Tête d’affiche de la nouvelle scène rap de Buffalo, reconnue pour son esthétique brute en phase avec le son de la côte Est des années 1990, Benny the Butcher présente son collectif Black Soprano Family sur cette première mixtape chapeautée par DJ Drama, l’un des producteurs clés de l’émergence du trap. Bref, deux époques se rencontrent, mais le mélange reste homogène : rythmiques crues, échantillonnage élémentaire et paroles tranchantes. Dans la pure tradition du mafioso rap, sous-genre rap new-yorkais qui louange la Cosa Nostra et ses modalités (le crime et le luxe, mais la loyauté et la fraternité avant tout), les cinq rappeurs montrent leurs forces sur huit chansons fougueuses qui, à défaut d’être toutes mémorables, incarnent une évidente complicité, notamment symbolisée par leur réappropriation des codes de la série culte américaine The Sopranos. Malgré le talent de ses quatre comparses (Ricky Hyde, Loveboat Luciano, Jonesy et Hemmer Da Steemer, qui tire tout particulièrement son épingle du jeu), Benny the Butcher vole la vedette à plusieurs reprises, notamment sur It’s Over et Grams in the Water, qui contient quelques perles comme « I put coke-white seats inside a lime-green Tesla ». Une entrée en matière qui vaut le détour, si vous aimez le rap cru bourré de références populaires et d’allusions en tous genres à la vente de drogue.
