ce vertueux dyptique s’étoffe d’un supplément d’âme.
Les mélodies jouées par Daansuren sont simples, mais bellement ornementées par Tiertant qui les pare ici de tissus romantiques opulents, ou là de quelques incartades harmoniques jazz séduisantes. Ailleurs, Daansuren s’accompagne au chant khuumi, qui crée un contraste surprenant mais pas antinomique avec le piano. Ces sonorités vocales râpeuses, étrangement attractives, ont le potentiel de faire un tabac dans le monde de la nouvelle musique!
Ok, quelques fois, ça fait un brin folklorisme touristique, comme ces jolies mélodies populaires chinoises arrangées par Lang Lang. Mais ce serait franchement faire preuve de mauvaise foi que de bouder le plaisir qu’apporte cette rencontre teintée de sincérité et juste ce qu’il faut d’audace pour que ça reste honnête. Naïf? Quelques fois, oui. Mais la plupart du temps irrésistible.