L’amour au quotidien, les contacts fortuits, les bonheurs et les chagrins, l’expression du désir, les refuges de l’intimité, le confort du confinement malgré tout. Josiah Wise, alias Serpentwithfeet, y assume pleinement son identité homosexuelle et contribue à construire l’identité LGBT afro-américaine en ciselant cette onzaine de chansons pour la plupart magnifiques. Les antécédents gospel sont clairement repérables dans cette musique pourtant adaptée à l’instrumentation hybride de notre époque. Sa voix de fausset et de ténor léger sied parfaitement à son esthétique, assez exploratoire pour y conclure à une forte personnalité en réalisation, assez conviviale pour fédérer les amateurs de mélodies soul/gospel le moindrement ouverts aux avancées formelles de la pop culture. Hormis le chanteur lui-même, en soi distinct et original, les traits forts de cette production se trouvent dans le traitement des sons – on ne s’étonnera pas que Sampha soit l’un des artistes recrutés pour cet album, une équipe à la fois nord-américaine et britannique – Lil Silva, Take A Daytrip, Neo jessica Joshua, Denzel Baptiste, Batu Juhans, etc. L’usage des instruments acoustiques ou analogiques est circonspect,les percussions à la fois généreuses et délicates, les minces coulées de claviers et fréquences de synthèse, les superpositions de deux voix ou plus (souvent assorties de filtres) très inspirées, voilà autant de raisons de se délecter.
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