Dimensional Stardust du compositeur et trompettiste américain Rob Mazurek est un disque qui paraît simultanément sous deux étiquettes : Nonesuch (que les amateurs de jazz, de musique contemporaine et de sono mondiale connaissent depuis des décennies) et le tout jeune label International Anthem qui depuis sa naissance bouleverse le petit monde du jazz en nous présentant la musique de la très bouillonnante scène jazz de Chicago. En 2014, le tout premier album que proposait cette étiquette était Alternate Moon Cycles du vétéran Mazurek. Ce dernier est maintenant de retour avec un enregistrement mettant en vedette son Exploding Star Orchestra, un big band à géométrie variable qu’il dirige depuis nombre d’années.
Créateur iconoclaste s’il en fut, Mazurek brasse joyeusement les genres sur ce nouvel opus. En entendant les cordes qui jouent dès les premières mesures du disque, on croirait avoir affaire à une œuvre de musique classique moderne, mais le rythme dansant qui se met à accompagner ces cordes nous propulse aussitôt vers des zones encore inexplorées du cosmos. À mesure que l’on évolue au sein de ce kaléidoscope auditif, on peut admirer de scintillantes nébuleuses jazz, des quasars de musique contemporaine et de chatoyantes comètes électroniques. Tour à tour, on pense à Béla Bartók, Igor Stravinski, Gil Evans, Muhal Richard Abrams et, surtout, à son altesse cosmique Sun Ra et son fameux Space Is the Place auquel ce voyage aux confins de l’espace-temps nous ramène.
Pour mettre sur pied sa nouvelle mouture de l’Exploding Star Orchestra, Mazurek a convoqué la crème de la galaxie jazz chicagoane. Parmi tous ces explorateurs spatiaux, quelques-uns font des passages plus remarqués : le duo de cordes formé par Macie Stewart et Tomeka Reid, Damon Locks qui joue avec brio son rôle d’astro-narrateur exalté, le vibraphoniste Joel Ross qui tisse des constellations d’astres fluorescents et surtout la grande Nicole Mitchell dont la flûte fait office de fusée traversant avec grâce l’univers fascinant imaginé par le cerveau de Rob Mazurek, maître d’œuvre de cette impressionnante fantasmagorie.