Deux heures du matin. Un bruit dans la maison vous a réveillé, mais vous n’arrivez pas à vous rendormir. Les pensées négatives se bousculent. Écouter un brin de musique vous ferait du bien. Nous vous recommandons Natten, la plus récente offrande du duo jazz danois Bremer McCoy. Pas parce que ce disque posséderait quelques propriétés soporifiques qui en feraient une trame sonore appropriée au décompte des moutons. Plutôt parce que les atmosphères sereines qu’il recèle sont tout indiquées pour la méditation nocturne et le repos de l’esprit. Natten – un mot danois qui signifie justement « nuit » – est le cinquième album que nous offrent le contrebassiste Jonathan Bremer et le claviériste Morten McCoy. Tout comme son prédécesseur, le remarquable Utopia datant de 2019, il est publié par les bons soins de Luaka Bop, étiquette fondée par David Byrne, ex-figure de proue des Talking Heads. Le duo ne s’y réinvente guère, mais continue de parfaire le son qu’il a méticuleusement développé depuis une décennie. La mixture bienfaisante que concocte le duo d’apothicaires sonores est composée de trois ingrédients principaux : des ondées de synthés ambient frôlant le new age, des mélodies qui ne dépareraient pas sur les disques néoclassiques en vogue depuis quelques années et le jazz éthéré mis de l’avant par Manfred Eicher et son écurie ECM (on pense à Paul Bley et à quelques albums que le quartette de Keith Jarrett a fait paraître dans les années soixante-dix). Pour des effets optimaux, nous vous conseillons l’usage d’une excellente chaîne stéréo ou d’un casque d’écoute qui vous permettraient d’apprécier le moindre détail de ces compositions fort subtiles. Le jeu de contrebasse souple de Bremer aurait gagné à être mis davantage en valeur dans le mix, mais cette musique organique qui coule de source fera néanmoins très bien son travail : celui d’apaiser vos méninges et de permettre à vos yeux de voir ce qui ne se décèle que dans la nuit.
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