Cette musique, ces chansons folk, ces fréquences indie rock, cette façon de phraser, ces voix solistes ou harmonisées, ce propos, cette américanité. Boygenius fait l’unanimité ce week-end, accède de toute évidence au peloton de tête indie pour le reste de l’année à tout le moins. Pour faire prendre la sauce d’un supergroupe de la sorte, c’est-à-dire tout droit sorti de la culture indie, il faut d’abord éviter le piège du concept en tant que tel. Il faut aussi être à la hauteur de cette charge au féminin, de par la nature même de cet alignement: 3 figures imposantes pour cette culture, Phoebe Bridgers, Julien Baker, Lucy Dacus, toutes âgées de 27 ans. Boygenius a tout pour passer en vitesse mainstream, car le moindre détail au programme a été digéré par quiconque est issu de la culture américaine et vit en Amérique du Nord. De Simon & Garfunkel à Sufjan Stevens (en mode folk pop) en passant par tout ces Dinosaur Jr du continent– incluant quelques clins d’œil en notre direction : Montréal comme destination d’un droit chemin dans une chanson, Leonard Cohen dans une autre, et peut-être pas dans les meilleurs termes. Sans le prétendre, Boygenius est une synthèse de ce que cette culture (de moins en moins) indépendante a produit de mieux. The Record, c’est l’éloquente maîtrise de ces formes, c’est l’exécution idéale de leurs conceptrices et interprètes qui en assument le classicisme – puisqu’elles ont été mises au point par les générations qui les précèdent. Or, la ferveur, la volupté et le talent en transcendent le conformisme apparent. Le propos en justifie également la pertinence, les préoccupations de cette génération y sont mises en poésie, on en ressent la sincérité. Ce n’est pas donné à tout le monde des stars de parvenir à un tel résultat.
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